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Les immigrants et la souveraineté: la méfiance persiste

Une génération des dirigeants vient, une autre s'en va, mais la méfiance envers des immigrants subsiste toujours au sein du Parti québécois.
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Une génération des dirigeants vient, une autre s'en va, mais la méfiance envers des immigrants subsiste toujours au sein du Parti québécois (PQ).

Les propos tenus sur les immigrants lors du débat opposant les candidats à la tête de PQ à Québec et l'absence de réaction de ce parti à l'égard de cette déclaration confortent la thèse de la méfiance persistante envers les immigrants.

Et pourtant, le contexte entourant la course à la chefferie du PQ aurait pu constituer une belle occasion de la main tendue sincère aux membres des communautés culturelles du Québec qui demeurent dans le doute. Et, par la même occasion, dissiper toute suspicion à leur endroit. Malheureusement, il n'y a rien de nouveau sous le soleil : les immigrants arrivent, il faut se hâter pour faire la souveraineté du Québec avant qu'il ne soit trop tard. Le propos a le mérite d'être sans équivoque.

Soyons clairs, un futur dirigeant du PQ a parfaitement le loisir de justifier l'accélération de la cadence de son projet en utilisant n'importe quel argument qu'il juge politiquement rentable. Dans ce cas, les immigrants qui sont clairement désignés comme la force de freinage de ce projet devront, eux aussi, se prononcer sans ambiguïté sur cette responsabilité que l'on cherche à leur imputer.

Incompréhension

Cela dit, que les immigrants votent majoritairement les partis fédéralistes est indiscutable et parfaitement cohérent avec leur situation particulière qui est souvent mal comprise par certains de leurs concitoyens du Québec.

Il existe pourtant de bonnes raisons à la préférence massive des immigrants pour le Canada. L'une d'entre elles est le fait que nombre d'entre eux viennent des contrées instables (politiquement, économiquement, etc.) pour devenir citoyens du Canada qui est pour eux, la terre promise (Pays de Canaan où coulent le lait et le miel). Dès lors, il devient très difficile de leur demander de s'en séparer si l'alternative proposée n'est pas à la hauteur de leur espérance.

Pour une personne qui n'est jamais exposée à une réalité similaire, c'est très compliqué de saisir le sens de ce fort attachement (tant décrié) que les immigrants du Québec ont envers leur pays d'adoption. Mais, du point de vue des immigrants eux-mêmes, ce choix se conçoit parfaitement et ils n'ont pas à en rougir, d'ailleurs.

En outre, des compatriotes qui, au PQ ou ailleurs, reprochent aux immigrants leur tiédeur envers le mouvement souverainiste québécoise ignorent bien souvent les ressorts qui soutiennent l'adhésion à une telle option dans un contexte d'immigration et donc de loyauté multiple.

À moins qu'il s'agisse d'un opportunisme politique, appuyer un projet qui vise à séparer le Québec du Canada est un choix qui résulte toujours de longues expériences que l'immigrant aura vécues au Québec, avec la part de grandeur et de misère que comporte le parcours migratoire sur place.

Puisque c'est la balance des expériences positives qui motive généralement le choix de l'immigrant, pour quelle raison, franchement, ce dernier voudra-t-il adhérer avec enthousiasme à une cause dont il est accusé de façon récurrente, d'être le fossoyeur?

S'évertuer, comme c'est manifestement le cas aujourd'hui, à mettre les immigrants sur la défensive à chaque occasion n'est sûrement pas la meilleure façon de les avoir comme alliés dans une cause.

Une fausse piste pour un vrai problème

Par ailleurs, laisser entendre que le parti souverainiste perd un comté chaque année (ce qui n'est pas exact) à cause des immigrants, c'est emprunter une fausse piste pour régler un vrai problème. Actuellement, les immigrants ne peuvent pas encore significativement changer la donne politique à eux seuls au Québec. Par exemple, si une très forte majorité des Québécois vote pour un parti politique, le suffrage exprimé par les immigrants ne peut pas modifier le rapport de force établi, vu leur poids relatif au sein de la population totale.

Ce qui est vrai par contre, c'est que le bateau du souverainisme a commencé à se vider progressivement d'abord de ses passagers de « souche », avant de se mettre à tanguer aussi dangereusement. De grâce, les immigrants n'y sont pour rien.

Maintenant que l'on a reproché à demi-mot aux immigrants d'avoir contribué à la sombre perspective de la cause souverainiste au Québec, faudra-t-il aussi, en toute logique, reprocher haut et fort la même chose aux jeunes qui ont massivement déserté cette cause? Autrement dit, faudra-t-il aussi se hâter de faire la souveraineté sans les jeunes?

Finalement, au rythme où évolue l'attrait de la souveraineté au Québec, on ne sera pas surpris d'apprendre un jour qu'il faille bien chercher à faire la souveraineté, non pas seulement en dehors des immigrants, mais aussi en dehors de tous les Québécois, sans distinction de leur origine.

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