Au-delà de la faucille et du marteau

Les récents évènements au Québec ont permis un retour d'une certaine inquisition contre le démon rouge. Les communistes, associés aux anarchistes, sont diabolisés sur la place publique, généralement par les tenants de la droite et ceux qui se réclament du néolibéralisme. Les attaques contre tout ce qui est de gauche et socialiste semblent récurrentes à diverses époques. Il y a eu une période durant la seconde Guerre mondiale et une autre au plus fort de la Guerre froide. Il est important de démystifier le communisme, le socialisme et l'anarchisme pour éviter les associations et constats injustifiés.

Le communisme, symbolisé par la faucille et le marteau, ainsi que par l'étoile jaune sur fond rouge, est souvent associé au goulag russe, au mur de Berlin, à la place Tiananmen et autres atrocités. Il faut comprendre que le communisme est une philosophie d'organisation égalitaire comprenant l'abolition des classes sociales et de la propriété privée. Cela peut sembler utopiste et je crois, en effet, qu'en l'état de conscience actuelle de l'humanité, cette idéologie est utopiste. La preuve en est d'ailleurs les crimes contre l'humanité et le génocide commis par l'Union Soviétique, la Roumanie et la Chine au nom de la doctrine communisme. Mais ces actes ne sont pas représentatifs du communisme, mais bien de ce que certains poètes appellent "l'hommerie".

Il serait faux de dire que le communisme mène à ces problèmes, de la même façon qu'il est faux de dire que le christianisme a créé les croisades au Moyen Âge, que l'Islam fabrique des terroristes ou que les matchs de sport font les hooligans. Les malheureux résultats sont dûs au fait que l'être humain reste foncièrement humain, avec ses défauts, ses émotions, sa culture, son éducation, sa soif de pouvoir, d'avoir raison et de vouloir tout contrôler. Il faut savoir rester rationnel, sinon je me permets de dire que le néolibéralisme a créé le Chili d'Augusto Pinochet, la Roumanie de Nicolae Ceausescu et les politiques d'inégalité sociale de Ronald Reagan et Richard Nixon avec Milton Friedman, le pape du néolibéralisme, agissant comme conseiller économique pour ces dirigeants.

L'anarchisme est quant à lui une philosophie prônant l'abolition de l'autorité et des maîtres. Celle-ci prône une pleine coopération des individus dans la réalisation de projets et dans l'organisation sociale. Souvent décrite par la phrase "Ni dieu, ni maître", cette forme de pensée ne commande aucune destruction ou violence. Le plus souvent, elle peut emmener à l'argument de type "Si tu n'y crois pas, n'y participe pas". Ce mode de pensée a donné lieu à certains évènements tels que les premières éditions du Burning Man, les communes hippies et les premiers partys de type Techno-Rave.

Cette philosophie est aussi utopique que celle du communisme, et ce, pour les mêmes raisons. Encore une fois, il faut être rationnel sinon je ressors mon exemple avec Milton Friedman et j'en rajoute avec les cas de brutalité policière, les régimes totalitaires, les services militaires obligatoires et l'expérience de Milgram.

Le fait que ces modes de pensée et d'organisation sociale soient utopiques en ce moment, toujours en tenant compte de l'état actuel de sagesse de l'humanité, ne donne pas raison au défaitisme de ne pas les considérer comme étant acceptables. Ces idéologies se retrouvent un peu pêle-mêle dans le socialisme, celui-ci étant une sorte de melting-pot des différentes racines du communisme, de l'anarchisme, du féminisme, de l'écologisme et autres. Je prends pour acquis que le but de l'humanité est d'arriver à un monde plus juste, égalitaire et écologiquement et socialement responsable (est-ce que quelqu'un est vraiment contre ça?), il est donc impératif de vouloir arriver à faire vivre ces utopies.

C'est en visant la perfection que nous risquons de nous en approcher. En visant la médiocrité, nous sommes sûrs de l'atteindre.