Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Crash d'EgyptAir MS804, le malaise terroriste

Le crash soudain de l'avion EgyptAir, MS804, soulève une question: pourquoi un pays devient, en six mois, la cible ou l'objet d'une série d'incidents aériens ?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

L'Égypte, objet d'incidents aériens

Le crash soudain de l'avion EgyptAir, MS804, soulève la question relative au pourquoi un pays devient, en six mois, la cible ou l'objet d'une série d'incidents aériens. Lorsqu'un avion disparaît surgissent les deux hypothèses inévitables : accident technique ou attentat terroriste ? Seules les données de l'enquête et l'écoute de la boite noire sont les éléments qui permettent de tirer une conclusion définitive. Mais avec la disparition du vol EgyptAir, Paris-Le Caire, le constat montre que les incidents aériens se multiplient en Égypte. De son côté, la compagnie EgyptAir est mise en cause pour la deuxième fois en moins de deux mois. De ce point de vue, c'est le troisième incident aérien en moins de six mois dans le pays des Pharaons. La disparition de l'Airbus A320-200, parti de l'aéroport Roissy CDG vers Le Caire, soulève des craintes, malgré la fiabilité, reconnue par les spécialistes aéronautiques à la compagnie EgyptAir.

Il y a six mois, le 31 octobre 2015, un avion russe avait explosé dans le Sinaï, tuant ses 224 occupants. Les autorités égyptiennes ont longuement trainé des pieds avant de reconnaître la piste terroriste. Durant des mois, l'Égypte affirmait ne pas avoir les preuves d'un possible attentat terroriste en soutenant des causes techniques. Mais les autorités égyptiennes finissent par reconnaître l'origine terroriste, qui avait provoqué l'explosion de l'avion Airbus A321. Le groupe terroriste de l'État islamique (Daesh), avait revendiqué l'attentat et affirme, le 18 novembre 2015, avoir réussi à introduire une bombe à bord de l'avion, avant son départ de Charm El-Cheikh. Il s'agissait d'une canette de boisson gazeuse. C'est seulement le 24 février 2016, que le président égyptien Abdel Fattah El-Sissi reconnaît, pour la première fois, que la cause de l'explosion de l'avion de touristes russes était bien le fait d'un attentat. Lorsqu'il y a deux mois, le 29 mars 2016, le vol EgyptAir MS181, avait été détourné, les craintes terroristes ont spontanément surgi. Mais l'Airbus A 320, parti d'Alexandrie vers Le Caire, a été détourné vers Chypre par un égyptien, pour des raisons personnelles, et connaît un happy end. En effet, le dénouement avait été heureux puisque tous les occupants avaient été libérés et le pirate de l'air avait été arrêté.

Les raisons d'un show terroriste

Le phénomène de la terreur prend de plus en plus l'aspect d'une course et d'une mise en scène macabre, afin de provoquer l'effet de choc. L'avion constitue alors l'un des objets recherchés pour provoquer cet état de choc, depuis les attentats du World Trade Center à New York en 2001. Pourquoi l'Égypte est-elle alors devenue la cible ? Parmi les multiples facteurs qui résident derrière les actions contre l'Égypte, deux hypothèses se dégagent et peuvent être avancées. La première est d'ordre politique alors que la deuxième hypothèse est d'ordre économique et historique. Politiquement, la situation est chargée de tension autour de la légitimité du président El-Sissi, depuis son élection en 2014. Les Frères musulmans mènent une opposition farouche depuis la destitution, par l'armée, du président islamiste Mohamed Morsi, en juillet 2013. Depuis cette date, l'Égypte est en proie aux violences des groupes djihadistes, notamment dans le Sinaï. Les Autorités ont souvent recours aux solutions sécuritaires, impliquant une répression forte envers les sympathisants de Morsi, issu de la confrérie islamiste des Frères musulmans. Sur le plan économique, les groupes armés, qui basent leurs luttes sur des conceptions djihadistes, soutiennent les actions d'attentats, contre les forces de police et de l'armée, afin d'affaiblir le secteur de tourisme, source de devises étrangères pour le pays. S'attaquer aux avions, comme moyen de transport de touristes, vise à frapper de plein fouet le secteur de tourisme par ces actions.

Symbolique d'un Airbus

Le président François Hollande déclare qu' "aucune hypothèse n'est écartée" ni "privilégiée", évoquant autant la piste d'un "accident" que d'un acte terroriste. Le premier ministre Manuel Valls parle de victimes. Si la cause de la disparition est liée à l'hypothèse d'un attentat, cela signifie que les auteurs ont visé la France suite à la vente des avions de chasse Rafal et les navires Mistral, et l'avionneur européen Airbus. Lorsque le groupe Daesh a visé un avion russe, son message a été clair envers Moscou, qui soutient le président syrien Bashar El-Assad. Après les explosions, le 22 mars dans l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, l'avion EgyptAir, qui a quitté l'aéroport de Roissy CDG, porte en lui plusieurs symboles. Premièrement l'avion a quitté l'un des aéroports le plus sécurisés en France, dans une situation d'état d'urgence. Deuxièmement, l'avion est fabriqué par l'avionneur européen Airbus. Sur le plan politique, en février 2015, la France a vendu 25 avions de combat Rafale, utilisés par l'armée égyptienne contre les positions des groupes terroristes dans le Sinaï. À ce contrat de 5 milliards d'euros, s'ajoute la vente de deux navires Mistral, initialement construits pour la Russie, qui ont été livrés à l'Égypte début mars 2016. Le président François Hollande a été l'invité d'honneur, en aout 2015, de l'inauguration de la seconde voie du canal de Suez. Ce projet gigantesque bouclé en un an a symbolisé le renouveau économique et diplomatique entre l'Égypte et la France. Depuis, la coopération entre le Caire et Paris s'est accrue. Les groupes terroristes souhaitent frapper toute forme de coopération entre la France et l'Égypte.

Entre deux hypothèses

Flightradar classe l'A320 comme l'un des avions les plus vendus au monde. Il est considéré comme l'un des plus fiables. Selon Airbus, l'avion d'EgyptAir, comptait 48000 heures de vol et a été mis en service en 2003. L'avion d'EgyptAir n'est donc pas en bout de course. Quant au pilote de l'équipage, il est expérimenté et EgyptAir explique qu'il cumulait plus de 6000 heures de vol, dont 2000 heures sur cet appareil. L'avion s'est écrasé auprès de l'île grecque de Karpathos. Il se trouvait dans l'espace aérien égyptien lorsqu'il a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37000 à 15000 pieds. Son image a été perdue à 10000 pieds d'altitude", a expliqué le ministre grec de la Défense Panos Kammenos. L'hypothèse d'une attaque terroriste est plus probable que celle d'une cause technique, a déclaré le ministre de l'Aviation égyptien. C'était son 5e trajet de la journée. Plusieurs témoins grecs ont dit avoir vu une "boule de feu" dans le ciel au moment et au lieu de la disparition de l'avion.

La disparition d'un avion de ligne EgyptAir a tous les symptômes d'un sabotage par un groupe terroriste. La France est visée, au même point que l'Égypte. Il s'inscrirait alors dans la lignée des attaques de Charlie Hebdo, du Bataclan ou encore l'aéroport de Bruxelles-Zaventem. La terreur n'a pas de nationalité et l'extrémisme qui prône le djihad montre, une fois de plus, son visage. Si la piste terroriste est confirmée, les conséquences politiques et géopolitiques seront importantes. Cela signifie d'abord qu'il y a eu des failles sécuritaires dans les aéroports de Paris. Du côté égyptien, ce sera le signe de l'échec de la politique sécuritaire et la conséquence de l'échec de la révolution réduite au silence. L'oppression contre l'opposition, les civils et les activistes politiques, aide les groupes terroristes à trouver des candidats à rejoindre leurs rangs.

Il serait temps de renforcer la coopération euro-méditerranéenne, afin d'apporter l'aide nécessaire aux pays concernés, leur permettant de faire face au fléau de la terreur. Il est aussi grand temps qu'une mobilisation globale se mette en place dans le monde arabe contre toute forme de pensée extrémiste. La sortie passe par l'éducation, par le fait de reconnaître que l'Islam refuse toute forme de violence et de rappeler le rejet de toute référence au djihad par les moyens de recours à la terreur.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

12 novembre 2001 - États-Unis - 265 morts

Les pires accidents d'avion depuis 2001

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.