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Vous avez bien lu, unva bientôt ouvrir ses portes aux coins des rues Casgrain et Jean-Talon. Oui, undans la Petite-Italie reconnue entre autres pour... ses cafés.
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L'été dernier, j'ai investi avec d'autres résidents du quartier un terrain abandonné face au marché Jean-Talon pour y ériger ce qui s'appelle maintenant le jardin du marché. Peu de temps après, notre maire d'arrondissement François Croteau nous félicitait pour notre initiative et on faisait la Une du journal Rosemont-La Petite-Patrie. On va se le dire, que notre minable jardin constitué de 5 petits bacs de 4'x4' construits avec du bois de palette recyclé, soit tant apprécié, montre l'immobilisme qui règne autour, c'est-à-dire au marché Jean-Talon.

Effectivement, ça doit être l'un des lieux les moins verts et des plus bétonnés de la Petite-Italie, un tour sur Google Maps vous y en convaincra.

Mais voilà que récemment l'administration du marché bouge et frappe un grand coup ! Un gros 4.6 million d'octroyé pour un deuxième stationnement souterrain, un plan de recyclage du carton et une nouvelle SAQ. Bref, le marché bouge, mais pas pour se démarquer, pas pour se verdir, encore moins pour finalement devenir un marché public modèle. Avec 4.6 millions, on aurait pu imaginer faire des serres sur les toits du marché et ainsi raffermir l'identité de leader en agriculture urbaine que Montréal s'est développé au cours des dernières années. Non, restons quelques décennies en arrière. Investissons près de 5 millions pour favoriser davantage l'accès en voiture à un site qui est entouré par deux lignes de métro, distribuer des bacs bleus (ce n'est plus très révolutionnaire en 2015, mais bravo, il était temps) et construire une nouvelle SAQ où les produits du terroir québécois se feront comme toujours très rares.

Ah, pis tant qu'à faire, on va laisser venir s'établir un Starbucks Coffee, comme ça ils vont vraiment se sentir dans un genre de mini-DIX30. Vous avez bien lu, un Starbucks va bientôt ouvrir ses portes aux coins des rues Casgrain et Jean-Talon. Oui, un Starbucks dans la Petite-Italie reconnue entre autres pour... ses cafés. La prochaine étape c'est quoi ? Un McDo, un Ardène, un EB Games? Bientôt, on entendra: «samedi dernier on est allé magasiner en ville, au marché Jean-Talon. Grâce au nouveau stationnement, on a pu prendre la voiture pour ramener une caisse de mangues trop chère, trois Bordeaux, des boucles d'oreilles, pis NHL 2k16, sans oublier le latte à la «citrouille» du Starbucks qu'on a pu siroter dans le trafic du retour. Quelle expérience unique !» J'en mets trop? C'est vrai, nous ne sommes pas rendus là, mais on est quand même rendu à avoir un Starbucks au Marché Jean-Talon, et ça c'est tout autant exagéré et aberrant !

Je vois déjà la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal (CGMPM) se défendre en disant que ce Starbucks n'est pas sur le terrain du marché Jean-Talon, c'est un commerce comme les autres qui ouvre sur la rue Jean-Talon et on n'y peut rien puisque le Starbucks est dans ses droits. Seulement, notez que la bâtisse à deux entrées, l'une effectivement sur la rue Jean-Talon, mais l'autre sur la rue du Marché-du-Nord, c'est-à-dire une entrée directe sur notre marché public. Il me semble que l'arrondissement et la CGMPM devraient avoir droit de regard sur les commerces qui donnent sur le marché Jean-Talon, afin d'en protéger la mission qui est de nous assurer un lien avec nos producteurs et artisans locaux.

La CGMPM gère nos marchés publics depuis 1993. Je ne sais pas si c'était une bonne stratégie à l'époque. Je sais qu'aujourd'hui, en plus des projets controversés susmentionnés, le marché Jean-Talon est constitué majoritairement de revendeurs qui gonflent les prix. Il en devient difficile de trouver les kiosques des producteurs locaux, et encore plus d'en trouver qui offrent des produits bio (mention spéciale ici au kiosque des Bio locaux de la CAPÉ). À tel point que beaucoup dans le quartier font affaire avec le réseau des fermiers de famille géré par Équiterre. Pourtant, il me semble que s'il y a un endroit au Québec où la population devrait pouvoir se passer du réseau d'Équiterre, c'est bien à proximité du marché Jean-Talon.

Pour faire des marchés publics modernes et qui font réellement la promotion des produits du Québec, la CGMPM ne semble plus être l'entité la mieux placée. Il est temps de repenser la gestion de nos marchés publics et voir si celle-ci devrait revenir aux arrondissements ou à des groupes de citoyens, de producteur et d'artisans plus au fait des enjeux locaux.

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