Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La naissance et le soi-disant scandale des Janette

Lorsque je lis que les Janette sont une initiative télécommandée par le PQ, que c'est pour faire plaisir à monsieur dont madame Snyder est la marionnette ou que c'est madame Snyder elle-même qui a monté tout le truc, je trouve ça très, sexiste, tendancieux et dégueulasse. Ça devait être dit, et c'est maintenant aussi écrit pour la postérité.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Ils sont drôles parfois les journalistes à chercher de la merde où il n'y en a pas et à échafauder des théories du complot. Ils sont sexistes aussi des fois.

Tout ça pour répondre à ces attaques vicieuses envers Julie Snyder «qui aurait usé de son cash et de son mari pour faire du lobbying par en arrière pour favoriser le PQ».

J'ai été personnellement invitée à me joindre aux Janette par l'instigatrice du mouvement, madame Marie-Anne Alepin, via Facebook. Je lui ai fortement suggéré d'inviter la sexologue Jocelyne Robert, mais elle était déjà prise cette soirée-là. Ainsi, le groupe s'est formé autour de madame Alepin et chacune de ses invitées suggérait à leur tour d'autres femmes qui complèteraient bien le tableau. Julie Snyder, étant sa grande amie, la marraine de l'un de ses enfants et, occasionnellement, une collaboratrice (madame Snyder avait aussi participé à l'évènement Le moulin à parole dont madame Alepin était aussi l'une des organisatrices) de même que l'une de ses nombreuses clientes. Madame Snyder, comme nous toutes, a aussi invité d'autres femmes, dont madame Janette Bertrand, Denise Robert et Édith Cochrane.

Madame Alepin voulait qu'on fasse la réunion dans le sous-sol d'une église près de chez elle et qu'on se fasse venir du St-Hubert BBQ. Ce qui aurait très bien fait l'affaire. Mais madame Snyder insista pour qu'on fasse plutôt ça au 357C et que personnellement, elle ramasse la facture. Pour elle, c'était sa façon de contribuer. C'était d'ailleurs très drôle pour le personnel du 357C qui a l'habitude des réunions d'hommes d'affaires. Le maître d'hôtel a avoué qu'il arrivait souvent qu'il reçoive des groupes d'hommes, mais que ce fût une première qu'ait lieu une rencontre strictement de femmes dans leur prestigieuse enceinte.

Lors de ce souper, que je n'oublierai jamais, les échanges étaient vifs, émotifs et très engagés. Il a été décidé d'un commun accord que madame Bertrand écrirait la lettre (elle s'est offerte puisqu'elle avait déjà envie d'en écrire une avant même la rencontre) qui rassemblerait ce qui était le point commun de nos échanges. Je suggérai que l'on se nomme «Les Janette». Cette idée rassembla l'adhésion générale immédiate, mais mit, par le fait même, un poids énorme sur les épaules de madame Bertrand. Je m'excuse ici à madame Bertrand de lui avoir indirectement causé de très nombreux soucis avec ce choix d'épithète de notre groupe.

Pour la petite histoire, je mentionnais aussi, lors de ce maintenant légendaire repas, que mon impression était que «les femmes voilées» étaient malheureusement, et non intentionnellement, ciblées par ce débat, alors que toutes les religions, sauf très rares exceptions, sont contre les femmes. Point à la ligne.

J'ajouterais aussi que l'une des 20 Janette du début a dû se retirer et rester dans l'ombre par crainte de représailles de sa communauté musulmane. Elle est fréquemment intimidée par des islamistes parce qu'elle refuse obstinément le voile, qu'elle est femme d'affaires et qu'elle refuse que ses filles aussi soient voilées. C'est d'ailleurs le motif principal de son immigration au Canada. Elle n'en pouvait plus de vivre la montée de l'islamisme et son rejet des femmes dans son pays d'origine. Ce n'est pas l'avenir qu'elle voulait pour ses filles. Elle dut donc être remplacée pour qu'on puisse garder le chiffre magique de vingt, et c'est madame Filiatrault qui vint la remplacer. Or, madame Filiatrault n'était pas de ce souper, mais était tout à fait d'accord avec la lettre de madame Bertrand.

Il est aussi bon de noter que, n'ayant pas de budget et d'organisation pour nous chapeauter, nous n'avions pas de firmes de relations publiques, de plan de communication et de moyens financiers pour appuyer notre démarche. Que de la bonne volonté, de la passion et un objectif commun de prolaïcité et de pro égalité homme femme à faire valoir. Bien qu'il y ait eu des déclarations malheureuses et maladroites dont nous nous sommes excusées, notre message sur l'égalité homme femme a sublimé le débat et a fait prendre conscience à la population de l'importance de l'enjeu pour l'égalité des sexes.

Par la suite, il fallait un site web, une page Facebook, un groupe et une organisation pour faire la marche. Nous avons toutes, collectivement, contribué en temps, en idées, en disponibilité médiatique, en expertise, en passion et oui, en argent. Pratiquement toute la coordination médiatique a été faite par madame Alepin. La coordination et la consultation web étaient de mon ressort. Madame Snyder étant aussi qui elle est, entière, passionnée et déterminée, a aussi contribué en support logistique. Certaines filles (dont Valérie Vennes, Isabelle Le Pain, Joëlle Morin et Stéphanie Blais) ont passé plus de 12 heures par jour sur le web en tant que modérateur sur la page Facebook. Une autre s'occupait du contenu et de lire tous les articles faits sur nous. Nous n'avons pas toutes l'aura d'une madame Bertrand, c'est pourquoi elle a contribué, de sa propre image, plus que chacune d'entre nous. Toutes n'ont pas non plus mon expertise stratégique web et marketing, et c'est pourquoi, à ce chapitre, je peux humblement dire que j'ai contribué plus que toutes. Mais c'est là la dynamique d'un groupe. Chacun y va de son effort personnel pour le bien de l'ensemble. C'était un effort improvisé, pour le bien de notre société et offert gracieusement par des femmes, pour des femmes, avec ce que chacune pouvait mettre sur la table. Et ce n'est pas fini...

Lorsque je lis que c'est une initiative télécommandée par le PQ, que c'est pour faire plaisir à monsieur dont madame Snyder est la marionnette ou que c'est madame Snyder elle-même qui a monté tout le truc, je trouve ça très capilotracté (tiré par les cheveux), sexiste, tendancieux et dégueulasse. Ça devait être dit, et c'est maintenant aussi écrit pour la postérité.

Merci à toutes les Janette d'avoir mis vos efforts et votre passion dans cette prise de position politique. Merci à Marie-Anne Alepin d'avoir été l'étincelle initiale et merci à tous ces gens qui s'impliquent positivement, et avec conviction, à faire avancer leurs idées, quelles qu'elles soient. Et aux autres qui n'y voient que machiavélisme, vos efforts seraient sans doute mieux investis à faire avancer positivement la société au lieu de chercher des bibittes là où il n'y en a pas...

P.S.: J'avoue qu'avant de l'avoir rencontrée, j'étais contaminée par ces perceptions négatives qu'on aime bien propager à propos de madame Snyder «la nounoune» de service. Lors de ce souper, elle m'a très favorablement impressionnée par sa verve, son audace et sa présence. Elle y dit, entre autres, une phrase que je n'oublierai jamais: «Vous savez, dans la vie, on peut se battre pour avoir raison. Mais moi, je me fous d'avoir raison. Ce que je veux, c'est avant tout de gagner. Une fois qu'on a gagné, on pourra toujours dire qu'on avait raison ».

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.