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C'est notre tour!

À qui appartient la politique? Elle appartient aux citoyens. Reprenons-en le contrôle.
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Réponse aux appels au renouveau de Paul St-Pierre Plamondon et Camil Bouchard

Le Québec n'a pas besoin d'une nouvelle Révolution tranquille. Il en a déjà vécu une. Elle demeure un point de départ culturel, social et institutionnel. Si une nouvelle manifestation ou bouillonnement politique devait se produire, ce serait une autre chose, un autre événement, qui prendrait sa place légitime dans le cours de l'histoire du Québec. Ce sera le projet d'une nouvelle génération, avec ses propres références et ses propres aspirations.

Je comprends toutefois la réaction : sur le terrain économique, le gouvernement libéral continue de détruire le modèle québécois, alors que sur le terrain culturel, le révisionnisme conservateur déconstruit brique par brique les fondations collectives de notre nationalisme contemporain.

Comme si, 56 ans après avoir choisi le chemin de la modernité, les fantômes de la Grande noirceur reprenaient peu à peu le contrôle du Québec.

«Du règne de la peur soustrayante nous passons à celui de l'angoisse». Une nation vivant un repli identitaire. Une nation fermée. Immobile. Prude.

Évidement que l'idée d'un pays ne peut croître dans un tel environnement.

Le Québec est en train de manquer le bateau.

Un nouveau parti? Peut-être... Je ne dis certainement pas non. Nous devons y réfléchir sérieusement.

Mais prenons garde au simplisme de l'équation électorale stratégique. Le legs de la Révolution tranquille et de son nationalisme institutionnel, c'est l'enchevêtrement de la question nationale et sociale : sur le chemin du progrès social se trouve la souveraineté du Québec.

«Des oeuvres révolutionnaires, quand par hasard elles tombent sous la main, paraissent les fruits amers d'un groupe d'excentriques».

Je suis également étonné de voir Camil Bouchard proposer un «capitalisme de délibération». Certes, la délibération est un procédé à retenir, mais n'est-il pas étrange, en cette période de crise, de continuer à s'attacher au capitalisme, alors que la gauche mondiale entreprend un grand mouvement de renouveau. Une gauche «décomplexée» face à ses adversaires, «libérée» de son propre passé.

Le «capitalisme à visage humain»? Non. Le capitaliste existe, certes, mais la voie néolibérale est déjà empruntée par les principaux partis. Elle semble avoir englouti la social-démocratie. Son alternative ne devrait pas porter les couleurs du centrisme.

Pourquoi les progressistes auraient si peur de la gauche? Le progressisme est à l'heure de Jeremy Corbyn, Bernie Sanders et Podemos, pas à celle de Tony Blair (ou de Thomas Mulcair). Une gauche qui est capable de rassembler, par son honnêteté, sa transparence, par son ouverture au dialogue. C'est ce qui pourrait, selon moi, conduire à une scène politique «de délibération».

Revenons-en au Québec. Paul St-Pierre Plamondon et Camil Bouchard ne sont pas seuls. Craindre l'hégémonie libérale sans se reconnaître dans les formations politiques actuelles est une idée répandue, particulièrement chez les supporters du Parti québécois. En fait, depuis 20 ans, les formations se succèdent pour prendre la place du PQ face aux Libéraux. Ce fut l'ADQ, l'UFP, QS, la CAQ. On a même parlé d'un NPD-Québec.

Cependant, peut-on encore concevoir la politique québécoise sur le modèle du bipartisme? J'en doute fort.

Si le Parti québécois et Québec solidaire représentent pour Bouchard des images passéistes, ce dont nous avons besoin serait peut-être d'une nouvelle classe politique. La jeunesse y jouera évidemment un rôle. Les intellectuels doivent également se réengager dans l'espace public. L'antidote au cynisme est l'implication. La crédibilité d'un mouvement politique repose sur sa créativité, sur sa capacité à innover.

À qui appartient la politique? Aux millionnaires (aux milliardaires)? Aux carriéristes? Aux députés?

Non.

Elle appartient aux citoyens. Reprenons-en le contrôle.

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