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Iran: la vague reviendra plus forte 

Le printemps perse et le changement de régime voulu par le peuple iranien sont une question de temps.
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La révolte populaire qui a fait trembler la terre sous les pieds des manifestants iraniens exprimait une colère et un désespoir généralisé par 39 ans d'un pouvoir théocratique, une des pires dictatures du 21e siècle.

Les manifestations se sont répandues aussi vite qu'une traînée de poudre à travers le pays et le régime du Guide suprême Ali Khamenei s'est senti sérieusement menacé. Le sursaut citoyen s'est manifesté dans quelque 140 villes avec une radicalité rarement observée. Les slogans entendus le premier jour à Machhad, deuxième ville du pays, contre la vie chère et le désastre économique des mollahs, se sont rapidement transformés en appels au renversement du régime dans son ensemble. Les manifestants rejetant dos à dos conservateurs et « réformistes ».

La réaction du régime

La répression qui a suivi continue de faire des victimes. « Plutôt que de répondre aux réclamations légitimes de son peuple, le gouvernement iranien a une fois de plus réagi de façon disproportionnée aux manifestations », a déploré la Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH) dans un communiqué. « Étant donné l'échelle alarmante de la vague d'arrestation actuelle, il est fort probable que de nombreux détenus soient des manifestants pacifiques qui sont emprisonnés arbitrairement et qui se trouvent maintenant en prison, où leurs conditions de vie sont pitoyables et la torture est un moyen commun pour obtenir des aveux et punir les dissidents, » a alerté de son côté Amnesty International.

Le nombre des tués par balles a fait plus de cinquante victimes, alors qu'au moins dix manifestants sont décédés ces derniers jours dans les prisons iraniennes a rapporté un communiqué du Conseil national de la Résistance iranienne. Seyed Shahab Abtahi, Hossein Qaderi, Sarou Ghahremani, Kianoush Zandi, Vahid Hedari, Mohsen Adéli, Sina Ghambari, Ali Pouladi, Mohammad Nassiri et Aria Rouzbéhi sont morts des tortures et conditions insupportables du système carcéral islamiste.

Le 20 janvier, les sbires du Ministère des Renseignements ont remis à sa famille le corps de Gholam Reza Mohammadi, un jeune athlète arrêté le 2 janvier dernier après avoir pris part aux manifestations. Malgré l'interdiction faite à sa famille d'organiser des funérailles, une foule immense a rendu hommage à ce fils du peuple aimé de sa communauté.

Inquiétudes pour les prisonniers

Des milliers de manifestants sont toujours derrière les barreaux et certains ont déjà été inculpés de « moharebeh » (en guerre contre Dieu), passibles de la peine de mort. Plusieurs jeunes sont portés disparus et leurs familles restent sans nouvelles. Celles-ci sont devant la sinistre prison d'Evine à Téhéran et en province pour réclamer la libération de leurs enfants et proches.

Des groupes d'universitaires, d'artistes, de juristes, d'intellectuelles, de militants de la société civile et d'associations de femmes ont appelé à une solidarité internationale et demandé aux Nations-Unis de faire pression sur le régime pour freiner ses exactions.

Les appels pour la libération des prisonniers se font de plus en plus pressants. Des groupes d'universitaires, d'artistes, de juristes, d'intellectuelles, de militants de la société civile et d'associations de femmes ont appelé à une solidarité internationale et demandé aux Nations-Unis de faire pression sur le régime pour freiner ses exactions.

Intervenant le 24 janvier à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) à Strasbourg, Maryam Radjavi, présidente du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), a déploré l'inaction de la communauté internationale et a appelé à « la formation d'une commission d'enquête internationale pour enquêter sur les disparitions de manifestants iraniens et ceux assassinés dans les prisons. Le régime doit être obligé de permettre à cette délégation de visiter les prisons en Iran et de parler aux détenus et à leurs familles ».

La réaction du Canada a été jusqu'ici plus que discrète.

La réaction du Canada a été jusqu'ici plus que discrète. Cela compromet ses engagements et principes fondamentaux, y compris les Conventions relatives aux droits de l'homme. Exprimer des inquiétudes ne suffit pas. Le silence envoie le mauvais signal à la dictature qui sévit en Iran. Il faut dénoncer un régime qui détient le palmarès mondial du nombre d'exécutions par habitant, restreint l'accès à l'information et bloque l'Internet, bafoue les droits des femmes et des minorités, emprisonne les journalistes et blogueurs et sanctionne par la torture toute opposition démocratique.

Un régime en fin de course

Un théoricien du régime, Saïd Hajarian, a bien formulé le danger qui menace le pouvoir iranien : « Les protestations reculent telles les vagues des océans, pour revenir avec plus d'intensité ».

Il y a une certitude sur laquelle tous les observateurs s'entendent : la société iranienne n'est plus ce qu'elle était avant le 28 décembre. Une crise profonde traverse le système dont il n'en sortira pas indemne. Les causes de la révolte demeurent : l'emprise de l'armée des pasdaran qui étouffe la vie politique et économique du pays, gangrénée par la corruption et le militarisme effréné. Le principe du « Guide suprême religieux » verrouille l'évolution de la société iranienne et gaspille ses immenses ressources humaines et matérielles.

Le régime n'a plus de légitimité et le discrédit de sa structure théocratique est total. Il s'est révélé irréformable, le « réformisme » iranien se réduisant à un rôle de soupape pour le maintien d'un système archaïque. Le printemps perse et le changement de régime voulu par le peuple iranien sont une question de temps. Dans ce contexte, le soutien des démocrates du monde entier est indispensable. Mobilisons-nous pour la libération des prisonniers politiques et contre les exécutions arbitraires en Iran.

Avril 2018

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