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Je ne vois pas le maintien des libéraux au pouvoir -- provisoirement, s'entend -- comme la fin du monde et la pire des calamités, dans la mesure où ce serait le prix à payer pour la préparation d'une offre indépendantiste forte et cohérente...
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C'est une chose difficile à dire. Pas sur la rue, mais dans le microcosme péquisto-souverainiste, où elle fait figure d'hérésie. Je vais la dire quand même, conscient de l'opprobre qui s'ensuivra: je ne vois pas le maintien des libéraux au pouvoir -- provisoirement, s'entend -- comme la fin du monde et la pire des calamités, dans la mesure où ce serait le prix à payer pour la préparation d'une offre indépendantiste forte et cohérente, sachant que le Parti québécois met l'indépendance au rancart pour l'avenir prévisible et qu'il faudra beaucoup de travail pour le remplacer ou pour le réaligner durablement.

Qu'on me comprenne bien: j'abhorre le Parti libéral du Québec/Quebec Liberal party. Il produit des gouvernements qui oscillent quelque part entre l'intendance provinciale sans envergure et l'escroquerie pure et simple, le tout à l'enseigne de la soumission totale et sans condition à la tutelle canadienne. Je le sais. Toutefois, je n'adhère absolument pas à la thèse simpliste et archi-partisane des ténors péquistes qui martèlent que tout ce que nous connaissons aujourd'hui disparaîtra subitement dans un immense vortex maléfique si les libéraux sont de nouveau portés au pouvoir, et qu'il est impératif pour les concurrencer de laisser tomber l'indépendance en se posant comme gérants de notre assimilation tranquille à leur place.

Il y a plus d'une décennie, Bernard Landry répétait sur toutes les tribunes que le gouvernement Charest était le pire de l'histoire. On dit la même chose du gouvernement Couillard depuis ses premiers mois en exercice, et qui, dans les plus vieux, ne se souvient pas de tout le mal que nous pensions du gouvernement Bourassa, à l'époque où Jean-François Lisée traitait le premier ministre libéral de tricheur et de naufrageur. Sommes-nous plus avancés aujourd'hui? Le message a-t-il été entendu? La situation actuelle parle d'elle-même à cet égard. Sans projet indépendantiste au PQ, la gauche est partie s'occuper d'autres priorités, le centre-droit flirte avec la CAQ et les indépendantistes restent chez eux. Ça nous fait une belle jambe.

N'en demeure pas moins qu'un PQ dirigé par Jean-François Lisée peut espérer prendre le pouvoir en 2018. Tant mieux pour ceux dont c'est le souhait le plus cher. Pour quelle raison, cependant, des indépendantistes priorisant l'atteinte de leur objectif devraient-ils tout miser sur cette éventualité, qui signifie aussi le maintien indéfini du cadre provincial et le risque d'une dépréciation constante de la marque indépendantiste? Pour le nationalisme? Quel nationalisme? Celui des positions légendairement molles de M.Lisée sur la protection de la langue française? Celui d'une autre ronde de foires d'empoigne stériles sur un thème, la laïcité, déjà surexploité? Ou pour le progressisme? Celui d'un appui sans équivoque à des accords de libre-échange suscitant de fortes réticences de gauche à droite, et promus béatement par Justin Trudeau? Celui des louvoiements constants en matière environnementale?

Il subsiste certainement de bonnes raisons d'appuyer le Parti québécois. Mais il en existe de tout aussi bonnes et légitimes de faire d'autres choix, en fonction d'une démarche indépendantiste franche à laquelle on désire donner les meilleures chances de réussite. Ces choix-là requièrent une mise en perspective devant laquelle brandir l'Armageddon en 2018 n'a que peu d'effet. Amis péquistes, trouvez mieux.

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