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VIH et tuberculose: démêler un nœud mortel

Le Swaziland, petit pays de près de 1,4 million d'habitants, est confronté non pas à une mais à deux épidémies. À l'heure où j'écris, Mbabane (capitale du pays) lutte pour surmonter des épidémies jumelles de VIH et de tuberculose. On estime à 190.000 le nombre de personnes vivant avec le VIH. Parallèlement, 16.000 Swazis développent chaque année une tuberculose active qui menace leur vie alors qu'un nombre inconnu d'autres vivent avec une forme de tuberculose latente, silencieuse et moins dangereuse.
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Flickr: Kanijoman

Le Swaziland, petit pays de près de 1,4 million d'habitants, est confronté non pas à une mais à deux épidémies. À l'heure où j'écris, Mbabane (capitale du pays) lutte pour surmonter des épidémies jumelles de VIH et de tuberculose.

On estime à 190.000, soit plus du quart de la population adulte du Swaziland, le nombre de personnes vivant avec le VIH. Parallèlement, 16.000 Swazis développent chaque année une tuberculose active qui menace leur vie alors qu'un nombre inconnu d'autres vivent avec une forme de tuberculose latente, silencieuse et moins dangereuse.

La tuberculose et le VIH -chacun un problème majeur de santé à titre individuel- s'entremêlent, formant un nœud serré et mortel. L'infection à VIH favorise la transformation de la tuberculose latente -asymptomatique et non transmissible- en une tuberculose active, transmissible par voie aérienne, contagieuse et potentiellement mortelle. Parallèlement, le bacille de la tuberculose accélère la transformation de l'infection à VIH en sida, en affaiblissant le système immunitaire jusqu'à ce qu'il ne puisse plus lutter contre la maladie. Chaque nouvelle infection à VIH et chaque nouveau cas de tuberculose contribuent à resserrer ce nœud en mettant davantage de vies en danger.

Nous disposons des connaissances et des outils pour mettre un terme à ce cercle vicieux, mais cela suppose d'intégrer les services de gestion du VIH et de la tuberculose aussi étroitement que les épidémies s'imbriquent entre elles.

L'intégration signifie que les services de gestion du VIH et de la tuberculose ne sont plus séparés. Chaque personne recevant des soins dans des dispensaires antituberculeux doit bénéficier d'un test de dépistage du VIH.

Dans les dispensaires de traitement et de dépistage du VIH dont le nombre ne cesse d'augmenter, il faut considérer la prévention et le dépistage réguliers de la tuberculose comme des soins standard. Cela inclut un traitement préventif à l'isoniazide qui permet de réduire de pas moins de deux tiers le risque de développement d'une tuberculose active chez une personne vivant avec le VIH. Cela suppose également des mesures de contrôle efficaces de l'infection pour éviter que les personnes souffrant d'une tuberculose active ne transmettent par voie aérienne l'infection aux personnes séropositives au VIH non encore été contaminées par la tuberculose.

On a découvert que le traitement antirétroviral réduisait de 65% le risque de développer une tuberculose active. C'est la raison pour laquelle il faut que les personnes aient accès au dépistage et au traitement du VIH le plus tôt possible afin de prévenir la tuberculose.

Ce sont là des mesures claires, directes et tout à fait réalisables, et nous avançons à grands pas. Depuis 2005, la collaboration entre les programmes de lutte contre le VIH et les programmes de lutte contre la tuberculose a permis de sauver plus de 1,3 million de vies dans les pays en développement.

Cela résulte d'une meilleure intégration de la prise en charge du VIH dans les services de gestion de la tuberculose, notamment parce que nous multiplions les dépistages du VIH lors des soins de la tuberculose et faisons le nécessaire pour que les personnes soient mises sous traitement antirétroviral de façon plus précoce. Au niveau mondial, le pourcentage de patients tuberculeux faisant l'objet d'un dépistage du VIH a fortement augmenté ces dernières années et quatre patients sur dix bénéficient aujourd'hui du test. Les pays qui paient le plus lourd tribut au VIH et à la tuberculose affichent les taux de dépistage les plus élevés, l'Afrique subsaharienne en tête.

Nous progressons aussi au niveau de l'intégration des services de gestion de la tuberculose dans la prise en charge du VIH. Un nombre croissant de personnes sous traitement contre le VIH font l'objet d'un dépistage de la tuberculose et le nombre de personnes recevant un traitement préventif à l'isoniazide a plus que doublé entre 2010 et 2011. En 2011, près de la moitié des personnes vivant avec la tuberculose et le VIH recevaient un traitement antirétroviral.

Mais la moitié, c'est loin d'être suffisant. Au Swaziland et dans d'autres pays durement touchés, l'Onusida travaille en étroite collaboration avec des partenaires, notamment le Partenariat Halte à la tuberculose et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, pour s'assurer que chaque personne vivant avec le VIH et souffrant d'une tuberculose active puisse commencer un traitement antirétroviral, que chaque personne recevant des soins contre la tuberculose se voie proposer un test de dépistage du VIH et que chaque personne soignée contre le VIH bénéficie un dépistage de la tuberculose.

Nous devons aussi étendre le dépistage du VIH et de la tuberculose aux populations difficiles à atteindre, notamment les professionnel(le)s du sexe, les transgenres, les consommateurs de drogues et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, afin de nous assurer que chacun connaît son statut sérologique et peut commencer un traitement le plus tôt possible.

L'heure est venue d'engager les ressources et les énergies nécessaires pour tenir la distance. Nous aurons besoin de tous -gouvernements, donateurs, société civile, communautés affectées et entreprises- pour atteindre cet objectif. Nous devons agir maintenant pour que les personnes vivant avec le VIH ne décèdent plus de la tuberculose.

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