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Les origines du désir et de l'érotisme

Quelles sont les origines du désir et de l'érotisme? Pourquoi éprouvons-nous un attrait irrésistible envers certaines personnes, alors que d'autres nous laissent indifférentes?
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Quelles sont les origines du désir et de l'érotisme? Pourquoi éprouvons-nous un attrait irrésistible envers certaines personnes, alors que d'autres nous laissent indifférentes?

Peu d'entre nous sont capables d'identifier, à brûle-pourpoint, les motivations qui influencent le choix de leurs partenaires. Le désir de faire l'amour avec celui-ci ou celle-là, ce qui se produira effectivement, demeurent encore plus mystérieux.

Les explications ne manquent pas, chacune jetant un peu de lumière sur le mystère de nos vibrations intimes: nos hormones, nos gènes, notre éducation sexuelle, notre personnalité, ou tout cela à la fois. D'après plusieurs chercheurs, les frustrations et les manques affectifs, voire les traumatismes de l'enfance, de l'adolescence et de l'âge adulte, influencent nos scénarios sexuels et amoureux.

Une victoire sur le passé

L'intensité des manques affectifs, des traumatismes, leur répétition, nous feront choisir un partenaire plutôt qu'un autre. Et selon les étapes de notre vie, nous privilégierons un scénario sexuel plutôt qu'un autre. La jouissance sexuelle donne l'impression de faire disparaître la souffrance autrefois subie puisque, cette fois, les circonstances transforment la frustration en plaisir, en orgasme. Une sorte de victoire sur le passé! La rencontre amoureuse recèle ainsi des règlements de compte, subtilement camouflés dans l'inconscient, c'est-à-dire opérant à notre insu, car elle a l'espoir inavoué, par le biais de la jouissance, d'obtenir de la part de l'autre à la fois reconnaissance et réparation. Pas très romantique et réjouissant, direz-vous!

Le cerveau, principal «organe sexuel»

Grosso modo, notre cerveau est parsemé de traces appelées engrammes, lesquels sont le résultat, entre autres, d'événements traumatiques. Certes, de joyeux événements traversent également notre vie, alors pourquoi les frustrations et les traumatismes seraient-ils plus significatifs?

Sur le plan du fonctionnement du cerveau, l'engramme se manifeste par une image, un souvenir, un ensemble de représentations, voire une façon de faire et de penser. À des périodes sensibles de l'existence, particulièrement la première année de vie (peut-être même la vie utérine), au moment où des milliards de connexions neuronales se forment, s'emmagasinent des informations liées aux sources de plaisir et de déplaisir. Toutefois, les événements donnant lieu à des frustrations seraient parmi les plus mémorisés parce que fortement chargés au plan émotionnel. Certains rêves, tels les cauchemars, en témoignent.

Victimes de notre cerveau?

Mais alors, quels pouvoirs avons-nous sur nos désirs et sur ce que nous en faisons? Est-il possible de transformer nos relations sexuelles et amoureuses?

Oui, mais il nous faut explorer nos failles, nos manques, nos blessures affectives à l'origine de nos modèles amoureux. Ceux-ci portent l'histoire de nos parents, de nos arrières grands-parents et celle de l'humanité. C'est un peu comme aller à la recherche de notre «boîte noire» afin de récupérer ce qui échappe à la conscience.

Rencontre de deux histoires

D'après Michel Dorais, auteur de La Mémoire du désir : du traumatisme au fantasme, le désir, l'amour, c'est d'abord la rencontre de deux traumatismes. Un «choc amoureux», pour reprendre l'expression du sociologue Francesco Alberoni. Ce choc peut par bonheur panser des blessures, mais aussi les rouvrir à jamais.

Chose certaine, nous revivons toujours, à quelques exceptions près, les mêmes histoires d'amour et de sexe, celles qui nous ont le plus marqués.

Dans les scénarios sexuels et amoureux, les rôles de chacun sont, pour ainsi dire, déjà distribués, avant même que ne commence l'aventure, mais le plus souvent à notre insu!

Lorsque nous percevons en l'autre un corps désirable, c'est que quelque chose de cette personne ranime en nous un souvenir marquant. Nous percevons l'autre à partir de ce que nous sommes: «Je te vois, je t'entends, à partir de mon histoire». À vrai dire, nous assistons à un genre de troc, une «entente secrète» entre deux partenaires, qui peut être compris ainsi: «Tu as ce qui me manque et je possède ce que tu veux: à nous deux maintenant!». Tous les couples expérimentent une certaine complémentarité, non seulement de leurs désirs, mais aussi des «traumatismes» dont chacun cherche à se défaire.

En d'autres termes, nous souhaitons réécrire le passé, dans l'espoir qu'il aura une fin différente. Ainsi, il arrive que notre partenaire devienne notre meilleur thérapeute!

L'irrésistible et l'irrecevable

Plus notre histoire de vie est douloureuse, plus irrecevable elle est, plus nous nous en défendons. C'est pourquoi certains préféreront ne jamais mettre à exécution leur fantasme. Ou encore, le fantasme prendra le chemin de relations effrénées et sans lendemain, vécues de façon clandestine, comme dans la prostitution ou les relations extraconjugales, ou détournées vers l'exhibitionnisme, le voyeurisme, la pédophilie, la cyberpornographie, etc.

Avant même que notre corps ne soit nu, le désir dénude notre âme, nos carences et nos motivations. Dans un contexte d'ouverture, lequel requiert sécurité, complicité, confiance en soi et en l'autre, la rencontre de deux corps est un «lieu» d'exploration, de découverte et de croissance.

Référence: La mémoire du désir : du traumatisme au fantasme, Michel Dorais, VLB, 1995.

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