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Pour en finir avec la guerre des coquelicots

Comment pourrions-nous assurer la coexistence pacifique du coquelicot rouge et du coquelicot blanc ?
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Chris Wattie / Reuters

Il y a quelques années, la première ministre du Québec avait porté le coquelicot rouge du jour du Souvenir en y ajoutant une fleur de lys en son centre. Devant les réactions qu'elle avait provoquées, elle avait expliqué son geste en prétextant un mariage esthétique.

Cette année, ce sont les élus de Québec solidaire qui ont détourné l'attention entourant le jour du Souvenir. Considérant sans doute le coquelicot blanc comme un symbole plus vertueux que le coquelicot rouge, associé à la cause des anciens combattants, ils ont décidé de porter le coquelicot blanc par-dessus le coquelicot rouge.

Il est vrai que le coquelicot blanc est apparu au cours des années trente pour commémorer les victimes civiles de la guerre et s'opposer à l'apologie de la force militaire. Nous pouvons également comprendre que cette opposition puisse se nourrir aujourd'hui d'une condamnation des guerres modernes qui impliquent des intérêts économiques et qui relèvent apparemment moins d'un noble combat pour défendre la liberté.

En revanche, il faut vraiment méconnaître les soldats qui ont vécu les atrocités de la guerre pour penser qu'ils en font la promotion. Ils réclament simplement un peu de respect pour le courage qu'ils ont eu, jadis pour libérer la France et l'Europe et aujourd'hui pour avoir eu le courage de se battre concrètement contre une idéologie qui nous fait unanimement horreur lorsqu'elle émerge chez nous sous la forme d'actions terroristes absurdes.

Est-ce parce que la guerre nous fait horreur que le symbole du coquelicot rouge soulève fréquemment une forme de résistance psychologique teintée d'incompréhension ?

Quoi qu'il en soit, au cours des années le coquelicot rouge est devenu un symbole international apolitique, fondamentalement humaniste et ce n'est pas en le politisant que la paix sera favorisée pour autant. Est-ce parce que la guerre nous fait horreur que le symbole du coquelicot rouge soulève fréquemment une forme de résistance psychologique teintée d'incompréhension ? À cet effet, il est plus qu'absurde que cette opposition à la guerre s'exprime contre les hommes et les femmes qui y ont servi.

À juste titre, plusieurs vétérans se sont sentis blessés par le geste de députés qui ont recouvert le symbole traditionnel de l'Armistice par un autre symbole qui se prétendrait plus pacifique. Certains militaires ont pris position publiquement pour inviter la population à porter le coquelicot de leur choix, ou même les deux, mais d'éviter de recouvrir un symbole par un autre. Ce rappel protocolaire est pourtant élémentaire.

Pour commémorer les victimes civiles et s'opposer à la militarisation des conflits, le coquelicot blanc ne devrait-il pas éviter de se placer en compétition avec l'Armistice du 11 novembre qui constitue également une commémoration du retour à la paix ?

Maintenant que le jour du Souvenir est passé, et pour éviter qu'un confit de symboles ne devienne plus important que la réalité, comment pourrions-nous assurer la coexistence pacifique du coquelicot rouge et du coquelicot blanc ?

Puisque la commémoration des victimes civiles est au cœur des préoccupations de ceux qui tiennent au coquelicot blanc, est-ce que la semaine du 6 au 9 août, où des dizaines de milliers de civils japonais sont morts à la suite des explosions atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, pourrait constituer une période porteuse de sens?

Paradoxalement, ces sacrifices civils ont été suivis d'une période de paix inédite dans l'histoire de l'humanité. Quoi qu'on en pense, cette période de paix relative se poursuit encore aujourd'hui.

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