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C'est cette semaine que l'on refait peur au monde

Au lieu de systématiquement pratiquer la distorsion et alimenter un (faux) sentiment d'urgence auprès du grand public, les opposants au développement responsable de nos richesses naturelles et leurs alliés anti-entreprises gagneraient à établir un dialogue constructif avec l'industrie et cesser cette diabolisation destructive.
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Dans la pétarade des déclarations des milieux écologistes militants et doctrinaux faites récemment sur toutes nos plateformes de diffusion, les bons conseils pleuvaient sur le nouveau gouvernement Marois relativement au type de développement que le Québec doit se donner au plan minier.

Les fondements de ces bons conseils n'ont pas changé. Ce sont toujours les mêmes faussetés et les mêmes mythes qui y sont répandus. Ainsi, la Coalition pour que le Québec ait meilleure Mine affirme qu'il y a consensus dans notre société pour réformer de manière urgente notre loi sur les mines (LSM). Voilà qui constitue une tactique habituelle employée par ces groupes de pression soit de diffuser une demi-vérité ou des faits distorsionnés.

Nos voisins américains ont un terme délicieux lorsqu'il s'agit de déboulonner des inepties, des fariboles et des sornettes mythiques et c'est seulement après avoir « debunké » ces balivernes que nous pourrons lancer un dialogue sérieux sur l'avenir de notre filière minérale non sur les platitudes de ses opposants.

Réalité 1.0

La réalité est qu'il n'y a pas eu et il n'y a pas actuellement de consensus sur une réforme de la LSM tel que formulée par le gouvernement Charest, colportée par le lobby environnemental et même reprise ces jours-ci par le chef intérimaire du PLQ Jean-Marc Fournier.

Là où nous retrouvons un solide consensus, c'est notamment au sein des milieux économiques du Québec qui ont systématiquement conspué la bouillabaisse de changements que les libéraux mettaient de l'avant et qui ont à peine tenté de faire adopter à l'Assemblée nationale.

Il est vrai que l'industrie minière du Québec appuie la mise en œuvre de nombreux ajustements à la LSM qui vont dans le sens d'un développement durable. Notons à cet égard le fait de garantir en amont d'un projet d'exploitation les coûts de remédiation des sols (la garantie passant de 70% à 100% versée par contre sur cinq ans), la tenue d'un BAPE et d'une consultation publique avant l'émission de tout bail d'exploitation, le dépôt préalable d'un plan de restauration et enfin la mise sur pied d'un comité de suivi pour exercer un monitoring de la mise en œuvre de ce plan.

Mais au lieu de soutenir leurs arguments sur des faits reconnus, solides et vérifiables, les groupes militants continuent de promouvoir leur raisonnement sur une déformation systématique des faits. La technique s'apparente à celle employée par le Tea Party aux USA qui lui a adapté à son modèle d'organisation les écrits de Saul Alinsky (Rules for Radicals, 1971) qui s'était lui-même inspiré de Machiavel.

La déformation continue

En guise d'exemple, le 11 septembre dernier, Henri Jacob, le président de l'Action Boréale de l'Abitibi et un des lieutenants de la Coalition affirmait sans retenue au journal The Gazette que « le statut quo était inacceptable pendant que des mines continuent d'ouvrir partout au Québec avec seules règles d'encadrement la vielle loi désuète sur les mines ».

Le « debunking » de ces déformations nous amène à constater que depuis l'adoption d'une première loi sur les mines au Québec en 1880, celle-ci fut retouchée près de 115 fois dont les dernières modifications remontent à 2007. On exclut ici les ajustements opérés au régime des droits qui furent apportés en 1994 par le PQ (baisse des redevances de 18% à 12%) et le PLQ en 2010 (hausse des redevances de 12% à 16% et application des règles mines par mines). Pour une vielle loi désuète, monsieur Jacob, on repassera.

Monsieur Jacob et ses camarades aiment bien alerter le grand public de l'avènement prochain de l'Armageddon minier. Telle l'invasion du criquet pèlerin, la huitième plaie s'abattant sur l'Égypte, les sociétés minières selon la Coalition, continuent d'éclore sur tout le Québec.

Les faits sont que depuis 2000 jusqu'à ce jour, il s'est ouvert moins d'une mine par année au Québec. Ainsi de ces 11 mines, seules six sont toujours en opération. Il est vrai que nous retrouvons également six projets qui sont à des degrés divers d'étude et d'analyses de faisabilité. Reste encore trois à cinq ans de travaux de construction et une moyenne d'investissement d'un milliards de dollars par mine. Ainsi dans ce contexte, le ratio d'une mine par année risque d'être maintenu.

Monsieur Jacob a plus à craindre d'une invasion de criquets dans sa cour que de la prolifération de mines au Sud du 47e.

Enfin quant à la notion que c'est le Far West qui règne dans nos régions ressources. Il n'y pas moins de 60 règlements distincts qui gouvernent l'ouverture et l'opération d'une mine et des dizaines d'inspecteurs et de fonctionnaires pour en surveiller l'application.

Ce fait vient contredire les assertions de Me Nicole Kirouac, avocate et personne-ressource du Comité de vigilance à Malartic et aussi membre de la Coalition, que « des centaines de familles souffrent d'impacts négatifs à cause du manque de contrôle et de l'inefficacité du cadre règlementaire actuel des mines au Québec ». Rappelons qu'il y a aujourd'hui tout au plus 15 mines en opération au Québec.

Au lieu de systématiquement pratiquer la distorsion et alimenter un (faux) sentiment d'urgence auprès du grand public, les opposants au développement responsable de nos richesses naturelles et leurs alliés anti-entreprises gagneraient à établir un dialogue constructif avec l'industrie et cesser cette diabolisation destructive.

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