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Un siècle de déni. Et après?

C'est comme si c'était hier pour les Arméniens, qui commémorent tous les 24 avril le génocide de leur peuple. À l'opposé, pour les Turcs, cette histoire n'existe pas.
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Ça s'est passé il y a un siècle, mais c'est comme si c'était hier. Du moins pour les Arméniens, qui commémorent tous les 24 avril depuis plus de 100 ans le génocide de leur peuple.

À l'opposé, pour les Turcs, cette histoire n'existe pas.

Les événements de 1915 constituent jusqu'à aujourd'hui un des débats les plus controversés. Ils sont même un sujet tabou en Turquie, où la simple mention du génocide arménien peut résulter en un emprisonnement. Une rééducation du peuple turc est nécessaire pour supprimer le silence et conscientiser la société turque face à son histoire.

Bien que les déportations, le massacre et la torture des Arméniens remontent à plus de 100 ans, le génocide et les crimes contre l'humanité restent d'actualité. Comme les nouvelles nous le montrent quotidiennement, l'épuration ethnique et les massacres génocidaires font encore malheureusement partie de la politique de certains États.

Lorsqu'un gouvernement tue ses propres citoyens et reste impuni par la communauté internationale, il peut en inspirer d'autres. En pleine préparation de son projet d'extermination des juifs, Adolf Hitler aurait ainsi mentionné les Arméniens pour se justifier : «Qui parle encore aujourd'hui de l'anéantissement des Arméniens?»

De nos jours, nous encourageons de plus en plus la réconciliation entre peuples. Oui, nous éprouvons des sentiments de colère et d'impuissance devant les atroces images parvenues du Rwanda, de la Serbie, de la Bosnie, de la Somalie, du Soudan, de la Syrie, etc., mais nous favorisons un discours pacifique. Dans cet ordre d'idées, plusieurs gouvernements (Australie, Canada, etc.) ont mis en place ces dernières années des comités de réconciliation et de vérité pour mettre un peu de baume sur les plaies.

Dans le cas du génocide arménien, une telle mesure est-elle envisageable?

D'un point de vue éthique, il est évident que c'est une approche morale et juste. L'implantation d'une idéologie de pardon, au lieu d'une politique de la mémoire des conflits passés, prévient d'une certaine façon la production de nouvelles catastrophes. Elle nous permet de continuer à avoir espoir qu'un jour nous vaincrons la violence et les crimes contre l'homme.

Par contre, la réconciliation implique un «coût» aux victimes, car en pardonnant leur bourreau, elles doivent mettre de côté tout désir de compensation pour les injustices vécues par leur peuple. Elles seules ont le pouvoir d'accepter la diminution, ou même l'abolition, de cette mémoire qui les hante.

La géolocalisation de l'Arménie et de la Turquie étant ce qu'elle est, les gouvernements des deux pays n'ont pas d'autres choix que de favoriser la création de liens politiques, économiques et culturels. Pour y arriver, un dialogue doit évidemment se développer entre l'Arménie et la Turquie. Tout en ne remettant pas en question les faits des événements de 1915, la Turquie doit démontrer sa volonté de parler du génocide arménien. C'est ce que ferait un gouvernement démocratique qui veut accéder depuis des années à l'Union européenne. Et encore, ce même gouvernement reconnaîtrait le tort causé par ses ancêtres à toute une nation et demanderait pardon en leurs noms!

Ce n'est qu'à ce moment qu'une petite lumière d'espoir pourrait éclairer le long tunnel sombre du négationnisme.

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Mai 2017

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