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Société pro-choix : aussi pour les hommes ?

Je viens de visualiser uneavec l'auteure d'un essai intituléune nommée Mary Plard, avocate familialiste s'il vous plaît, et je suis d'accord avec elle. Incroyable.
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C'est rare, pour ne pas dire exceptionnel, que je tombe d'accord avec une féministe. Et quand, en plus, ladite féministe se double d'une juriste, c'est encore plus rare. Il faut croire que tout arrive. Je viens de visualiser une interview avec l'auteure d'un essai intitulé Paternités imposées, une nommée Mary Plard, avocate familialiste s'il vous plaît, et je suis d'accord avec elle. Incroyable.

Comment pourrais-je ne pas l'être ? Plard affirme que les hommes ne disposent pas des mêmes droits que les femmes devant une grossesse non désirée, l'évidence même. Dans les faits, ceci implique que, quand une génitrice potentielle ne veut pas de l'enfant, elle avorte, que ça plaise au géniteur ou non. Dans un autre cas de figure, si celui-ci ne veut pas de l'enfant, et que la génitrice le veut, elle, le géniteur potentiel subit et devient géniteur effectif. Pourquoi en est-il encore ainsi au 21e siècle ?

Bien sûr, il existe des cas où un homme impose à une femme sans ressort une paternité ou un avortement, mais reste que, légalement, c'est la femme qui tient le gros bout du bâton. Pourquoi, dans une société où le concept de l'égalité homme femme finira un jour par devenir un hymne national, devons-nous accepter sans broncher une inégalité de droits aussi flagrante ? C'est inadmissible.

Parce qu'au nom du droit de la femme à disposer de son corps, avoir un enfant ou pas, pour celle-ci, relève du choix. Pour un homme, avoir un enfant ou pas relève de l'arbitraire, qu'il s'agisse de chance ou de fatalité. Bien sûr, il arrive qu'il n'en veuille pas, et que la génitrice non plus, alors tout va bien, le couple renonce. Il arrive également, et c'est heureux, qu'il le désire et que la future maman aussi. Mais tout dépend tout de même de la femme, et du projet de vie à deux - ou à plus - qu'ils ont prévu, ou pas.

Le grand chantage...

Qui ne connaît pas un homme qui s'est fait faire un enfant dans le dos, pour emprunter une expression consacrée? La femme qui lui joue ce tour pendable, soit en « oubliant » de prendre la pilule, soit en récupérant le sperme d'un condom utilisé ou par tout autre moyen aussi pernicieux, sait très bien qu'elle a la loi pour elle et que l'homme devra tôt ou tard « faire face à ses responsabilités ».

Et ce, même quand il est clair qu'il aura été carrément manipulé. Le juge en profitera pour sermonner la fautive, lui donnera quelques petites tapes de convenance sur les doigts, et cette dernière, les yeux baissés, jurera, d'un mince filet de voix, qu'elle ne recommencera plus jamais, bien entendu...

Pour éviter les robes noires, l'homme piégé se verra contraint dans certains cas de rester avec une femme dont il commençait justement à se détacher, ou dont il ne voulait carrément plus, piégé à la fois comme père et comme conjoint malgré lui. Ou alors il osera se séparer et devra éventuellement payer une pension alimentaire pour l'enfant, à laquelle pourrait s'ajouter une autre pour la mère, si les parents étaient mariés. Trouvez-moi une femme soumise à pareil chantage ?

Beau contexte pour refaire sa vie quand on sait qu'au Québec féministe, le revenu d'une éventuelle nouvelle conjointe peut être mis à contribution lors d'une révision à la hausse de la pension de madame l'ex, et que les allocations familiales peuvent atterrir dans le compte de la nouvelle partenaire de vie de l'homme, ce dernier étant jugé de facto inapte à administrer l'argent de sa progéniture en raison de son sexe.

Le libre choix sans balises...

Personnellement, je suis pro-choix. Mais pas mur à mur. J'estime qu'il existe des différences fondamentales entre un embryon, un fœtus et un enfant à naître. La gravité du geste à poser augmente avec le temps et la condition. Or, selon de code criminel canadien, un enfant est reconnu comme tel seulement à partir du moment où il est complètement sorti du ventre de sa mère. Vingt-quatre heures avant, ce n'est toujours pas un enfant. Cherchez l'erreur... ou l'enfant.

Le Barreau du Québec s'oppose par ailleurs à toute révision de cet état de fait, et cite le Code criminel canadien : « Actuellement, l'article 223 stipule qu'un enfant ne devient un être humain que lorsqu'il est complètement sorti, vivant, du ventre de sa mère. » Je vous l'avais dit...

Le contribuable a défrayé le coût de 26 248 avortements en 2011 dans la province et de 64 641 autres dans le reste du pays en 2010, dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles. Je reste par ailleurs sidéré du taux québécois d'avortements par 100 naissances, passé de 7,3 en 1976 à 27,3 en 2011, ce qui signifie que plus d'une grossesse sur cinq finit par une IVG. Existerait-il un vaste de complot de désinformation sur la contraception ?

Je réprouve les avortements tardifs - sauf si la vie de la génitrice est en danger - et tout autant les avortements sélectifs, que l'on favorise la naissance de garçons, comme en Chine ou aux Indes, ou que l'on privilégie celle des filles, dans l'éventualité où ce serait déjà le cas chez certaines personnes misandres ou idéologiquement dérangées bien de chez nous, ou d'ailleurs en Occident.

Le Canada fait partie des trois seuls pays dits civilisés à n'avoir qu'un vide juridique pour seule loi régissant l'IVG. Que la situation plaise ou pas, c'est ça qui est ça. En me fondant sur ce contexte si particulier, je ne vois pas pourquoi le droit de refuser une parentalité ne devrait pas être le même pour les géniteurs potentiels que pour leurs contreparties féminines.

Si l'on prétend vivre dans une société égalitaire, bien sûr.

L'histoire de Paul

À l'appui de sa défense du droit des hommes à refuser une paternité, Mary Plard, citée dans Libération raconte l'histoire de Paul : « L'homme est quinqua, marié, père de grands enfants. Lors d'un déplacement, il croise Barbara, 44 ans, célibataire. Quelques semaines plus tard, Barbara annonce à Paul qu'elle est enceinte de lui, elle qui n'a pas eu d'enfants. Qu'elle le garde.

Paul cherche des réponses, juridiques, et n'en trouve pas. «Sur le terrain de la conception, les hommes ont aujourd'hui moins de droits que les femmes, constate Mary. Ils doivent juste se taire. C'est normal, ça, en 2013 ?» Et voilà comment Paul a réveillé son féminisme, qu'elle définit tout simplement comme «une recherche d'égalité, et pas une surpuissance de la femme».

Il ne s'est pas protégé ? Soit. Mais qui des filles qui avortent ? Leur reproche-t-on, à elles, de n'avoir pas utilisé un préservatif ? Si Paul est un salaud, les femmes qui avortent, alors, sont des salopes ? »

Troublante question, n'est-il pas, trahissant un double standard étatique et social. Une juriste féministe le dénonce. Sans doute aura-t-elle plus de chances d'être entendue que les habituels défenseurs de la cause des hommes...

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