Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La fin du Londonistan?

Le premier ministre britannique David Cameron a demandé à ses services de sécurité d'examiner les activités, et éventuels liens au terrorisme des Frères musulmans. Leur présence grandissante à Londres est préoccupante.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Le premier ministre britannique David Cameron a demandé à ses services de sécurité d'examiner les activités, et éventuels liens au terrorisme des Frères musulmans. Alors que certains avancent que cette enquête du gouvernement britannique vient en réponse aux pressions imposées par ses alliés du Golfe tels que l'Égypte, l'Arabie Saoudite, et les Émirats Arabes Unis, il ne faut pas sous-estimer le fait que la présence grandissante des Frères musulmans à Londres est préoccupante.

Les Frères musulmans sont présents en Europe depuis les années 60. En dehors du Moyen-Orient, l'Europe a servi de refuge et de base arrière pour le groupe. Après leur courte période de popularité à la suite des élections à l'issue du Printemps arabe, les Frères musulmans sont désormais soumis à des attaques de tous bords. Afin de compenser ce revers de popularité dans le Moyen-Orient, les Frères musulmans semblent vouloir exploiter les libertés que leur garantit l'Europe afin d'élargir leur présence, et exercer leur influence politique et sociale.

Londres représente le centre nerveux des Frères en Europe. Cela est d'autant plus vrai depuis la destitution du président égyptien Morsi en juillet 2013. Comme l'a montré la Henry Jackson Society en décembre 2013, de nombreux hauts dirigeants égyptiens des Frères musulmans ont élu domicile à Londres. Parmi eux se trouvent le dirigeant spirituel du groupe, Gomaa Amin, et le chef du comité de défense de Morsi, Salim Al Awwa, qui fut choisi pour être le président du groupe à Londres. De plus, la capitale a accueilli en novembre dernier une importante rencontre entre les membres internationaux des Frères musulmans. Mahmoud Ezzat, le guide suprême de la confrérie surnommé "l'homme de fer", était présent pour parler des futurs plans stratégiques du groupe. L'organisation a aussi déplacé son siège médiatique à Londres. En plus du siège du site rédigé en anglais Ikhwanweb.com, les Frères musulmans ont lancé un journal, al-Arabi al-Jadeed, basé à Londres, financé par l'émir du Qatar.

Il est paradoxal que les Frères se soient aussi bien implantés en Europe. En effet, le continent représente l'incarnation ultime de tout ce à quoi le groupe s'oppose: la laïcité, le multiculturalisme, et la libéralisation économique et politique. L'Europe illustre l'idéologie que Hassan al-Banna cherchait à combattre quand il a créé les Frères musulmans en Égypte, en 1928. Cependant, ce sont ces mêmes valeurs qui permettent au groupe de faire de l'Europe leur base d'opérations. Les libertés dont jouissent les individus et les organisations en Europe sont telles que les institutions en place ne permettent pas aux gouvernements de restreindre les activités des Frères musulmans.

La menace sécuritaire que constituent les Frères musulmans est difficile à déterminer, car l'organisation n'encourage pas, de manière directe, les attaques violentes en Europe. Tandis que les services de sécurité reconnaissent la menace posée par les Frères musulmans, toute évolution de ces derniers vers le terrorisme entraînera une forte réponse des autorités. Ceci rendrait la poursuite de leurs activités impossible sur le continent.

Sur la scène publique, les Frères musulmans d'Europe se définissent comme des ennemis de toute forme d'extrémisme. Néanmoins, ses hauts dirigeants n'ont cessé d'être accusés de fournir un soutien idéologique et financier aux mouvements violents en dehors de l'Europe. Bien que les Frères n'encouragent pas activement la violence en Europe, le groupe incite à l'islamisation des sociétés européennes, qui illustre pour eux la seule et unique voie à suivre. Il est donc raisonnable de supposer que ceux qui adoptent l'idéologie des Frères musulmans sont enclins à prendre des actions plus directes.

Naturellement, et suite à toutes ces interrogations, la poursuite d'une enquête du gouvernement britannique sur les Frères musulmans est une étape logique.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Londres, en mode touriste

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.