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Thriller magistral sur fond de Méditerranée

Le filmest inspiré d'une affaire criminelle survenue à Nice en 1977 dont le point de départ est la disparition d'Agnès Leroux, héritière du Palais de la Méditerranée, un des casinos de Nice.
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Le film L'homme qu'on aimait trop est inspiré d'une affaire criminelle survenue à Nice en 1977 dont le point de départ est la disparition d'Agnès Leroux, héritière du Palais de la Méditerranée, un des casinos de Nice. Un incroyable règlement de compte familial qui dure depuis 37 ans. Il n'est pas surprenant qu'André Téchiné se soit passionné pour ce fait divers jamais élucidé. Agnès Leroux n'a plus donné signe de vie depuis le 26 octobre 1977. Ni son corps ni aucun autre élément matériel ne viendront jamais démontrer sa mort.

Revenons à la fiction

De retour d'Afrique après l'échec de son mariage, la jeune Agnès (Adèle Haenel) retrouve sa mère (Catherine Deneuve) qui possède un des casinos de Nice. Sur place, Agnès tombe amoureuse de Maurice (Guillaume Canet) et lui voue une confiance aveugle même si ce dernier est un étrange manipulateur qui fréquente la pègre locale. Sur l'insistance de Maurice, Agnès trahit sa mère puis disparaît mystérieusement.

Guillaume Canet, voulant s'approcher le plus possible de la vérité, s'est entretenu avec Maurice Agnelet qui a aujourd'hui 76 ans, chacun cherchant à percer le mystère de l'autre. Pour Guillaume, c'est un contre-emploi, et il endosse parfaitement le personnage que tout accable, fourbe mais parfois généreux. Agnelet est peut-être un salaud, mais Téchiné le guide avec force et sensibilité, comme tous les personnages dans tous ses films. Quant à Catherine Deneuve, plus elle prend de l'âge, plus elle est convaincante. Souffrante, Renée dans le film est une femme brisée. Son casino, c'est sa vie, sa force, mais le milieu dans lequel elle évolue est trouble, fait de compromis et de magouilles avec des partenaires douteux, qui parfois sont sympathiques. La scène où toute la bande de maffieux, à table, chante en Italien à l'unisson est un moment aussi agréable que surprenant.

Le réalisateur

André Téchiné, scénariste né en France le 13 mars 1943, a débuté comme critique aux Cahiers du Cinéma. Cinéaste réservé, mais avec une sensibilité à fleur de peau, il prend son temps avant de séduire le grand public. Son premier succès en 1994, un film intimiste sur l'adolescence, Les roseaux sauvages, César du meilleur film, révèle Élodie Bouchez. Un film sur la folie, Paulina s'en va, avec Bulle Ogier, passe inaperçu en 1975. Parfois on cite un titre comme Barocco, le si beau film avec Adjani, mais on a oublié le nom du réalisateur. Ou encore Hôtel des Amériques, en 1981, pour lequel il dirige Patrick Dewaere et Catherine Deneuve qui deviendra l'une de ses actrices fétiches.

En 1998, il retrouve Juliette Binoche avec Alice et Martin. J'étais sur ce plateau pour interviewer sa directrice photo, Caroline Champetier, et je retrouvais aussi Juliette Binoche, 14 ans après Rendez-vous en 1984 où elle était la découverte à Cannes grâce à Téchiné.

J'aime le cinéma de Téchiné, car il me surprend chaque fois qu'il est triste et qu'il trace des portraits chargés de tourments, des voyous ou des voleurs qui ont une âme.

Le film

Une aventure étrange, une sombre histoire de fraudeurs, de malhonnêtes, et un décor éclairé sous le signe de la beauté, de la fragilité.

Téchiné nous invite à regarder la superbe Adèle, nageuse professionnelle de la séduction sous une vague de froid intérieur qui nous glace, dans ce film passionnant sur les rapports humains. J'ai tellement aimé les deux premiers tiers du long-métrage, formidables de rigueur, portés par des comédiens irréprochables, entre autres une Catherine Deneuve bouleversante, et je me suis retrouvée ensuite dans un présent qui m'afflige. Mais cette jeune inconnue, jouée par Adèle Haenel, est l'objet, par le biais du cinéma, d'un portrait de femme saisissant, peut-être l'un des plus beaux qu'on ait pu voir sur nos écrans, et elle demeurera vivante dans notre mémoire.

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