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Le PQ de Lisée et la droite populiste

Si l'on en croit certains chroniqueurs du, les plus récentes déclarations de Philippe Couillard au sujet de la victoire de Jean-François Lisée sont exagérées et indignes d'un chef de gouvernement. Pourtant, le premier ministre n'a rien fait de plus que de souligner l'évidence.
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Si l'on en croit certains des textes d'opinion publiés dans le Journal de Montréal dimanche matin, les plus récentes déclarations de Philippe Couillard au sujet de la victoire de Jean-François Lisée sont exagérées et indignes d'un chef de gouvernement.

Pourtant, le premier ministre n'a rien fait de plus que de souligner l'évidence.

Rappelons que lors d'une mêlée de presse, M. Couillard a souligné qu'avec l'élection de Jean-François Lisée à la tête du Parti québécois, les militants péquistes avaient fait le choix de « [...] ramener cette formation politique vers la voie des partis populistes d'Europe, vers la voie de l'exclusion [...] ».

Plutôt que de reconnaître les faits, certains se sont plutôt appliqués à la mise en œuvre du plus populaire des sophismes, en l'occurrence, celui de l'attaque personnelle (argumentum ad hominem) et ont rejeté les critiques du premier ministre sans jamais prendre le temps d'y répondre sur le fond.

Pourtant, à la lumière des positions prises par Jean-François Lisée tout au long de la course à la chefferie du Parti québécois, il est difficile de prétendre que Philippe Couillard n'a pas raison d'associer le nouveau chef du PQ au courant populiste qui est présent en Europe et ailleurs en Occident, notamment dans les partis d'extrême droite.

Que cela plaise ou non à certains des chroniqueurs du Journal de Montréal, les positions mises de l'avant par Lisée et les thèmes majeurs de sa campagne rejoignent pratiquement tous ce courant qui met en péril l'avenir de nos démocraties en niant les droits et libertés individuels et en flattant les plus bas instincts populaires.

On ne s'étonnera guère que Mathieu Bock-Côté, Joseph Facal, Gilles Proulx et Richard Martineau applaudissent devant une telle démonstration de nationalisme identitaire, mais il ne faut pas pour autant perdre de vue la réalité objective.

Or, après six mois de course à la chefferie, cette réalité objective nous force à conclure qu'effectivement, le PQ de Lisée s'inscrit dans la mouvance d'un nationalisme populiste misant sur la peur, le repli identitaire et la division.

En effet, en proposant que l'on interdise la burqa en tous lieux et en tout temps parce qu'elle permettrait supposément à des femmes musulmanes de dissimuler des bombes sous leurs vêtements - comme il l'a fait durant la course à la chefferie - Jean-François Lisée joue précisément dans le même créneau que l'extrême droite européenne.

Le respect de la liberté de religion et de la liberté de conscience des individus est un principe inscrit dans nos lois fondamentales, qu'il s'agisse de la Charte canadienne des droits et libertés ou de la Charte québécoise des droits de la personne.

C'est sur les épaules du nouveau chef péquiste que repose le fardeau de la preuve.

En prétendant que l'ouverture et la tolérance prônées par Alexandre Cloutier servent en fait les intérêts des prédicateurs de l'islam radical comme Adil Charkaoui, encore une fois, M. Lisée tient un discours pernicieux qui s'inscrit parfaitement dans le courant populiste qui sévit en Europe.

Il nous invite à renier les principes fondamentaux de notre démocratie afin de la protéger contre celles et ceux qui la menacent. Dans ce cas-ci, comme dans le cas de la Charte des valeurs, le moins que l'on puisse dire, c'est que le remède est plus fort que le mal.

On peut bien jouer à l'autruche et faire semblant qu'une telle approche ne s'apparente pas à celle des partis populistes qui pullulent en Europe, mais d'un point de vue intellectuel, il est tout simplement malhonnête de prétendre le contraire.

Le premier ministre a vu juste. Comme le veut l'expression consacrée, il a mis «le doigt sur le bobo».

Maintenant, on veut bien donner la chance au coureur, mais dans l'intervalle, étant donné les positions qu'il a adoptées pendant la course à la chefferie, c'est sur les épaules du nouveau chef péquiste que repose le fardeau de la preuve.

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