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Quand Bachar est tout feu, tout flamme

L'Iran, la Russie et Bachar Al-Assad sont unis sur l'essentiel: la victoire. Et il existe un plan parfaitement huilé pour amener les Occidentaux devant le fait accompli.
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On le sait, Bachar Al-Assad a le vent en poupe, il avance même ses pions à l'heure de la reprise des négociations à Genève.

Sur le plan militaire, Bachar Al-Assad et ses alliés sont repassés à l'offensive dans la région de Damas et d'Alep. Étant entendu que leur objectif est de sécuriser le grand Damas, la province de Lattaquié, et l'axe Homs-Alep. Et si Alep venait à tomber dans les mains du régime, toute «la Syrie utile» serait alors reconquise.

Dans cette perspective, l'aviation syrienne a ainsi pilonné Sokné début avril 2016 dans le but d'ouvrir la route de Deir ez-Zor, sous contrôle de l'organisation État islamique, d'al-Nosra et d'autres groupes djihadistes.

Ce redéploiement s'accompagne du reste d'une réorganisation de l'armée, soit environ 60 000 hommes et la promotion de jeunes officiers. Et c'est ainsi que les conseils militaires russes jouent un rôle essentiel.

Assad compte sur le pragmatisme du président des États-Unis pour rester incontournable

Dans ce contexte, Bachar Al-Assad compte sur le pragmatisme du président des États-Unis pour rester incontournable. C'est en tous cas ce qu'il a confié à des parlementaires français venus lui rendre visite à Damas le 27 mars 2016. Pour lui, il est préférable d'obtenir un accord avec l'administration de Barack Obama qu'avec celle de son successeur. Il compte d'ailleurs sur Washington pour faire pression sur ses alliés régionaux, Ankara et Riyad, afin qu'ils retirent leurs soutiens à la rébellion.

Et il y a plus. Un projet de constitution est en gestation entre Moscou et Washington. Elle consacre tout à la fois l'indivisibilité du territoire, le pluralisme politique dans un régime semi-présidentiel, et prévoit une large autonomie administrative pour les Kurdes. Dès lors, on l'aura compris, Bachar Al-Assad ne semble plus être un obstacle à sa mise en œuvre.

Washington et assurément bien davantage Moscou sont les véritables parrains de la transition. Alors que les Européens, la France en tête, la plus hostile dans ce dossier, est plus que jamais hors-jeu, empêtrée et tétanisée par l'afflux des migrants.

Assad, la Russie et l'Iran sont alliés et unis

Chacun sait que le dialogue inter-Syriens à Genève est une vaste fumisterie et que l'essentiel des négociations ont bel et bien lieu en coulisses entre John Kerry et Sergueï Lavrov, avec leurs alliés régionaux respectifs.

Confiant dans son alliance avec l'Iran, le Hezbollah libanais et la Russie, le lion de Damas avance sur le terrain politique. De fait, Bachar Al-Assad a-t-il organisé des élections le 13 avril 2016 dans les zones sous son contrôle.

Pour se maintenir au pouvoir, Bachar Al-Assad va t-il privilégier l'émergence d'une nouvelle élite qui soutient le parti au pouvoir mais qui n'appartient pas au parti Baas? Dans le même temps, le HCN, l'un des groupes d'opposition très largement soutenu par l'Arabie saoudite, apparaît affaibli. De fait, divisé en multiples chapelles par le jeu tactique de Moscou et de Damas, il peine à se faire entendre.

On l'aura compris, les spéculations sur les divisions entre l'Iran, la Russie et Assad n'ont aucun fondement. Les trois acteurs sont d'ailleurs unis sur l'essentiel : la victoire. Et dans cette perspective, il existe assurément un plan parfaitement huilé pour amener les Occidentaux devant le fait accompli.

Pour mémoire, cela fait cinq ans que les diplomaties occidentales imaginent à grand renfort de déclarations plus ou moins ambiguës que les Russes et les Iraniens vont finir couper les ponts avec Bachar Al-Assad.

Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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