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La plus récente - pour ne pas dire la dernière et vous donner de faux espoirs - la plus récente, disais-je, tempête de l'hiver qui vient de s'abattre sur la Province a plongé les villes et les campagnes dans une mer de tranquillité. Elle laisse derrière elle une page blanche sur laquelle pourrait s'écrire notre avenir. La beauté immaculée de la dernière - mais peut-être pas l'ultime - bordée de l'hiver révèle en effet un monde que je vous invite à lire.
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La plus récente - pour ne pas dire la dernière et vous donner de faux espoirs - la plus récente, disais-je, tempête de l'hiver qui vient de s'abattre sur la Province a plongé les villes et les campagnes dans une mer de tranquillité. Elle laisse derrière elle une page blanche sur laquelle pourrait s'écrire notre avenir.

La beauté immaculée de la dernière - mais peut-être pas l'ultime - bordée de l'hiver révèle en effet un monde que je vous invite à lire.

Observez les gens quand tombent les flocons. Ils ne sont plus les mêmes. La vie en blanc les rend différents. En tapissant la vie de doux cristaux de givre, la tempête couvre notre monde de calme et de sérénité. Les écoles ferment, les bureaux fonctionnent à vitesse réduite, les fonctionnaires restent chez eux, les parcs ressemblent à un dimanche, les enfants rient, crient, se roulent dans la poudreuse, se lancent des boules de neige, les autos roulent au ralenti, même les autoroutes ont un air de vacances.

Quand ils ne se plaignent pas du temps qu'il fait, les adultes se remémorent les jours de classes qu'ils manquaient autrefois. Ils regardent par la fenêtre au lieu de remplir leurs dossiers. Ils sirotent leur café au lieu de se précipiter en réunion. Certains vont même jusqu'à aider leurs prochains en poussant leur auto ou en leur donnant un coup de main pour pelleter leur entrée (si si, ça s'est vu).

Pour un peu, on pourrait croire que la paix dans le monde est possible.

Mais arrêtez de rêver et observez maintenant ce jeune homme qui promène son chien. Il ne ramassera pas la crotte de son bâtard, en imaginant que la neige camouflera son méfait. Et cette dame qui jette son mégot dans le tas de neige devant l'épicerie. Elle est certaine que sous le blanc, son mégot s'évaporera avec le printemps. Tenez, là, cet automobiliste qui jette son bidon de liquide lave-glace dans un banc de neige. Il est convaincu que personne ne l'a vu, qu'une fois son bidon enfoui sous 30 cm de poudreuse, il disparaîtra comme par magie. Et là, encore une petite dame qui ne ramasse pas le sac de plastique qu'elle vient d'échapper. À quoi bon, le sac s'est déjà envolé avec les flocons.

Quand la neige tombe, les gens changent. Le monde est trop blanc pour eux, trop propre, trop lisse. Dès que la neige aura disparu avec les premières lueurs du printemps qu'on avait cru déjà présent, quand le caca du bâtard aura fondu, quand le mégot gris, gras et glissant restera seul sur le trottoir, quand le vieux bidon tout sale trônera entre les rhododendrons, quand le sac de plastique aura fini de s'emmêler dans les bourgeons chétifs d'un rosier, rappelez-vous ces gens qui pensaient cacher la laideur de notre monde sous un tapis de neige.

Car sous la neige, se cache aussi la véritable nature humaine.

Dans les rues de Montréal

La dernière tempête de neige de l'hiver?

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