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Qatar et Turquie, uniques parrains du Hamas

Alors que la crise de Gaza fait rage et que les Israéliens avançaient dans leur opérations terrestres, la machine diplomatique internationale s'est mise en mouvement pour parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
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Alors que la crise de Gaza fait rage et que les Israéliens avançaient dans leur opérations terrestres, ajoutant d'avantage de victimes civiles à celles nombreuses provoquées par les raids aériens, la machine diplomatique internationale s'est mise en mouvement pour parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Les ministres des affaires étrangères d'Italie, d'Allemagne et de France se succèdent dans la région sans parler de la visite du Secrétaire général de nations unies Ban Ki Moon.

De toutes ces initiatives dont le contenu n'a pas encore été révélé au grand public, le Qatar et la Turquie sont apparus comme des acteurs essentiels dans cette crise au point que la France par la voix de son ministre des affaires étrangères Laurent Fabius demande explicitement au Qatar d'user de son influence pour convaincre le Hamas d'accepter une solution de sortie de crise. Par ailleurs la direction du Hamas a fait savoir par plusieurs canaux qu'elle aimerait voir la Turquie de Tayeb Erdogan jouer un rôle dans ses futures négociations avec Israël.

Le Hamas avait refusé les termes de la trêve proposée par l'Egypte de Abdelfatah Sissi, préférant que la Turquie puisse parrainer une telle initiative. Ce qui a eu le don de jeter l'huile sur le feu des relations déjà enflammée entre le Caire et Ankara. D'ailleurs Rajab Tayeb Erdogan s'est distingué cette semaine par une violente charge contre l'Egypte et son Rais le qualifiant de "tyran" et remettant la question de sa légitimité sur la table.

La Turquie de l'Islamiste Tayeb Erdogan entretient une grande solidarité avec le Hamas devenue historique. Ses relations avec Israël ont subi une dégradation majeure après que les forces israéliennes aient abordé de manière violente la bateau Marmara qui faisait partie de la flottille "Free Gaza" destinée en 2010 à casser le blocus. Les relations entre Israéliens et Turcs furent durablement atteintes après cet épisode.

Durant le long blocus de Gaza, la Turquie par le biais du pouvoir islamiste qui la gouverne fut l'une des rares voix à dénoncer cette politique israélienne dans les forums internationaux. Ce qui rajouta de la tension dans les relations entre les deux pays. Une grande illustration fut donnée par le célèbre clash entre le premier ministre Erdogan et Shimon Pérès au Forum de Davos de 2009.

Avec le Qatar, les relations avec Hamas font partie de la grande stratégie de l'émirat dans son soutien au mouvement des frères musulmans dans le monde. Le père de l'actuel Émir, le cheikh Hamad et son épouse la célèbre Cheikha Mouza avaient frappé les imaginations par leur importante visite à Gaza en 2012 et les lourds investissements qataris dans ce morceau du territoire palestinien transformé par les israéliens en prison à ciel ouvert pour les palestiniens. Cette visite de cheikh Hamad qui est intervenue au moment de l'accession des frères musulmans au pouvoir dans un certain nombre de pays arabes dans le sillage du printemps arabe, fut interprétée comme une tentative de rééquilibrage de l'équation palestinienne au profit du Hamas après avoirs longtemps penché au profit du Fatah de Mahmoud Abbas.

La relation entre le Qatar et le Hamas est si intime et si active que Doha qui assume le rôle de "canal de communication " entre le Hamas et la communauté internationale, abrite des rencontres entre son hôte le chef du Hamas khaled Mechaal et le président de l'autorité Mahmoud Abbas ou le Secrétaire général des nations unies Ban Ki Moon.

Après avoir été lâché par l'Egypte, l'Arabie Saoudite et la Syrie, le Hamas cherchera sans doute à négocier une sortie sous le double parapluie turc et qatari. L'intervention de ces deux acteurs régionaux majeurs est de nature à participer à limiter les dégâts du mouvement Hamas face à la machine de guerre israélienne que rien, même l'indignation internationale la plus aiguë, ne semble dissuader.

Dans cette nouvelle perspective, force est de remarquer le silence parlant des autorités iraniennes. D'habitude si prompts à afficher leur solidarité avec les palestiniens qui luttent contre Israël, les iraniens ont brillé cette fois par un service minium. Sans doute influencés par les impacts de la crise syrienne, irakienne et les tractations sur son arsenal nucléaire.

Ironie de l'histoire et de la carte géopolitique de la région, les deux seuls pays dont Hamas accepte une médiation sont donc le Qatar et la Turquie qui, comme par hasard, se trouvent être de grands alliés miliaires et stratégiques de Washington. Le Qatar abrite la plus grande base miliaire américaine hors frontière, la célèbre et non moins mystérieuse base Al Udeid. Tandis que la Turquie est un précieux membre de l'Alliance Atlantique. Si précieux pour la stratégie de la maison blanche que les américains font régulièrement du forcing auprès des européens pour défendre les intérêts turcs au risque parfois de courroucer leurs alliés traditionnels européens. Ce paramètre n'est pas à négliger dans le contexte actuel.

Sauf à penser qu'Ankara et Doha puissent agir en dehors de toute concertation internationale, cette intimité politique entre le Qatar et la Turquie d'un côté et l'administration américaine de l'autre, laisse penser que toute solution ou médiation que proposeront les parrains du Hamas ne pourra se faire sans la bénédiction implicite de l'administration américaine. Bien entendu les qataris se bornent officiellement à leur rôle de "go between" en affirmant que: "Le Qatar ne fera aucune pression sur le Hamas pour qu'il réduise ou modifie ses exigences; le Qatar n'agit que comme canal de communication".

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