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Parlez-vous le souverainiste?

Je parle de cette formidable langue de bois, instituée par le PQ mais enrichie gaiement par QS, qui consiste en une série de formules fumeuses et tarabiscotées qui permettent tout juste de porter l'étiquette souverainiste, tout en camouflant le mieux possible une absence totale d'engagement conséquent. La langue souverainiste n'a pas tout-à-fait le même accent selon qu'on la parle chez QS ou au PQ, mais ses codes sont les mêmes.
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Je parle de cette formidable langue de bois, instituée par le PQ mais enrichie gaiement par QS, qui consiste en une série de formules fumeuses et tarabiscotées qui permettent tout juste de porter l'étiquette souverainiste, tout en camouflant le mieux possible une absence totale d'engagement conséquent.

La langue souverainiste n'a pas tout-à-fait le même accent selon qu'on la parle chez QS ou au PQ, mais ses codes sont les mêmes. Il s'agit de quelques mots passe-partout qui, alignés dans le bon ordre, ne veulent absolument rien dire, sauf pour les souverainistes convaincus qui y trouvent généralement tout juste de quoi nourrir un mince espoir.

Quand ils sont en campagne, quand ils veulent des votes et du financement, le PQ et QS parlent le souverainiste avec ardeur. C'est le cas chez QS actuellement, alors que Françoise David a même réussi à laisser croire, en plein débat des chefs devant plus d'un million de personnes, que son parti s'engageait à faire un référendum sur l'indépendance, ce qui est rigoureusement faux. Qu'importe, puisque QS, si on se fie aux sondages, ne risque pas trop d'avoir à assumer les insinuations de Mme David.

Il en fut de même pour le Bloc québécois, qui, aux dernières élections canadiennes, s'était mis à parler furieusement souverainiste en fin de campagne.

Par contre, quand le pouvoir semble à portée de main, manier le souverainiste doit se faire avec beaucoup de prudence. Ainsi, quand Pierre Bruneau a demandé à Pauline Marois, lundi soir, si elle ferait un référendum, nous avons eu droit à du souverainiste extrême; Madame Marois, dans une excellente immitation de Catherine Dorion, a répondu à-peu-près ceci : " lkjghsd, woiuyd, k akaskduyq dkjbv qiu gd'opiuepuckhgd ijd slkjpoif lshoghspow qpou." Du moins, c'est ce que l'auditeur de TVA aura compris.

Le souverainiste, comme toutes les langues, c'est aussi une culture, un état d'esprit, une histoire. Ainsi, la culture souverainiste comporte des traditions, dont celle des rassemblements, manifestations et groupes de réflexion en tout genre. Justement, Québec solidaire organise un rassemblement "pour la souveraineté" dans les prochains jours. Rien de tel, en pleine campagne, pour donner l'impression qu'il se passe quelque chose. Je serais bien curieux de savoir combien de centaines d'événements occupationnels de tout accabit, petits et grands, ont eu lieu en mode souverainiste depuis une vingtaine d'années. Toutes ces énergies, tout cet argent, toute cette bonne volonté, canalisés en pure perte au profit de partis politiques essentiellement clientélistes.

Clientélisme. Je sais que le mot est dur et me vaudra quelque réprobation. Surtout en parlant de QS, qui se réclame du coeur, de la vertu, de la justice et d'une façon plus noble de faire de la politique. Eh bien je regrette, mais le souverainisme de QS est d'une duplicité exemplaire, qui n'a rien à envier aux pires accès d'opportunisme des partis politiques dits "vieux". QS, je le rappelle, propose un référendum dont on ne connaît pas le sujet, qui serait déterminé par une assemblée élue ayant carte blanche. En outre, sauf devant des publics choisis et à quelques moments "opportuns", QS ne fait aucune promotion souverainiste soutenue.

En ce qui me concerne, et je crois ne pas être le seul à penser ça, un parti vert propose des mesures vertes, un parti conservateur propose des politiques conservatrices, le Bloc pot propose le pot (!)... et un parti qui se dit souverainiste propose la souveraineté. Pas la "souveraineté populaire" saupoudrée un peu partout dans le programme de QS, pas le gossage de pouvoirs provinciaux et les nananes identitaires du PQ. Non, la souveraineté de notre état, l'indépendance nationale du Québec.

Plaider cette évidence, et refuser de m'emberlificoter dans un discours plein d'impasses, de doubles-sens et de sous-entendus, ne fait pas de moi un "pressé", ni un radical, ni un "pur-et-dur". Depuis des années, les souverainistes ne parlent qu'aux souverainistes. Il est temps de briser cette mauvaise habitude.

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