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Aidez les femmes victimes de torture dans les prisons russes

Ils vous battent une fois, puis vous attrapent par les cheveux, frappent votre tête contre la machine à coudre et vous traînent dans une cellule de punition, où ils vous battent avec leurs mains, leurs pieds, ou ils enlèvent la courroie de la machine à coudre et vous fouettent avec.
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Vika Dubrovina, détenue en Mordovie, aurait passé un mois en isolement cellulaire parce qu'une amie a protesté contre les conditions de détention.

Pourquoi est-il important pour moi de travailler avec le système pénitentiaire russe? La réponse est simple. Parce que les jeunes filles et femmes derrière les barreaux me disent: "Je rêve d'attraper la tuberculose pour pouvoir sortir de la prison IK-2!". Ces femmes savent où aller après leur libération, elles ont des parents et des enfants. Mais elles sont humiliées, réprimées, dépourvues de toute volonté de vivre, à tel point qu'elles sont prêtes à s'inoculer une maladie grave - pour une seule et unique raison: quitter la prison pour un hôpital pénitentiaire. Une prison dans laquelle elles sont battues à coups de matraque, de barres de fer et de bottines, dans laquelle elles dorment quelques heures par jour, et où, enfin, elles traînent des blocs de ciment, sont torturées et tuées.

C'est pourquoi nous mettons sur pied "Justice Zone", une plateforme permettant aux personnes soucieuses d'améliorer le quotidien de prisonnières, dont les vies sont broyées sous le système pénal russe, d'agir de concert.

Pendant notre temps d'incarcération, l'administration a tenté de nous réduire au silence, Masha Aloykhina et moi, en mettant la pression sur les prisonnières qui étaient les plus proches de nous. On essaie maintenant de serrer la vis quant aux activités de "Justice Zone" en prenant en otage l'amie de l'un de nos collègues travaillant dans les droits de l'homme.

Kira Sagaydarova, notre collègue à Justice Zone, a été libérée il y a cinq mois de la prison IK-2 et est désormais activement impliquée dans notre effort pour changer la situation dans les prisons. Kira a récemment accordé plusieurs interviews dans lesquelles elle a évoqué de flagrantes violations et la violence systémique régnant dans la IK- 2. Voici quelques moments de vie que Kira a partagés:

"Lors des six premiers mois, ils s'attellent à vous tuer. Rizhov, responsable de la zone industrielle, exige que les superviseurs du magasin de couture respectent un certain quota, mais ils ne parviennent jamais à ce quota, car les nouvelles arrivantes ne savent pas encore coudre. Donc les superviseurs les battent. Ils vous battent une fois, puis vous attrapent par les cheveux, frappent votre tête contre la machine à coudre et vous traînent dans une cellule de punition, où ils vous battent avec leurs mains, leurs pieds, ou ils enlèvent la courroie de la machine à coudre et vous fouettent avec.

"La plus grande part des faits de violence ayant lieu dans la colonie sont à mettre sur le compte des superviseurs. Ils font ce qu'ils veulent et manipulent la vie des autres comme bon leur semble. Ils m'ont frappé le dos de toutes leurs forces, ma tête, peu importait où. Je suis tombée et j'ai pleuré à de nombreuses reprises, et je ne peux même pas faire une liste exhaustive de tout ce qui s'est passé là-bas. Ils s'en foutent. À une époque ils nous aspergeaient d'eau froide dans une cellule de punition en plein hiver! "

Vika Dubrovina est une amie de Kira, qui est encore en prison. À la mi-novembre Kira n'a soudainement plus reçu de lettre de Vika. Le 25 décembre, Vika est parvenue à appeler sa mère, elle lui a dit qu'elle avait passé la totalité du mois au mitard.

Voici ce qu'a dit la mère de Vikra: "Vika a appelé en pleurs et m"a dit qu'à cause d'une interview donnée par Kira, Vika avait été déjà placée deux fois pendant 15 jours en cellule de punition, où on l'a informée qu'elle serait transférée en SUS."

Les SUS sont des baraquements verrouillables où les détenus n'ont pas le droit de voir leurs famille/amis, ni d'utiliser un téléphone. Les chefs de prison de la IK-2 ne nient pas le fait que Vika sera maltraitée tant que son amie Kira, désormais libre, continuera de parler des prisons de Mordovie.

La première fois que Vika a été placée en cellule de punition, c'était pour une étiquette. Un employé pénitentiaire s'est approché d'elle, a déchiré l'étiquette avec son nom et annoncé qu'être en prison sans étiquette porteuse de son nom est une violation pour laquelle elle écoperait de 15 jours dans l'isolateur à glace (cellule de punition froide).

Après 15 jours, Vika est sortie de la cellule de punition. Elle a passé la nuit dans les baraques principales avec les autres prisonnières. Le jour suivant, elle a été convoquée par le directeur de l'établissement qui lui a annoncé qu'elle était à nouveau punie pour la forme de son habit, pour certaines irrégularités sur sa veste, et qu'elle serait à nouveau envoyée en cellule de punition pour une deuxième période de 15 jours.

Le 26 décembre, le lendemain de la deuxième période de 15 jours en isolement dans une cellule de punition, Vika a été enfermée une troisième fois dans l'isolateur sous un autre prétexte fallacieux. Au total, Vika aura été détenue 45 jours en cellule de punition. À la mi-janvier, lorsqu'elle sera à nouveau libérée, les responsables d'IK-2 trouveront une autre excuse pour la punir encore parce que son amie Kira dévoile ce qui se passe dans la prison.

Aux côtés de la mère de Vika, nous avons déjà déposé plainte auprès du Procureur général et du Ministère public de Mordovie et avons envoyé une requête à la cour de Zubova Polyana, en Mordovie, pour demander à ce que les trois épisodes d'isolement de Vika soient déclarés illégaux.

Les réponses des procureurs et de la cour prendront plusieurs semaines, mais nous avons besoin d'une réponse immédiate, aujourd'hui, maintenant. Nous devons faire comprendre aux directeurs de prison à la IK-2 et au système pénitentiaire mordovien qu'ils ne peuvent pas châtier impunément Vika Dubrovina parce qu'une amie à elle évoque la situation dans la prison.

Pour cette raison, nous encourageons toute personne encore sensible au mal (que Vika affronte en ce moment) de montrer aux autorités de Mordovie que leurs agissements seront punis. En ce moment, des centaines de plaintes ont été soumises par ceux qui ont répondu à notre appel, des gens qui ne sont pas indifférents.

Nous espérons que l'examen public fera que les sanctions illégales seront abandonnées et de nouvelles ne soient pas imposées.

1) Voici les numéros à appeler pour mettre fin à la torture de Vika.

Personne en charge de la prison IK-2 en Mordovie: 011-7-834-572-26-40

Personne en charge du système pénitentiaire en Mordovie:

011-7-834-572-28-74, 011-7-834-575-02-57

Personne en charge du système pénitentiaire en Russie: 011-7-495-982-19-00

2) Envoyez la plainte aux autorités compétentes, ici en anglais et ici en russe.

3) Partagez cet article sur les réseaux sociaux, et demandez à vos amis d'appeler et d'envoyer la plainte.

Vika doit encore passer trois ans dans cette prison. En 10 minutes et grâce à ces trois étapes simples, vous pouvez avoir une influence sur le destin d'une fille qui attend dans une cellule gelée parce que son amie a décidé de s'exprimer afin que tout le monde sache ce qui se passe dans la prison IK-2 en Mordovie.

Nadia Tolokonnikova a récemment été libérée de la prison sibérienne où elle a été incarcérée -- aux côtés d'autres membres des Pussy Riot -- plus de 21 mois pour participation à la manifestation "prière punk" en opposition au président russe Vladimir Poutine. Nadia partage avec le Huffington Post ses réflexions sur sa période d'emprisonnement. Texte traduit par Natasha Fissiak, productrice du documentaire Free Pussy Riot!

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