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La social-démocratie austère de Mulcair

Le NPD de 2011, c'était Jack Layton. Layton, intellectuel consacré autant à l'enseignement universitaire qu'à l'engagement social, a mené sa carrière politique toujours résolument à gauche, aussi bien sur la scène municipale torontoise qu'au NPD. Thomas Mulcair, c'est autre chose.
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Thomas Mulcair martèle que le NPD est un parti social-démocrate. Cela nous apprend-il vraiment quelque chose ? La majorité des partis fédéralistes au Canada, de gauche comme de droite, sont socio-démocrates. L'État canadien est social-démocrate depuis au moins les années 1950, alors que les pays occidentaux ont commencé à offrir des services sociaux à leur population pour réduire la pauvreté et les inégalités. Mulcair est-il un social-démocrate de droite ou de gauche, telle est la vraie question. En 2011, les Québécois ont appuyé le NPD parce qu'ils pensaient que Jack Layton serait le meilleur pour battre Harper. À cette époque, le NPD se définissait encore comme un parti socialiste, donc un parti social-démocrate de gauche. En 2015, force est de constater que Thomas Mulcair n'est pas Jack Layton. Le NPD de 2011, c'était Jack Layton. Layton, intellectuel consacré autant à l'enseignement universitaire qu'à l'engagement social, a mené sa carrière politique toujours résolument à gauche, aussi bien sur la scène municipale torontoise qu'au NPD. Thomas Mulcair, c'est autre chose.

Mulcair, ancien avocat d'Alliance Québec, s'est d'abord fait un nom chez les anglophones par son combat contre la protection du français au Québec. Ensuite, élu du Parti libéral du Québec pendant 13 ans, Thomas Mulcair a participé durant toutes ces années à la mise en oeuvre de politiques de droite. Mulcair était dans l'équipe de Jean Charest alors que son objectif premier était la réingénierie de l'État. Souvenons-nous que c'est à cette époque que la corruption a atteint un niveau endémique au Québec. Coupes budgétaires et corruption vont souvent de pair. En 2001, Mulcair célébrait publiquement les politiques néolibérales de Margaret Tatcher: un « vent de liberté et de libéralisme dans les marchés [qui] a soufflé en Angleterre [1]», disait-il en parlant de son élection à titre de première ministre. En 2004, alors ministre de l'Environnement du gouvernement Charest, Mulcair met la hache dans les subventions accordées aux groupes écologistes qui passent de 2,2M$ à 720 000$ par années. En 2008, il intervient personnellement pour empêcher Hydro-Québec de verser une subvention de 2M$ au Centre québécois d'actions sur les changements climatiques [2].

En 2007, Mulcair a tenté de se négocier un poste dans les hautes sphères du Parti conservateur, comme conseiller de Stephen Harper. Tout porte à penser que le désaccord qui a empêché Mulcair d'obtenir un poste au service de Harper n'était pas idéologique, mais plutôt pécuniaire. Mulcair aurait exigé un salaire de 300 000$ [3]. Comme les Conservateurs n'étaient pas prêts à satisfaire ses demandes, il s'est rabattu sur le NPD. En 2011, quelques mois après le décès de Jack Layton, Mulcair parvient à devenir chef du NPD. En 2013, pour plaire aux milieux financiers, l'ancien ministre de Jean Charest fait retirer l'appellation «socialiste» du programme du parti [4]. Cet été, les médias albertains se réjouissaient de l'appui donné par Mulcair à l'exploitation des sables bitumineux et au projet Énergie Est [5]. Poursuivant sa campagne de séduction des milieux financiers de Toronto et Calgary, Mulcair promet qu'il saura faire des « choix difficiles » pour maintenir l'équilibre budgétaire coûte que coûte [6]. Rejetant l'idée de Justin Trudeau de relancer l'économie par des investissements fédéraux [7], le NPD de Mulcair s'aligne sans le dire clairement sur les politiques de Harper. Tout récemment, la FIQ dénonçait la position du NPD, qui souhaite maintenir les compressions des conservateurs dans les transferts en santé [8]. Il est temps de voir que le NPD a changé, il n'est plus une alternative valable aux autres partis fédéralistes. La social-démocratie de Mulcair: austérité budgétaire et pétrole sale de l'ouest.

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