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Vive le sens des priorités!

Mon grand-père avait pour son dire: «Quand le feu pogne dans maison, peu importe qu'il aille commencer dans la cuisine ou ben non dans le salon, tu l'éteins.» En ce moment, que les étudiants soient violents ou non, qu'ils boycottent ou qu'ils grèvent, on s'en fout. Ce qui est important, c'est qu'en ce moment, le point de rupture est bientôt atteint. Bientôt, des sessions devront être annulées, bientôt, les esprits vont s'échauffer, bientôt, les impacts économiques vont s'aggraver. Bientôt, il sera trop tard.
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afp

Douze semaines. Douze semaines de grève, douze semaines de mobilisation, de manifestation. Douze semaines pendant lesquelles nous avons vu des universités se déguiser en zone de guerre, douze semaines durant lesquelles les plus hautes institutions du savoir, où le pouvoir des idées devrait régner sans partage, ont été tachées du sang coulant d'oeil éborgné et de têtes matraquées.

Douze semaines et près de 1200 arrestations. Pas moins de 100 arrestations à teneur politiques pour chaque semaine de grève. Douze semaines et plus du tiers des étudiants du Québec ne se présente pas à leurs cours. La quasi-totalité des associations étudiantes a pris des positions qui dénoncent la hausse des frais de scolarité.

Douze semaines, ça ressemble à trop longtemps.

Trop longtemps que les étudiants hurlent dans la rue pendant que le gouvernement blague dans ses congrès. Trop longtemps que les observateurs craignent qu'il y ait des morts. Trop longtemps que le gouvernement et les étudiants ne se parlent pas.

Les échos de la rue se font plus bruyants que jamais. Toutes les nuits, le centre-ville de Montréal est innondé par une marée de manifestants et les étudiants ne se démotivent pas. Les yeux de par le monde se tournent peu à peu vers notre petit coin du nord de l'Amérique et se demandent ce qui se passe dans ce Québec parfumé à l'air du mouvement.

Pourtant, André Pratte dit qu'il ne se passe rien, ou presque rien. Il ne se passe tellement rien qu'il faut nous le rappeler souvent, ce rien. Le monde nous observe, nous juge, il y en a même de par le monde qui s'inquiète. La crise étudiante ressemble de plus en plus à une crise sociale et que faisons-nous?

On parle de sémantique. Caliss! (Ben oui, je me permets un sacre, j'en suis rendu là...)

Est-ce un boycottage? Qu'elle est la différence entre se dissocier et condamner? La désobéissance civile est-elle de la violence? Que veut dire «juste part»? Les étudiants sont-ils des clients ou des travailleurs?

J'avoue, ce sont des questions plus que pertinentes. Elles méritent d'être débattues et réfléchies et elles sont essentielles à la construction d'une vision à long terme d'un état. C'est juste que là, j'ai une impression de mauvais «timing».

Mon grand-père avait pour son dire: «Quand le feu pogne dans maison, peu importe qu'il aille commencer dans la cuisine ou ben non dans le salon, tu l'éteins.»

En ce moment, que les étudiants soient violents ou non, qu'ils boycottent ou qu'ils grèvent, on s'en fout. Ce qui est important, c'est qu'en ce moment, le point de rupture est bientôt atteint. Bientôt, des sessions devront être annulées, bientôt, les esprits vont s'échauffer, bientôt, les impacts économiques vont s'aggraver. Bientôt, il sera trop tard.

D'ici trop peu de temps, nous regarderons les derniers mois et nous nous demanderons comment en sommes-nous arrivés là et surtout pourquoi? Parce que toi tu aimes bien le Larousse et lui le Robert? Parce que toi, tu aimes Gandhi, lui tripe plus Che et l'autre adore Socrate?

Vous vous rappelez la guerre des tuques? Il y a des films comme ça qu'on ne réécoute pas assez. Parce que vous savez, même si j'aime les animaux, c'est pas un chien qui va finir par être tué, c'est un humain. Un humain qui, comme toi, moi pis lui, sourit, mange et rêve. La journée où ça va arriver, ce n'est pas les black-blocs qu'il faudra pointer, pas plus que les policiers. La journée où ça va arriver, c'est tous ensemble qu'on va devoir se regarder et se dire qu'il aurait peut-être fallu dialoguer.

C'est tous ensemble, drapés dans le deuil de notre entêtement collectif, qu'on n'aura plus le choix de regarder vers celui qui nous gouverne pour lui dire «La hausse, la hausse, c'est pas une raison pour se faire mal.».

P.S :Pour ceux qui se demandent, mon grand-père, il s'appelle sens commun, il est mort il y à presque douze semaines.

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