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Pourquoi Sarah préfère la course?

Au début, je trouvais ce film lent, et sans grand intérêt. Les critiques mitigées des autres ne m'influencent pourtant pas. Un premier film peut avoir des défauts, des maladresses, c'est à moi, spectatrice, de voir où le récit m'entraîne. Et au final, que je trouve que l'oeuvre de Chloé Robichaud est un bel exercice
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Ismaël Houdassine

Sarah (Sophie Desmarais) a 20 ans, c'est une jeune athlète de course de demi-fond. Sa vie bascule lorsqu'on lui offre une place dans le meilleur club d'athlétisme universitaire de Montréal. Déterminée, Sarah quitte sa ville natale en compagnie de son ami Antoine (Jean-Sébastien Courchesne). Naïfs ou inconscients, les deux jeunes gens décident de se marier pour avoir accès aux prêts et bourses du gouvernement. Par ses choix hasardeux, Sarah met en jeu sa vie et sa santé, et la vraie raison, celle qui l'emporte sur tout le reste, c'est que Sarah préfère la course. Pourquoi ?

Au début, je trouvais ce film lent, et sans grand intérêt. Les critiques mitigées des autres ne m'influencent pourtant pas. Un premier film peut avoir des défauts, des maladresses, c'est à moi, spectatrice, de voir où le récit m'entraîne. À la première apparition de Sarah, tout semble cependant jouer contre elle. Petite, le visage chiffonné, la tête basse, le regard en coin, et ses rapports mécaniques avec les autres, je suis pourtant intriguée : elle n'a rien d'une sportive, plutôt l'air d'une jeune fille introvertie, crispée, le contraire d'une fille de vingt ans, qu'on imagine physiquement en forme et épanouie.

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Chloé Robichaud, réalisatrice de ce premier long-métrage, a été choisie pour participer au 66e Festival de Cannes, dans la section officielle «Un certain regard», qui a permis à de nombreux jeunes cinéastes de se faire remarquer.

Elle ne nous propose pas ici un film sur la course, mais plutôt sur l'effort démesuré d'une gamine mal dans sa peau pour fuir l'immobilisme et une existence qui ne lui convient pas.

Il y a un moment particulier pour moi dans ce film, celui où j'ai accroché: une scène toute simple, un soir de fête. Zoey (Geneviève Boivin-Roussy) entraîne Sarah pour un karaoké. À ce moment précis, devant la voix et l'assurance de Zoey, j'ai ressenti un moment d'émotion unique. En l'écoutant chanter Mon amour, Sarah craque, et moi aussi.

Sarah s'est lancée dans la course pour éviter de se mentir, comme elle s'est jetée dans les bras de son copain sans l'aimer. Quand on court, on se contrôle, on ne parle pas, on agit; et agir, c'est le contraire de souffrir. Sarah est stoïque même si son cœur bat trop vite. Son regard s'est posé sur Zoey, elles se sont reconnues; c'est ainsi dans la vie, le bien-être que l'on ressent lorsque la personne amie ne vous juge pas. À partir de ce moment-là, j'ai trouvé le personnage de Sarah touchant, troublant, perdue dans ses angoisses et ses incertitudes. Vingt ans, ce n'est pas forcément le moment le plus heureux de notre existence.

Grâce à ce regard rempli de tendresse, le film, comme ses personnages, fera son chemin ; Chloé, Sophie (alias Sarah), Geneviève, et tous les autres aussi. Un bel exercice!

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