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Égypte: la guerre du gaz sera-t-elle déclarée?

La Méditerranée orientale est devenue une zone d'exploration gazière très active, notamment après la découverte de gros gisements gaziers au large d'Israël et de Chypre.
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La Méditerranée orientale est devenue une zone d'exploration gazière très active, notamment après la découverte de gros gisements gaziers au large d'Israël et de Chypre. Mais tout récemment, c'est bien la découverte par le groupe pétrolier italien ENI de l'un des des plus grands gisements offshore de gaz naturel dans les eaux territoriales de l'Égypte qui pourrait changer la donne du secteur énergétique dans la région.

Le gisement pourrait représenter un potentiel de 850 milliards de mètres cubes sur un secteur de 100 kilomètres carrés, assure ENI dans un communiqué, évoquant un «champ de gaz super-géant». Le potentiel du gisement découvert s'élève à 30 000 milliards de mètres cubes et il s'agit de la découverte du premier gisement de cette taille depuis 1967.

Dans ce contexte, Sherif Ismaïl, le ministre égyptien du Pétrole, s'est empressé de confirmer la nouvelle, tout en précisant que les opérations de développement devraient durer quatre ans. Il faudra donc attendre environ 2020 avant que la production ne démarre sur le site de Shorouk.

La stratégie gazière d'Israël pourrait être menacée

Qu'on se dise, la découverte de ce gisement de gaz tient du miracle pour l'Égypte. Et c'est bien la stratégie gazière d'Israël qui pourrait être menacée. Chacun sait que l'État hébreu avait projeté d'exporter en l'Égypte du gaz d'un champ gazier Léviathan, situé au large des côtes israéliennes.

De fait, l'Égypte projetterait d'arrêter d'importer du gaz pendant une période de trois à cinq ans, déclare le porte-parole du ministère égyptien du Pétrole, Hamdi Abdel Aziz, dans une interview à la télévision égyptienne. «Il est important que nous n'ayons pas besoin d'importer du gaz d'autres pays», a tenu à préciser Hamdi Abdel Aziz.

Et il y a plus, «une telle découverte peut être suffisante pour combler une partie du fossé énergétique de l'Égypte. Ils vont probablement combler d'abord leurs besoins domestiques, avant de discuter de plans pour l'exportation, et les perspectives israéliennes d'exportation de gaz vers l'Égypte vont s'en trouver diminuées», indique l'analyste Robin Mills, de Manaar Energy Consulting.

La stratégie de Léviathan est à revoir

Dans cette perspective, on relèvera volontiers qu'au cours de l'été 2014, Léviathan avait signé une lettre d'intention avec British Gas pour fournir la bagatelle de 105 milliards de mètres cubes à l'usine de liquéfaction de gaz égyptienne de British Gas sur une durée de quinze ans. Tandis que les exploitants du champ Tamar avaient signé en février 2015 un accord préliminaire d'une valeur de 15 milliards de dollars, pour exporter un quart de leurs réserves à destination d'une autre usine égyptienne de liquéfaction, contrôlée par l'espagnol Union Fenosa Gas (détenu à hauteur de 40% par ENI).

La guerre du gaz n'est-elle pas en passe d'être ranimée entre l'Égypte et Israël?

Aujourd'hui, le gazoduc qui traverse le Sinaï entre l'Égypte et Israël est la cible d'attentats répétés, pratiquement une fois par mois depuis la révolution égyptienne de février 2011. Et pour mémoire, le Caire avait suspendu par le passé ses livraisons de gaz en raison de tensions commerciales et politiques.

Et c'est ainsi que les autorités israéliennes et égyptiennes, chacune de leur côté, avaient minimisé à l'époque la portée de cette décision, et assuré qu'elles n'auraient aucune conséquence diplomatique.

Pour l'heure, le ministre égyptien du Pétrole s'est borné à indiquer que la découverte de ce formidable gisement n'aurait aucune incidence sur les négociations en cours entre les entreprises privées israéliennes et égyptiennes. Pour autant, il n'a pas levé le voile sur le fait de savoir, si à terme, un retrait de ces accords était envisageable.

À l'avenir «l'Égypte dépendra moins de l'extérieur» pronostique Dominique Moïsi, chercheur à l'Institut français des relations internationales. Et ce dernier d'ajouter: «On a vu au cours des dernières années l'Égypte prendre ses distances avec les États-Unis, qui avaient eux-mêmes pris leurs distances à l'égard du régime du maréchal Sissi. Cela veut dire qu'il y a un nouvel équilibre régional qui se met en place avec un peu plus d'Égypte et encore moins d'Arabie saoudite».

Mais il n'en demeure pas moins que la découverte du méga-gisement offshore dans les eaux territoriales égyptiennes constitue assurément une nouvelle étape dans la dégradation des relations entre Israël et l'Égypte depuis la chute de Moubarak.

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