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Comment la science peut éliminer la pauvreté

Si nous avons quelque peu perdu foi en nos experts, il ne faudrait surtout pas ne plus croire en la science, qui a une incidence profonde. La mise au point de variétés de plantes résistant à la sécheresse peut aider à nourrir les populations démunies de la planète. La nanotechnologie peut faire chuter considérablement le coût de production de l'eau potable. Et la science ouverte - de nombreux scientifiques s'attaquant à un même problème en même temps - peut permettre de progresser beaucoup plus vite.
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AP Photo/Jim R. Bounds

L'année a été dure pour les experts. Le Printemps arabe et la crise financière mondiale ont ébranlé la confiance de la population envers les analyses de spécialistes. La réputation de la communauté scientifique a elle aussi souffert dans la foulée de l'incident nucléaire survenu au Japon.

Si nous avons quelque peu perdu foi en nos experts, il ne faudrait surtout pas ne plus croire en la science, qui a une incidence profonde. Les vaccins ont eu raison de la variole, les nouvelles technologies lient les êtres humains comme jamais auparavant, et l'innovation a permis à des millions de personnes de se sortir de la pauvreté dans certains pays, dont la Chine, l'Inde et le Brésil. La science devrait continuer d'améliorer les conditions de vie, en particulier dans les pays les plus pauvres.

Je ne préconise pas une confiance aveugle en la science. Elle nous a souvent fait emprunter des voies regrettables, par exemple l'utilisation généralisée du DDT dans les années 1950. Et en raison du développement non durable des dernières décennies, nous sommes aujourd'hui aux prises avec les changements climatiques et des pénuries d'aliments, d'eau et d'énergie.

Je ne dis pas ici que la science pourra, à elle seule, résoudre ces énormes problèmes. Pour ce faire, des institutions plus solides et une meilleure gouvernance s'imposent également. Il reste que, pour un scientifique s'intéressant à l'atténuation de la pauvreté, il s'agit d'une époque fort intéressante.

La mise au point de variétés de plantes résistant à la sécheresse peut aider à nourrir les populations démunies de la planète. La nanotechnologie peut faire chuter considérablement le coût de production de l'eau potable. Et la science ouverte -- de nombreux scientifiques s'attaquant à un même problème en même temps -- peut permettre de progresser beaucoup plus vite.

Tout récemment, une percée a démontré le bien-fondé de cette façon de faire. Deux équipes d'adeptes d'un jeu vidéo en ligne ont aidé à décoder la structure d'une enzyme proche de celle du VIH. Ils n'ont mis que trois semaines à solutionner une énigme qui tenait les scientifiques en échec depuis dix ans.

Mais comment faire en sorte que la science et l'innovation concourent à un développement durable et équitable plutôt qu'à la création de nouveaux problèmes ?

Primo, il est nécessaire de renforcer les capacités scientifiques à l'échelle locale. Il est possible de faire en sorte qu'au lieu d'importer le savoir-faire scientifique, les gens acquièrent les compétences dont ils ont besoin pour résoudre leurs propres problèmes.

À titre d'exemple, Daphney Singo est déterminée à contribuer à remédier à la crise de l'énergie qui sévit dans son pays, l'Afrique du Sud. Fille de domestique, cette candidate au doctorat en physique nucléaire est diplômée de l'African Institute for Mathematical Sciences (AIMS), qui offre une formation rigoureuse en mathématiques à des étudiants africains des cycles supérieurs. Le gouvernement du Canada consacre 20 millions de dollars à l'initiative À la recherche du prochain Einstein de l'institut (AIMS-NEI).

Secundo, la science doit être placée sous le signe de la collaboration. De nombreux problèmes font fi des frontières et sont trop complexes pour qu'un pays parvienne à les régler à lui seul.

Prenons, par exemple, une autre initiative soutenue par le Canada. Jianhong Wu, titulaire d'une chaire de recherche du Canada à l'Université York, et Yiming Shao, expert scientifique en chef au Center for Disease Control, en Chine, exécutent ensemble des travaux en vue de prédire et de contenir la propagation du VIH et de diverses maladies, dont l'influenza aviaire. Une collaboration de cet ordre aide non seulement la Chine et le Canada, mais la planète tout entière, car elle permettra de protéger les populations de tous les pays.

Tertio, la science doit être caractérisée par l'interdisciplinarité et le souci d'inclusion. Dans les sociétés où l'on se préoccupe le plus de la durabilité et où l'équité règne le plus, les sciences sociales occupent une place de choix, aux côtés des sciences naturelles et appliquées. Les sciences sociales aident à poser les questions qui comptent au sujet de l'orientation de la recherche scientifique et de la répartition équitable des investissements en innovation, ainsi qu'à déterminer quels sont les avantages et les risques.

Il est tout à fait sain de douter de la capacité de la science à résoudre les problèmes de la planète. Cependant, lorsqu'elle aide à renforcer les capacités locales et qu'elle est rigoureuse, interdisciplinaire et menée de manière concertée, la science peut être un outil puissant dans la lutte contre la pauvreté. Elle pourrait même faire en sorte que nous retrouvions un peu foi en nos experts.

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