Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Vers un féminisme d'État dépoussiéré avec la Charte?

Parmi les avantages collatéraux du débat entourant la charte, une remise en question salutaire d'un féminisme d'État sclérosé n'aura pas été une mince surprise. Il y a déjà des années que le Conseil du statut de la femme (CSF) et la Fédération des femmes du Québec (FFQ) se trouvent emmurés dans un discours victimaire dépassé et infantilisant pour les femmes, tout en s'affichant comme leur unique planche de salut.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Il est faux de prétendre que le projet de Charte des valeurs du Parti québécois a suscité des divisions au Québec. Ces divergences avaient déjà éclaté au grand jour au lendemain de l'épisode des normes de vie d'Hérouxville en 2007, suivi de celui de la commission Bouchard-Taylor, dont les conclusions semblaient décidées d'avance.

Devant l'inertie du gouvernement précédent, incapable même de trancher sur son timide projet de loi 94 proscrivant le port de la burqa ou du niqab dans l'espace public, les tensions entre militants de la laïcité, défenseurs de cette absurdité appelée laïcité ouverte et citoyens penchant majoritairement vers le premier camp et plus modestement vers le second, ont continué de s'exacerber.

Comment les détracteurs de la Charte et du PQ peuvent-ils à la fois accuser ce dernier d'opportunisme politique et de s'intéresser à une question qui ne préoccupe personne ? Si les citoyens étaient indifférents à la problématique de la laïcité, il n'y aurait aucun opportunisme à vouloir leur vendre une charte balisant enfin le sujet épineux des accommodements religieux. Le PQ, avec son projet, aura enfin réussi à commencer à crever un abcès sociétal et à susciter un débat sans cesse remis aux calendes grecques. Il était temps !

Un féminisme d'État - enfin - remis en question

Parmi les avantages collatéraux du débat entourant la charte, une remise en question salutaire d'un féminisme d'État sclérosé n'aura pas été une mince surprise. Oublions ici les pitreries des pseudos féministes topless appelés Femes affichant leurs... positions contre le crucifix à l'Assemblée nationale.

Il y a déjà des années que le Conseil du statut de la femme (CSF) et la Fédération des femmes du Québec (FFQ) se trouvent emmurés dans un discours victimaire dépassé et infantilisant pour les femmes, tout en s'affichant comme leur unique planche de salut. Pendant ce temps, la gent féminine, de plus en plus autonome et sûre de ses moyens, ne se reconnait plus en ces militantes déphasées et passéistes, qui ne semblent plus avoir à cœur que leur propre survie et le maintien de leurs subsides étatiques.

Une remise en question des ces organismes s'imposait depuis belle lurette, et s'impose toujours. Déjà lors de l'arrivée en 2008 de Christiane Pelchat, aussi maladroite qu'emportée, à la présidence du CSF, des personnalités telles que Lise Ravary, alors rédactrice en chef à Châtelaine, et Diane Lemieux, elle-même ancienne présidente péquiste du Conseil, s'étaient prononcées en faveur de l'abolition pure et simple de cet organisme.

Malgré ses défauts, Mme Pelchat s'était positionnée contre Lola, cette femme qui, soutenue par la juriste Anne-France Goldwater, a bien failli marier de force 1,2 million de Québécois vivant en union libre en revendiquant sans l'obtenir le paiement d'une pension aux ex-conjointes.

L'ancienne présidente du CSF devait également se prononcer contre le port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique, position courageuse qui, non seulement détonnait de l'à-plat-ventrisme de la FFQ, assujettie à un Québec solidaire « tolérant » envers l'islamisme, mais l'opposait à la mollesse du PLQ, désireux de ménager son électorat issu des communautés ethniques. Résultat : avant même la fin de son mandat, Chrisitane Pelchat se voyait offrir un aller simple vers le Mexique où elle devenait déléguée générale du Québec.

Son remplacement par Julie Miville-Dechêne allait faire reculer le Conseil du statut de la femme sur Lola, dont la nouvelle présidente semblait dorénavant approuver le positionnement et, comme nous l'avons constaté récemment, sur l'interdiction des signes religieux visibles dans la fonction publique. Les liens existant entre l'ancienne ministre de la Condition féminine et la présidente qu'elle avait nommée quand son parti était au pouvoir ne représentent plus de mystère pour personne et il est clair que JMD a été téléguidée dans sa désastreuse sortie médiatique.

L'actuelle présidente du CSF s'est vue remise à sa place par Pauline Marois, qui lui a rappelé l'évidence légale et protocolaire que le Conseil du statut de la femme n'est pas, comme elle se l'imaginait, indépendant, et qu'il relevait de la ministre de tutelle même qu'elle avait attaquée publiquement. Même Mme Pelchat n'est jamais parvenue à pareil sommet dans la balourdise...

Laila Lesbet, contestée au CSF, déjà exclue à la FFQ...

Alors que le CSF tente laborieusement de recoller les morceaux de l'incurie de sa présidente et d'afficher un semblant d'unité la liant désormais aux quatre nouvelles venues qu'elle avait désavoué et qui lui ont bien rendu, un autre psychodrame idéologique vient d'éclater avec la naissance d'un nouveau groupe féministe, Pour les droits des femmes (PDF), qui dénonce sans ambiguïté et non sans motif l'égarement de la FFQ sur la question des signes religieux.

Déjà enregistré comme organisme sans but lucratif, PDF prône l'interdiction du voile intégral en tout lieu et regroupe déjà des féministes de plusieurs milieux. L'anthropologue Luce Cloutier en sera la porte-parole. Aux yeux du nouvel organisme, la position de la FFQ sur le voile islamique est antiféministe ! Il était temps que quelqu'un le leur fasse savoir...

On pouvait lire à ce propos dans Le Devoir : « Il y a un contrepoids à faire par rapport à la Fédération des femmes du Québec », explique Louise Beaudoin (...) qui disait « regretter ses positions ». « Le mouvement féministe est tombé dans la défense de droits individuels plutôt que collectifs. » La FFQ comme dirigée par Alexa Conradi, et Françoise David avant elle, défend davantage les droits économiques des femmes au détriment « de la dimension collective du féminisme », poursuit-elle. C'est ainsi qu'on en vient à dire « Pauvre Fatima, on l'oblige à enlever son voile » pour garder son emploi, et on ne voit pas que ce voile perpétue une vision de la femme « qui n'est plus dans l'égalité », ajoutait Louise Beaudoin. »

Étonnamment, Laila Lesbet, l'une des quatre nouvelles venues dont JMD contestait les nominations au sein de son organisme, avait déjà été muselée lors d'une activité de la FFQ visant à déterminer les orientations politiques du regroupement pour les vingt prochaines années. Elle et une autre militante qui s'étaient prononcées contre le voile islamique avaient été exclues au prétexte qu'elles avaient « un comportement problématique »...

Une ancienne présidente dissidente...

Il n'est pas jusqu'à Vivian Barbot, ancienne présidente de la FFQ de 2001 à 2003, à s'être dissociée publiquement de ce regroupement dont elle dit constater le « lent déclin ». Elle désapprouve l'opposition de la FFQ à l'interdiction du port de symboles religieux ostentatoires dans la fonction publique.

En entrevue au Devoir, elle n'a pas hésité à dénoncer les positions de la FFQ : « Ça tourne toujours autour de la pauvreté, la pauvreté et la pauvreté » (...) Cette idée qu'elles (les femmes musulmanes) doivent absolument rester voilées sous prétexte qu'on va autrement les garder dans la pauvreté présuppose que toutes les femmes immigrantes sont pauvres, que toutes les femmes voilées sont ostracisées, que toutes les femmes noires sont discriminées. C'est un peu court comme réflexion. Je ne suis pas d'accord du tout. »

Toujours dans le Devoir : « Mme Barbot adresse à la FFQ la même critique que PDF, soit celle de faire du « clientélisme » et d'essayer de faire plaisir à chaque groupe communautaire plutôt que de développer une « vision beaucoup plus large » des enjeux féministes. »

Le véritable complot patriarcal

Par ce dernier constat, Vivian Barbot énonce un enjeu crucial pour le féminisme - véritablement - militant : tôt ou tard, il faudra choisir entre l'approche corporatiste de ce mouvement - de plus en plus sclérosé et jaloux de ses prérogatives - et une identification sans complaisance de la menace la plus évidente pour les femmes occidentales, soit la montée de l'intégrisme religieux et, pour ne pas le nommer, de l'islam politique.

Bien davantage que la lutte acharnée que ces militantes livrent injustement aux groupes de pères revendiquant l'égalité parentale, ce positionnement sans complaisance contre l'islam politique aurait enfin pour effet d'identifier clairement le complot patriarcal qu'elles disent voir partout, sauf quand il se prépare sous leurs yeux éteints. S'il existe un enjeu crucial qui devrait mobiliser les féministes occidentales, c'est définitivement celui-là !

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

1. Islande

Les meilleurs et les pires pays pour les femmes selon le Forum économique Mondial

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.