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Cinéma: Anna Karénine ou le vertige de l'amour

Russie, 1874. Anna Karénine, jeune femme d'une beauté éclatante, est mariée à un haut fonctionnaire du gouvernement, Alexis Alexandrovitch Karénine (Jude Law), qu'elle n'aime pas mais dont elle a un fils qui a huit ans à ce moment de l'histoire.
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Anna Karénine ou le vertige de l'amour, revisité ‒ hélas ! ‒ par le réalisateur Joe Wright à qui l'on doit Pride & Prejudice, son premier film, suivi d'Atonement, pourtant un bon début...

Le synopsis:

Russie, 1874. Anna Karénine, jeune femme d'une beauté éclatante, est mariée à un haut fonctionnaire du gouvernement, Alexis Alexandrovitch Karénine (Jude Law), qu'elle n'aime pas mais dont elle a un fils qui a huit ans à ce moment de l'histoire. Faisant partie de la noblesse russe, elle partage son temps entre Saint-Petersbourg et Moscou, où elle se rend à la demande de son frère, Oblonski (Matthew Macfadyen), un incorrigible séducteur dont le mariage est en péril.

Au cours du voyage, elle fait la connaissance de la comtesse Vronski (Olivia Williams) que son fils, un charmant officier de cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller entre Vronski (Aaron Taylor-Johnson) et Anna (Keira Knightley) une attirance mutuelle qui aura des conséquences dramatiques.

Anna Karénine est l'œuvre la plus harmonieuse de Tolstoï, la plus accomplie, parce qu'elle est entièrement dédiée à la condition humaine, à la réalité souple des esprits, des cœurs, des corps, et ceci, sans jugement de valeur. C'est là que l'auteur est à son maximum d'humilité. « J'avais quarante-huit ans, dit-il, le meilleur moment ! Je n'ai jamais aussi bien travaillé... J'écrivais Anna Karénine. » (Tolstoï cité dans la préface de Louis Pauwels)

La transposition de l'œuvre:

Joe Wright va à l'opposé de la rigueur, de la simplicité. Dès la première image, l'approche choisie par le cinéaste m'a profondément dérangée. Ayant déjà utilisé ce procédé pour Reviens-moi et pour Orgueil et préjugés, il a décidé de placer son film dans un théâtre où les différents décors s'enchaînent. Cela crée une confusion totale, un ballet chaotique où, par exemple, les acteurs, ou plutôt les figurants, figent durant la scène entre Anna et Vronski. Dans les coulisses du théâtre, une sorte de débarras abrite des antiquités. C'est un jeu de trompe-l'œil, des portes qui s'ouvrent et qui se ferment comme dans les églises orthodoxes.

La mise en scène en subit inévitablement le contrecoup : exécrable et prétentieuse. Réduire la Russie tout entière à une scène de théâtre est loin d'être une idée géniale, on se croirait dans une comédie musicale, sans originalité et sans grâce. Le chef opérateur précise : « Nous avons essayé de travailler l'image "mécaniquement". La photographie n'est pas faite pour être tape-à-l'œil, mais discrète, légère, pour danser autour de ce qui se joue et évoluer avec. » Quant à moi, c'est raté. Ce film est une imposture. Tous les efforts ont été faits pour la technique, au détriment du fond. Parfois, entre deux planches, Anna Karénine s'échappe dans sa robe décolletée, pour aller où ? Derrière ces échafaudages, se cache la grande Russie et ses tempêtes de neige, le brouillard qui sépare les deux amants, le luxe des palais, les manteaux de fourrure et les capuchons de loutre ? Et les sentiments, ils sont où ? Dans le placard de la chambre de Serguei, quand il joue avec son train électrique. Ce film est surréaliste. Tant d'efforts, tant de travail, tant de recherches... pour ça !

Les acteurs:

Keira Knightley (Anna) est belle, mais sans mystère, sans intériorité ni sensualité. C'est difficile d'y trouver une Anna Karénine, troublante, sublime, bouleversante à chaque regard.

Avec Aaron Taylor-Johnson dans le rôle de Vronski, difficile de croire à l'officier de cavalerie, peut être devra-t-il attendre quelques années encore pour supporter le poids des films d'époque.

Jude Law (Alexis Alexandrovitch Karénine) a réussi à camper un personnage subtil et crédible dans toutes les situations. Mari trompé, autrefois arrogant, mais maintenant brisé, il est le seul à m'avoir émue, dans une réalité débarrassée de tous les artifices.

Je ne suis pas inquiète, un autre cinéaste aura le désir un jour de tourner encore une fois l'éternelle histoire d'Anna Karénine ou le vertige de l'amour.

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