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Un vote utile pour peser sur l'échiquier fédéral

Encore une fois, le sort de cette 42e élection de l'histoire canadienne risque donc de reposer entre les mains des électeurs que l'on qualifie d'indécis.
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Au lendemain du débat des chefs du Globe & Mail, de nombreuses questions demeurent sans réponse.

Les chefs des trois principaux partis ayant tous survécu aux deux premiers débats sans subir de véritable « knock-out », leurs partisans les plus loyaux ne songent sans doute pas à les déserter pour appuyer un autre parti.

Encore une fois, le sort de cette 42e élection de l'histoire canadienne risque donc de reposer entre les mains des électeurs que l'on qualifie d'indécis. Afin de se faire une idée de l'issue possible du vote, il importe donc de se demander quels enjeux sont les plus susceptibles de faire pencher les indécis en faveur d'un parti ou d'un autre?

Au Québec, bien qu'il faille évidemment tenir compte des revendications traditionnelles récemment réitérées par le gouvernement provincial, les enjeux les plus déterminants sont sommes toutes assez semblables aux enjeux qui préoccupent également nos compatriotes canadiens d'un océan à l'autre.

Économie

À tort ou à raison, certains prétendent que la grande stabilité avec laquelle le pays a réussi à traverser l'une des pires crises économiques et financières depuis la Grande dépression de 1929 milite en faveur du gouvernement sortant de Stephen Harper.

N'en déplaise aux plus fervents partisans conservateurs, les plus fins observateurs remarqueront que cette stabilité ne s'explique pas tant par les interventions économiques judicieuses du gouvernement de M. Harper que par la solidité de nos institutions financières et du système législatif et réglementaire qui les encadrent.

En ce sens, les effets dévastateurs de la chute des cours pétroliers sur notre économie ne peuvent que nuire au gouvernement sortant. Les Canadiens et a fortiori, les Ontariens et les Québécois, réalisent de plus en plus que leur économie doit impérativement s'extirper de sa dépendance aux cours financiers des matières premières, eux-mêmes dépendants d'un trop grand nombre de facteurs géopolitiques et stratégiques échappant complètement au contrôle du gouvernement canadien.

Le parti qui proposera un plan économique misant sur la diversification des activités économiques canadiennes sans pour autant occulter l'immense potentiel économique découlant de nos richesses naturelles est donc le plus susceptible de s'attirer la faveur des électeurs indécis.

Reste à voir si l'un des trois principaux partis en lice réussira à proposer aux électeurs un plan cohérent et réaliste qui respecterait ces critères.

Environnement

Indissociable de l'économie, la question de l'environnement est également l'un des enjeux qui retiendra le plus d'attention au Québec.

Bien qu'ils soient sensibles aux bénéfices économiques pouvant découler de l'exploitation des ressources naturelles, les électeurs québécois sont également très fiers du leadership qu'exerce le Québec, en collaboration avec l'Ontario, sur le plan de la lutte aux changements climatiques.

Les enjeux reliés au désenclavement du pétrole des sables bitumineux risquent donc d'avoir un écho très prononcé au Québec, d'autant plus que les refus respectivement signifiés par les États-Unis et la Colombie-Britannique aux projets d'oléoducs Keystone XL et Northern Gateway démontrent avec éloquence que les projets d'Énergie-Est et d'Enbridge sont loin d'avoir acquis le seuil d'acceptabilité sociale aujourd'hui indispensable au développement de tels projets.

L'ensemble de l'électorat québécois n'étant pas dogmatique au point de nier l'importance que continueront d'occuper les énergies fossiles dans l'économie mondialisée du XXIe siècle, le parti qui réussira à présenter aux Canadiens le plan alliant de la manière la plus écologiquement responsable qui soit l'exploitation de nos ressources naturelles et la protection de notre environnement sera celui qui aura le plus de chances de faire des gains au Québec sur le plan électoral.

Leadership et politique étrangère

Une décennie après la prise de pouvoir de Stephen Harper, le rôle du Canada à l'étranger et la perception de notre pays par le reste du monde a passablement changé et beaucoup de Québécois vous diront que ce n'est pas pour le mieux.

Comme bon nombre de leurs compatriotes canadiens, les électeurs québécois aimeraient voir le Canada revenir à ses racines et perpétuer l'héritage pourtant si près de nous qui lui a valu la réputation enviable qui était la sienne jusqu'à ce que les conservateurs de Stephen Harper prennent le pouvoir.

La position manichéenne adoptée par le Canada de M. Harper à l'égard d'une foule d'enjeux internationaux allant du conflit israélo-palestinien, à la crise ukrainienne en passant par la lutte contre le terrorisme est en parfaite contradiction avec la tradition canadienne axée sur le dialogue, le maintien de la paix et le recours à la force sur recommandation exclusive du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

La politique étrangère menée par les troupes conservatrices en poste depuis dix ans est extrêmement polarisante à l'intérieur et à l'extérieur de nos frontières de sorte que notre pays, qui ne comptait autrefois pratiquement que des alliés, a désormais presque autant d'ennemis que d'alliés.

Ultime preuve du consensus canadien en la matière, même les électeurs québécois les plus nationalistes reconnaissent les mérites de la politique étrangère menée par le gouvernement canadien tout au long de la seconde moitié du XXe siècle.

Les Casques bleus qui ont valu un prix Nobel de la paix à Lester B. Pearson, la reconnaissance de la Chine maoïste par Pierre-Elliot Trudeau qui encouragea grandement la détente des relations de part et d'autre du Rideau de fer, le leadership exercé par le gouvernement de Brian Mulroney dans la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, voilà le type de leadership dont tous les Canadiens, incluant les Québécois, sont fiers, indépendamment de toutes considérations partisanes.

La rhétorique guerrière et l'idéologie polarisante du gouvernement sortant font du Parti Conservateur du Canada un parti politique auquel les électeurs attachés au rôle traditionnel du Canada à l'étranger ne peuvent pas adhérer.

L'arrivée de la crise des réfugiés syriens dans la campagne fédérale a permis de remettre cet enjeu au cœur de l'élection du 19 octobre prochain.

Alors que les conservateurs tentent de détourner l'attention de ce drame humanitaire en multipliant les allusions aux supposés risques sécuritaires qu'une trop grande affluence d'immigrants musulmans représenteraient pour le Canada, MM. Mulcair et Trudeau défendent des positions plus respectueuses de la tradition d'ouverture et de tolérance qui a fait la réputation du Canada.

Reste à voir qui du NPD ou du PLC pourra revendiquer avec le plus de conviction cet héritage auquel une majorité de Québécois et de Canadiens sont plus attachés qu'on pourrait le croire.

Sénat et autres méandres constitutionnels

La question du Sénat est revenue à l'ordre du jour suite à la révélation des frasques de certains sénateurs, lesquels, pour la plupart, ont été nommés sur recommandation de M. Harper qui, cela va sans dire, n'est pas le plus grand fan de notre chambre haute.

Pourtant, sur le plan historique et politique, en raison de son rôle en termes de représentation régionale, le Sénat joue un rôle névralgique dans le bon fonctionnement de notre système démocratique.

Qui plus est, à moins d'un inversement spectaculaire de la tendance, l'évolution démographique du Canada et du Québec fait en sorte que le poids de ce dernier est appelé à diminuer progressivement au sein de la Chambre des Communes, d'où l'importance primordiale de maintenir la représentation régionale du Sénat qui prévoit 24 sièges pour les provinces atlantiques, 24 sièges pour le Québec, 24 sièges pour l'Ontario et 24 sièges pour l'Ouest canadien.

Notons au passage qu'en vertu des explications suscitées, la position abolitionniste du NDP et du Bloc est contraire à l'intérêt supérieur du Québec.

Les Québécois feraient bien de se méfier des discours populistes et démagogues qui attisent le cynisme et tentent de nous faire perdre de vue l'importance réelle d'une institution qui remonte aux fondements de notre pays.

Enfin, bien que la séparation du Québec et le déchirement du Canada se retrouvent tout en bas de la liste des priorités de la vaste majorité des électeurs québécois, la présence du Bloc dans cette élection justifie certaines mises en garde.

En effet, les électeurs québécois devraient garder en tête que plus de 20 ans après son entrée en scène, le Bloc ne peut toujours pas revendiquer la moindre réalisation concrète sur le plan politique, si ce n'est que l'affaiblissement de l'influence du Québec sur la scène politique fédérale.

D'ailleurs, l'histoire démontre avec éloquence que la participation active des Québécois au gouvernement fédéral sert davantage les intérêts du Québec que les banquettes de l'opposition perpétuelle auxquelles sont condamnés les représentants du Bloc.

En votant pour un parti qui a une chance (même s'il ne s'agit que d'une chance théorique) de remporter les élections, les Québécois se donnent au moins l'opportunité de peser de tout leur poids dans l'échiquier fédéral et dans le meilleur de cas, ils s'assurent que leurs intérêts soient dûment défendus au sein du parti appelé à former le prochain gouvernement fédéral.

A contrario, en votant pour le Bloc, le Québec se condamne à l'auto-exclusion et à l'insignifiance parlementaire.

La simple présence du Bloc est donc un enjeu en soi, mais la démocratie étant ce qu'elle est, les électeurs du Québec auront la chance de décider eux-mêmes de la force qu'ils souhaitent donner à leur voix au sein de la prochaine législature du Parlement fédéral.

Que le meilleur gagne !

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