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Les Québécois, l’Église et la fédération

Le 150e anniversaire de la fédération canadienne célèbre le fruit d’une immense fraude historique.
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Après 150 ans de fédération, il reste encore des compétences à conquérir comme les communications et la culture entre autres.
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Après 150 ans de fédération, il reste encore des compétences à conquérir comme les communications et la culture entre autres.

À l'occasion du 150e anniversaire de la fédération canadienne, il est bon de rappeler que les Québécois n'ont jamais donné leur plein consentement à leur adhésion à cette fédération. C'est un ensemble de faits historiques que de nombreux Québécois ignorent. Ce blogue a pour but de faire la lumière là-dessus.

D'abord quels étaient les choix sur les moyens d'adhésion à la fédération pour les quatre provinces fondatrices? Premièrement, un référendum. Les Pères de la fédération ont rejeté cette solution. Certains historiens prétendent qu'ils l'ont rejeté parce qu'ils avaient la certitude de le perdre, surtout au Québec et en Acadie. D'autres sont convaincus que les référendums n'existaient pas encore. Pourtant en France, Napoléon en avait tenu un pour se faire proclamer consul au tout début du siècle, donc bien avant la fédération canadienne.

Les Pères de la fédération ont donc choisi une élection pour faire accepter la fédération. Il faut rappeler qu'à l'époque le suffrage universel n'existait pas encore au Canada. Il n'existait que le vote censitaire, soit le vote des propriétaires ce qui excluait la grande majorité des Québécois. Environ 10% seulement des Québécois avaient le droit de voter en 1866. Et la majorité des propriétaires étaient des Britanniques ou anglophones, Écossais et Irlandais, largement pour cette fédération.

Quelles étaient les deux options qui s'affrontaient? D'une part, les conservateurs de Macdonald qui prônaient la fédération laquelle attribuait les principaux pouvoirs au fédéral et les autres aux provinces. Et d'autre part, les libéraux de Dorion qui préféraient la confédération, laquelle attribuait plus de pouvoirs aux provinces et moins au fédéral.

Après 150 ans de fédération, il reste encore des compétences à conquérir comme les communications et la culture entre autres.

Si les libéraux l'avaient emporté, cela aurait évité au Québec ces interminables luttes pour faire respecter ses compétences, surtout en éducation et en santé, et d'autres interminables combats pour obtenir de nouveaux pouvoirs comme l'immigration, la main-d'oeuvre, la langue et l'impôt. Après 150 ans de fédération, il reste encore des compétences à conquérir comme les communications et la culture entre autres.

Quelle était la position de l'Église devant ces choix? D'abord, elle aurait dû s'en tenir à sa mission religieuse et ne pas se mêler de politique. Mais l'Église pratiquait à cette époque l'ingérence en politique. Elle l'avait fait après la Conquête en établissant une collusion avec le colonisateur et lors du mouvement des Patriotes qu'elle avait combattu. Donc, l'Église s'est engagée dans la campagne électorale pour la fédération des conservateurs.

Pourquoi la fédération? Parce que l'Église se devait avant tout de respecter sa collusion avec le colonisateur et surtout parce que ce colonisateur lui attribuait les secteurs qui lui tenaient à coeur: la santé, l'éducation et les services sociaux. L'Église avait pour seules réticences le fait que le Parlement fédéral aurait le pouvoir de légiférer en matière de mariage et de divorce et que les droits scolaires des minorités françaises hors Québec ne soient pas les mêmes que ceux de la minorité anglaise dans la belle province. On constate que l'Église a laissé tomber les francophones hors Québec, pourtant elle tenait tellement à protéger la langue et la foi.

Ces menaces sont efficaces quand on considère l'ignorance et la foi naïve du peuple, surtout sa peur de l'enfer et de la damnation.

Comment l'Église va-t-elle s'ingérer dans cette campagne électorale? D'abord, elle qualifie la fédération de « salut du peuple » alors que Wilfrid Laurier la qualifie de « tombeau des Canadiens français ». Les prêtres en chaire vont menacer les fidèles de leur refuser les sacrements s'ils votent contre la fédération. Ces menaces sont efficaces quand on considère l'ignorance et la foi naïve du peuple, surtout sa peur de l'enfer et de la damnation.

L'évêque Langevin insiste sur l'équation fédération-volonté de Dieu: « Vous la respecterez donc, Nos Chers Frères, cette nouvelle Constitution qui vous est donnée, comme l'expression de la volonté suprême du Législateur, de l'Autorité légitime et par conséquent de celle de Dieu même. » Quelle bonne nouvelle! La fédération canadienne a été voulue par Dieu lui-même. Dieu est fédéraliste, mes Frères! Que demander de plus?

En Acadie, le grand vicaire Cazeau et Mgr Horan de Kingston vont vendre la fédération aux Acadiens qui y sont hostiles comme les Québécois francophones.

L'Église disposait d'armes puissantes: elle contrôlait un grand nombre de journaux, les curés lisaient en chaire les mandements des évêques pour la fédération. Elle brandissait ses armes spirituelles: le refus des sacrements et l'excommunication. L'Église et ses curés vont pousser l'odieux jusqu'à affirmer que voter libéral, c'était commettre un péché grave. Ils intervenaient en chaire, mais aussi au confessionnal.

Malgré toute cette campagne frauduleuse, les libéraux obtinrent 45% du vote. Les conservateurs ne firent élire que deux députés de plus que les libéraux. Lors de la nuit où on a adopté la fédération, cette option l'emporta donc par une mince marge.

L'adhésion du Québec et de l'Acadie à la fédération fut donc des fraudes antidémocratiques. L'Église catholique du Québec a joué un grand rôle dans cette fraude. Jamais les Québécois n'ont donné leur plein consentement à la fédération. Lors des deux référendums sur l'indépendance, ils avaient le choix entre la souveraineté et la fédération actuelle. Mais les sondages révélaient que les Québécois désiraient une fédération renouvelée et non le statu quo. Et comme les deux référendums ont été volés, les Québécois sont encore victimes de fraudes antidémocratiques.

Le 150e anniversaire de la fédération canadienne célèbre donc le fruit d'une immense fraude historique.

Références: Le livre noir de l'Église catholique au Québec, surtout la bibliographie, auteur Normand Rousseau, à la Fondation littéraire Fleur de lys sur Internet.

Avril 2018

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