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L'internet des objets: un nouveau terrain de jeu pour les chercheurs?

L'internet des objets change la donne dans le domaine de la science, et il sera intéressant d'observer la manière dont il se développera et favorisera les découvertes.
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J'aimerais commencer cet article en souhaitant un joyeux anniversaire à Tim Berners-Lee, qui a fêté ses 60 ans le 8 juin dernier. Je ne le connais pas personnellement, mais Tim a inventé le World Wide Web, et tout comme des milliards d'individus qui utilisent chaque jour internet, je lui voue une grande admiration.

Il n'existe aucun aspect de notre vie qui n'ait pas été influencé par internet d'une manière ou d'une autre, et le monde des affaires ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans le Web (vous rappelez-vous lorsque nous avons pensé que les télécopieurs représentaient une avancée technologique révolutionnaire?). Mais la recherche scientifique est probablement le secteur le plus affecté depuis l'invention de l'imprimerie.

Il faut désormais compter avec l'internet des objets (IoT), un concept informatique dans lequel tous les objets physiques de la vie quotidienne sont connectés à Internet et capables de se connecter entre eux. C'est ainsi que les objets prennent une autre dimension en se connectant à d'autres objets environnants et à leurs données. Lorsque plusieurs objets agissent à l'unisson, on parle alors «d'intelligence ambiante».

L'Internet des objets va très certainement changer nos vies. Les systèmes CVC (chauffage, ventilation et climatisation) en ligne permettent de contrôler le rendement énergétique des bâtiments et offrent ainsi aux entreprises de services publics la possibilité d'augmenter ou de diminuer l'alimentation électrique en fonction des besoins. La capacité d'un individu à interagir avec les objets pourrait être adaptée à ses besoins immédiats ou ses actions, et garantir ainsi la sécurité des personnes âgées vivant seules. Leurs appareils pourraient s'allumer, s'éteindre, ou alerter des membres de la famille en cas d'urgence. Dans les industries des TIC (technologies de l'information et de la communication) et du divertissement, la gestion des droits d'auteur et les mesures techniques de restriction pourraient être mises en œuvre beaucoup plus facilement et contribuer à lutter contre le piratage de la propriété intellectuelle.

Dans le domaine de l'édition scientifique, technologique et médicale, l'internet des objets a déjà révélé son utilité pour les chercheurs. Les articles de recherche comportent des liens qui renvoient vers des instituts de recherche, des bailleurs de fonds, avec une moyenne de 29 références par article. Ils font surtout le lien avec des données issues de précédents travaux de recherche. Les équipements des laboratoires sont déjà interconnectés et capables de produire des données qui sont ensuite décomposées, décortiquées, analysées et résumées par les chercheurs dans le nuage ou sur des serveurs hébergés. Bien entendu, il appartient aux chercheurs de décider de rendre leurs données disponibles via un lien vers leurs articles, ou en les publiant de manière autonome.

Nos recherches indiquent que plus de 90% des données de recherche sont stockées sur des disques durs et ne sont pas communicables. Cet état de fait devrait rapidement évoluer étant donné qu'un nombre croissant de bailleurs de fonds demandent aux chercheurs de faire en sorte que leurs données soient réutilisables, afin d'éviter de financer des projets générant des données déjà disponibles. De nombreuses parties prenantes souhaitent également faire avancer le débat actuel sur la reproductibilité des recherches.

Ainsi, en attribuant des identifiants uniques aux données, comme nous le faisons pour les articles de chercheurs (les identifiants d'objets numériques ou DOI), les éditeurs tels qu'Elsevier ouvrent la voie en permettant de citer des données et, par conséquent, de créditer les chercheurs. On peut également envisager que les données collectées soient automatiquement formatées dans des modèles d'articles, réduisant ainsi le temps passé par les chercheurs à rédiger leurs articles et accélérant par conséquent la vitesse des découvertes ainsi que le transfert des connaissances, pour faciliter la résolution de problèmes.

Des milliers d'articles ont été publiés concernant l'internet des objets, et au fur et à mesure du développement du concept, des milliers d'autres sont susceptibles d'explorer les multiples possibilités qui en découlent. Dans l'article Choices for interaction with things on Internet and underlying issues, publié dans AdHoc Network, le concept du réseau social des objets (SWoT) étudie «comment les objets intelligents s'intégreront dans les réseaux sociaux pour connecter les mondes physique et virtuel et faciliter l'interaction entre les hommes et leurs appareils.»

Aujourd'hui, le réseau social des objets est une prochaine étape fascinante de l'internet des objets, et un domaine de recherche à lui seul. J'avoue être un peu inquiet à l'idée que mon grille-pain et mon lave-vaisselle se «parlent» entre eux sur ma page Facebook, mais si l'on met de côté le badinage entre appareils électroménagers, l'internet des objets est incontestablement la prochaine innovation marquante dans la recherche scientifique et, par extension, dans l'édition scientifique.

Le partenariat entre la science et l'édition date de plusieurs siècles et a permis le partage des connaissances entre pairs, ainsi qu'avec l'ensemble du monde. La gestion et la sécurité des données générées revêtent autant d'importance que les données elles-mêmes, et constituent l'un des principaux défis à relever. Un article publié récemment dans Computer Networks, Security, privacy and trust in Internet of Things: The road ahead, soulève le problème de la confidentialité et de la sécurisation des données, en particulier à l'époque de la technologie portable, incarnée par les objets connectés tels que le célèbre FitBit, les moniteurs de tension artérielle et autres technologies liées à la recherche.

Ceci étant dit, l'internet des objets change la donne dans le domaine de la science, et il sera intéressant d'observer la manière dont il se développera et favorisera les découvertes qui viendront s'immiscer dans nos vies au cours de la prochaine décennie.

En attendant, je vous souhaite à nouveau un très joyeux anniversaire, Tim. J'espère que l'internet des objets vous transmettra ses meilleurs vœux. Sans oublier le gâteau qui va avec!

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