Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le ministre Proulx a tout faux 

La multiplication des sorties ministérielles contre la rémunération des stages montre la pertinence de la campagne actuelle pour une pleine reconnaissance du travail accompli pendant les études.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Nous n’avons que faire de vos leçons et de votre mépris, messieurs et mesdames les ministres.
DNY59
Nous n’avons que faire de vos leçons et de votre mépris, messieurs et mesdames les ministres.

On apprenait le 26 septembre dernier, par la bouche du ministre de l'Éducation, que le gouvernement s'est une fois de plus opposé publiquement à la rémunération des stages, plus particulièrement de ceux en enseignement; «Sébastien Proulx estime qu'il existe d'autres solutions pour les étudiants, comme se trouver un emploi lié à l'enseignement, telles que la suppléance occasionnelle ou l'aide aux devoirs».

Il faudrait donc que ceux et celles qui accomplissent gratuitement les tâches d'un enseignant pendant des centaines d'heures trouvent en plus le temps d'accomplir ces mêmes tâches dans le cadre d'un emploi rémunéré. Pourtant, une des raisons pour justifier la non-reconnaissance du travail accompli en stage est que les stagiaires sont en formation et ne seraient donc pas suffisamment qualifiés pour obtenir un salaire... Il faudrait peut-être en informer les commissions scolaires qui, en ce début d'année scolaire, tentent désespérément de combler leur pénurie de personnel en offrant des postes peu alléchants aux étudiants n'ayant pas encore terminé leur baccalauréat. Une nouvelle preuve de l'importance des emplois précaires dans un marché du travail chambranlant.

Le ministre Proulx oublie aussi que dans de nombreuses universités, il est interdit pour les stagiaires d'accepter des contrats de suppléances durant leur stage sous peine d'obtenir un échec.

Le ministre Proulx oublie aussi que dans de nombreuses universités, il est interdit pour les stagiaires d'accepter des contrats de suppléances durant leur stage sous peine d'obtenir un échec. D'ailleurs, dès le début de notre formation, on n'a de cesse de nous sermonner: oubliez ça, le travail et les enfants pendant le stage 4! On s'attend des stagiaires qu'elles et ils mettent leur vie et leur autonomie en veilleuse afin de s'investir entièrement dans leur stage final, qui dure entre 2 et 4 mois à temps plein. D'ailleurs, même si l'on pouvait obtenir des périodes de suppléance pendant un stage 4, la présence de l'étudiant.e à son milieu de stage est souvent obligatoire et l'empêche donc de se déplacer pour des périodes de suppléance.

En ce qui concerne les « autorisations provisoires d'enseigner », les règles pour y avoir accès varient grandement d'un programme à l'autre et sont souvent octroyées dans la plus grande opacité, une façon de faire qui perpétue les inégalités entre les étudiants. On comprend donc que la rémunération des stagiaires n'est possible que pour répondre aux besoins du marché: ce n'est que lorsque l'employeur a besoin de boucher des trous que l'on reconnaît la valeur du travail qui, autrement, est accompli gratuitement.

La multiplication des sorties ministérielles contre la rémunération des stages montre la pertinence de la campagne actuelle pour une pleine reconnaissance du travail accompli pendant les études.

La multiplication des sorties ministérielles contre la rémunération des stages montre la pertinence de la campagne actuelle pour une pleine reconnaissance du travail accompli pendant les études. En se contentant de demander une compensation pour le travail qu'il est impossible d'accomplir parce que l'on est en stage, on laisse toute la place aux discours paternalistes comme celui que vient de nous servir le ministre Proulx.

Nous n'avons que faire de vos leçons et de votre mépris, messieurs et mesdames les ministres. Les solutions pour survivre à nos stages, nous les connaissons toutes. D'ailleurs, vous en avez oublié quelques-unes: pourquoi ne pas rappeler aux stagiaires qu'ils et elles peuvent fréquenter les banques alimentaires? Ou pourquoi ne pas nous encourager à retourner vivre chez nos parents? Peut-être pourriez-vous nous présenter de bons partis, des époux qui gagnent bien leur vie?

Non. Ce que nous accomplissons pendant les stages, c'est du travail, qui plus est du travail exigeant. Nous exigeons donc à notre tour qu'il soit reconnu et payé à sa juste valeur. Et nous l'exigerons tant qu'il le faudra!

Liste des signataires:

1. Mircea Adamoiu, étudiant en enseignement, Université de Montréal

2. Sébastien Beausoleil-Huneault, étudiant en enseignement, Université de Montréal

3. Jeanne Bilodeau, étudiante en éducation, UQAM

4. Emmanuelle Boisvert, étudiante en enseignement, UQAM

5. Gabrielle Bouchard, étudiante en enseignement, UQAM

6. Nicholas Bourdon, diplômé en enseignement, UQO

7. Julie-Anne Brault, diplômée en enseignement, UQO

8. Alexandre Champagne, étudiant en enseignement, Université de Montréal

9. Daphné Champoux, étudiante en enseignement, UQAM

10. Alexandre Clément, étudiant en enseignement, UQAM

11. Joanie Demers, étudiante en enseignement, UQAR

12. Sarah Gagnon-Bischoff, étudiante en enseignement, UQO

13. Félix Germain, enseignant en adaptation scolaire et sociale, CSDM

14. Marc-Olivier Gilbert, étudiant en enseignement, UQAM

15. Stéphanie Gilbert, étudiante en enseignement, UQO

16. Charles-Antoine Goulet, étudiant en enseignement, UQAM

17. Sarah Harper, étudiante en enseignement, UQAM

18. Loann Harvey-Tremblay, étudiant en enseignement, Université de Montréal

19. David Lacombe, étudiant en enseignement, UQAM

20. Clara L. Le Blanc, étudiante en enseignement, UQAM

21. Floriane Lemaille, étudiante en enseignement, UQO

22. Laurianne Massicotte, étudiante en enseignement, UQAM

23. Simon-Pierre Mercille, étudiant en enseignement, UQAM

24. Sandrine Mérette-Attiow, étudiante en enseignement, UQAM

25. Jeanne Morissette, étudiante en enseignement

26. Ariane Phaneuf, étudiante en adaptation scolaire, UQAM

27. Antoine Pigeon, enseignant en mathématiques au secondaire

28. Julien Poirier, diplômé en intervention en activité physique, profil enseignement, UQAM

29. Gabriello Provencher-Hozaien, étudiant en enseignement, UQAM

30. Sophie Roberge, étudiante en enseignement, UQAM

31. Léa Robichaud, étudiante en enseignement, UQAM

32. Kim Roy Belhumeur, étudiante en enseignement, UQAM

33. Valérie Simard, étudiante en enseignement, UQAM

34. Charlotte Studer, étudiante en enseignement, UQAM

35. Catherine Tremblay, étudiante en enseignement, UQAM

36. Raphaëlle Vallières, étudiante en enseignement, UQAM

37. Nicolas York, étudiant en enseignement, UQAM

38. Association des Étudiantes et Étudiants de la Faculté des Sciences de l'Éducation de l'Université du Québec à Montréal (ADEESE-UQAM)

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.