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Charte: à quoi servent des audiences publiques quand les esprits sont fermés?

Je trouve tellement mesquin et de mauvaise foi que Mme Marois et son ministre Drainville fassent tout un plat à propos des audiences publiques sur le projet de la Charte qui se tiennent devant un comité parlementaire. C'était comme si ces débats allaient nous prouver que nous vivons bel et bien dans une démocratie.
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Je trouve tellement mesquin et de mauvaise foi que Mme Marois et son ministre Drainville, avec la complicité de la majorité de la presse, fassent tout un plat à propos des audiences publiques sur le projet de la Charte qui se tiennent devant un comité parlementaire. C'était comme si ces débats allaient nous prouver que nous vivons bel et bien dans une démocratie. Allons Pauline, nous ne sommes pas dupes à ce point ! Quand des voix comme celles du sociologue Gérard Bouchard, du philosophe Charles Taylor ou du président de la Commission des droits de la personne Jacques Frémont sont ignorées ou simplement rejetées du revers de la main, on commence à se poser de sérieuses questions.

À quoi ça sert tout ce tapage médiatique alors que nous savons parfaitement que la position du gouvernement ne bougera pas d'un iota? Pourquoi vouloir donner l'impression qu'il y a un débat alors que la décision a été déjà prise et que le Parti québécois aimerait tant partir en élection sur la question de la Charte pour gagner la majorité dont il rêve? Bravo, Machiavel n'aurait pas fait mieux! Un débat est l'occasion d'échanger des points de vue avec l'éventualité implicite que chacune des parties relâche un peu de la corde pour trouver un terrain d'entente. Malheureusement, ce n'est pas ce que nous entendons et nous percevons de la part de M. Drainville et des ses amis.

Et pourtant, un débat similaire sur les accommodements raisonnables a eu lieu devant la commission Taylor-Bouchard. On nous avait présenté les dérapages de l'époque, pour ne pas dire les propos franchement racistes et xénophobes, on nous avait dit que c'était une sorte de soupape à vapeur, une façon pour que les esprits trop échauffés des deux côtés de la barrière relaxent et fassent sortir ce qu'ils avaient sur le cœur. On pensait qu'une fois la commission de Taylor-Bouchard terminée, la poussière retomberait graduellement et que les choses reviendraient à la «normale». Hélas, c'était rêver en couleur! Le projet de Charte des valeurs a ressorti les vieux cadavres des armoires. Et au lieu de proposer des projets rassembleurs afin d'enterrer ces cadavres, les politiciens sont en train de verser de l'huile sur le feu en faisant semblant qu'ils jouent le jeu de la démocratie. Une drôle de démocratie puisque celle-ci se fait sur le dos des plus vulnérables de la société!

Quand le Québec vivait sous la domination des Anglais, et que plusieurs lois favorisaient l'embauche des anglophones, les Québécois se sont rassemblés, ont mis leurs efforts ensemble pour casser les chaines de la pauvreté et de l'humiliation qui les tenaient par-derrière. Aujourd'hui, il est étrange de voir que ce même peuple, sous prétexte de préserver l'identité québécoise, se retourne contre des communautés minoritaires qui essaient tant bien que mal de participer à la vie économique du pays en travaillant et en y contribuant .

Désolée d'en offenser plus d'un, mais l'identité québécoise réside uniquement dans le français. Et pas dans les kippas, ni dans les hidjabs, ni dans les mini-jupes. Au lieu de mener sa bataille pour le fait français, améliorer la qualité du français qui se parle et s'écrit dans les écoles, les universités et dans les lieux de travail, Pauline Marois a choisi la bataille la plus facile: celles des communautés ethniques. Peut-être qu'elle la gagnera. Non pas parce que son parti est le plus fort ou parce que ses arguments sont les meilleurs, mais surtout parce que la proie choisie est vulnérable et que la politique de division paie toujours dans un climat de peur. Mais attention Mme la première ministre, la politique de division a parfois un effet boomerang: le gain d'aujourd'hui pourrait être la perte de demain.

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