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J'ai cru que ma vie était finie. En fait, elle ne faisait que commencer

Le 17 novembre 2012, j'aurais dû mourir sous les yeux de mon fils de 5 mois hurlant et pleurant. Ce soir-là j'ai compris que j'allais mourir pour rien. J'ai compris que tout ça ne pouvait pas durer. Aujourd'hui, je suis en vie, j'ai de la chance, et je le sais.
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Un article qui ne plaira pas à tout le monde et que je n'étais pas prête à écrire avant. Oublier le passé n'est pas une solution, je préfère l'assumer et avancer.

"En 2012, 148 femmes et 26 hommes sont décédés, victimes de violence conjugale. Par ailleurs, 13 enfants ont été victimes de violences mortelles par un de leur parent et 23 enfants ont été témoins d'un crime familial."

Il y aurait pu avoir 149 femmes et 24 enfants témoins. Le 17 novembre 2012, j'aurais dû mourir sous les yeux de mon fils de 5 mois. La continuité d'un enfer commencé en 2008. Un amour totalement destructeur.

Ce soir-là, j'ai compris que j'allais mourir pour rien. Sous les yeux de mon fils hurlant et pleurant. J'ai compris que tout ça ne pouvait pas durer. Les frissons à chaque fois que j'entendais la clef dans la serrure, la peur de dire ou faire quelque chose qui le mettrait en colère, la peur de déranger, la peur d'être moi.

Ce soir-là, j'ai compris que je ne voulais pas de ça pour mon fils. J'ai compris qu'il méritait mieux que de voir ça. Mieux qu'une mère qui pleure chaque nuit, mieux qu'une mère qui se détruit, mieux qu'une mère en sursis.

Le 17 novembre 2012 j'ai dû faire un choix. J'ai choisi mon fils à défaut de me choisir moi

La violence n'a pas pris fin ce soir-là, mais mon couple si. Le lendemain je commençais une nouvelle vie.

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Photo: Morgane PJ

Ça a été dur et ça l'est d'ailleurs encore aujourd'hui. En 3 ans, je n'ai pas rempli tous mes objectifs. Je n'ai pas le permis, pas de boulot, je n'ai pas atteint les 78 kilos qui m'allaient si bien avant d'en faire 145 grâce à Monsieur, et surtout, je suis loin d'être guérie de ce qu'il m'a fait vivre.

Mais en 3 ans j'ai obtenu mon diplôme à l'École des Plantes. Je suis devenue végétalienne et j'ai arrêté de fumer. J'ai perdu 50 kilos et, surtout, je ne les ai pas repris. J'ai trié et rangé mon appartement pour vivre avec l'essentiel. J'ai élevé un petit garçon merveilleux qui deviendra un homme formidable.

Et surtout, j'ai appris à m'entourer des bonnes personnes

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Photo: Morgane PJ

J'ai perdu tous mes "amis" de l'époque. Certains ont coupé les ponts après mes révélations. Pour d'autres, j'ai moi-même mis fin à des relations toxiques. À vous, "mes amis" qui m'avez laissée mourir à petit feu sous vos yeux, je vous pardonne.

Même à toi "ma soeur de coeur" qui m'a convaincue que j'avais de la chance qu'il veuille de moi. Alors que j'avais encore la trace de ses doigts autour de mon cou et des bleus partout. Je te pardonne.

À toi aussi "mon amie" qui fumait ta clope en le regardant me sortir de force de la voiture et me traîner à terre par les cheveux alors que j'allaitais mon fils de 3 mois. Toi qui l'a aidé à me détruire et vis dorénavant avec lui et votre enfant. Oui, je vous pardonne à tous et je vous remercie.

Après quelques temps, seule et persuadée que l'amour et l'amitié n'existaient pas, j'ai pu me concentrer sur moi et apprendre à m'aimer, ce qui m'a permis peu à peu d'ouvrir mon coeur aux bonnes personnes.

Le 17 novembre 2012, j'ai cru que ma vie était finie. En fait elle ne faisait que commencer. Et aujourd'hui, je fais de nouveaux choix pour mon fils et moi.

Merci à ceux qui me soutiennent chaque jour. Ceux qui sont là pour mon fils et pour moi, ceux qui m'écoutent sans me juger, ceux qui me conseillent sans me forcer, ceux qui m'ont réconciliée avec l'amour et l'amitié.

J'ai eu de la chance et je le sais. Je vis pour celles qui n'en ont pas eue

J'entends encore beaucoup de clichés sur la violence conjugale. On imagine que cela n'arrive pas près de chez soi. Mais cette violence peut se trouver dans n'importe quelle maison. Peu importe nos origines, nos revenus, nos boulots. N'imaginez pas que les monstres ont forcément une gueule de monstre. Plus ils sont polis et adorables en public, plus l'enfer peut durer.

À ceux qui se demandent pourquoi on ne dit rien : parce qu'on ne peut pas. La honte, la peur, la culpabilité, peu importe la raison, parler nous paraît souvent impossible.

En plus, dans ce genre de relation toxique, le manipulateur est expert pour garder sa victime : déclaration d'amour, isolement, menaces, tout est bon pour garder le pouvoir.

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