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Québec Franco: un acrostiche inspiré par une lectrice du HuffPost Québec

En acceptant l'invitation dud'écrire des billets à mon propre rythme, je ne croyais pas pouvoir intervenir très souvent. À d'autres blogueurs rencontrés à la soirée inaugurale de février 2012, je disais ne pas m'attendre à trouver dans l'actualité matière à interventions très soutenues. Or, non seulement ai-je produit 12 billets en 9 mois (mi-mars à mi-décembre), mais encore ai-je dû laisser filer quelques sujets interpelant un démographe.
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En acceptant l'invitation du Huffington Post Québec d'écrire des billets à mon propre rythme, je ne croyais pas pouvoir intervenir très souvent. À d'autres blogueurs rencontrés à la soirée inaugurale de février 2012, je disais ne pas m'attendre à trouver dans l'actualité matière à interventions très soutenues. Or, non seulement ai-je produit 12 billets en 9 mois (mi-mars à mi-décembre), mais encore ai-je dû laisser filer quelques sujets interpelant un démographe.

Prenant connaissance de l'abécédaire de Simon Leduc le 2 janvier dernier, j'ai eu l'idée d'un acrostiche formé par les 12 lettres des mots QUÉBEC FRANCO. J'ai fait appel, au sein de ma famille, à l'une de mes lectrices des plus assidues mais aussi des plus exigeantes : Claudine. Je lui ai demandé de choisir spontanément les phrases ou les paragraphes qui ont retenu son attention. Pour compléter l'acrostiche, j'ai dû refuser l'un de ses choix.

Q : Québec

«[...] à la lumière de la démographie, on serait en droit de se demander comment faire entendre la voix d'un Québec qui compte de moins en moins [au sein du Canada], alors que la minorité francophone de l'ensemble du pays se retrouve de plus en plus concentrée dans la seule province où la constitution ne la protège pas [billet du 13 avril 2012]?»

Cette tendance lourde a été confirmée par le recensement de 2011. L'élection d'un gouvernement fédéral majoritaire en mai 2011, sans l'apport du Québec, est une conséquence de cette régression continue.

U : Urbain (étalement)

Phénomène commun à toutes les grandes agglomérations urbaines de la planète, l'étalement de la population montréalaise dans les banlieues du 450 est surtout le fait des francophones. Tenter de contrer cette tendance lourde oblige à tenir compte de la très forte concentration de l'immigration à Montréal et de son «effet domino». Claudine a retenu cette citation du professeur émérite Raymond Breton :

«Si les natifs se sentent menacés dans leurs habitudes, leurs façons d'utiliser les institutions et les espaces publics, d'éduquer leurs enfants, bref, s'ils se sentent 'envahis', ils chercheront à laisser ce milieu : ils déménageront en banlieue, ils changeront de travail, ils placeront leurs enfants dans une école privée, etc. [billet du 25 septembre 2012].»

É : Économie

[Selon John Ibbitson du Globe and Mail] 'une forte économie et une politique d'immigration agressive a protégé le Canada du choc démographique découlant d'une fécondité à la baisse (traduction libre)'. «Ces propos étonnent. Car la politique canadienne d'immigration n'a jamais compensé une fécondité n'assurant plus le remplacement des générations depuis 40 ans. En dépit de la hausse des 12 dernières années [...], le Canada a cumulé, en quatre décennies, un important déficit des naissances [...] [et] n'a aucune raison de bomber le torse pour se donner en exemple à [...] l'Europe [billet du 1er août 2012].»

B : Baby-boomers

«[Dans] la présente décennie [...], les baby-boomers perdent graduellement leur majorité dans les groupes d'âge où se concentre la population active. [Mais], bien que les baby-boomers prennent tour à tour leur retraite, ils joueront encore longtemps un rôle important au sein de la société en général. N'exercent-ils pas déjà leur droit de vote avec plus d'intensité que les jeunes [billet du 29 mai 2012]?»

Toutefois, Claudine se demande si les comportements électoraux ont «changé depuis le 'printemps érable'». Il semble que oui selon François Gélineau, car 62,5% des jeunes de 18 à 24 ans auraient voté aux élections de septembre 2012, comparativement à 36,2% en 2008.

E : Exogamie

«Bien que l'exogamie [...] soit l'exception [...], le choix du partenaire, en termes linguistiques, [...] exprime la diversification des groupes linguistiques, notamment celle des francophones que l'on qualifie encore de 'pure laine'. Au début des années 1990, comme au tournant des années 2010, la préférence des Anglo-Québécois est [...] allée vers des femmes de langue maternelle française [...], soit 74,7% en 1990-1992 et de 75,2% en 2009-2011. Le choix des anglophones n'a rien d'exceptionnel, [car] les allophones en font autant (70,8% en 1990-1992, 76,4% en 2009-2011) [billet du 4 juillet 2012].»

C : Cheval de Troie

«Il n'est pas banal de savoir combien de francophones bilingues voient dans l'usage de l'anglais une langue plus prestigieuse et plus efficace en divers domaines : travail, communications, commerce, affaires, information (journaux, radio, télé), carrière scientifique ou artistique, etc. Après tant d'années de laisser faire, il est urgent d'abattre ce cheval de Troie que l'État a laissé grossir au sein de la majorité francophone. Que ces francophones soient 150 000, 200 000, voire 300 000, n'a pas la même signification que s'ils n'étaient que quelques centaines placés dans des situations particulières [billet du 30 mars 2012].»

F : Fécondité

«La politique linguistique du Québec, aussi renforcée serait-elle, ne saurait faire fi de notre contexte démographique. Depuis plus de 40 ans, la fécondité québécoise végète sous le seuil de remplacement des générations. Ni l'immigration internationale dans son ensemble, ni les substitutions linguistiques favorables au français (notamment chez les femmes de langues maternelles tierces de plus en plus nombreuses à élever leurs enfants en français), ne peuvent compenser la faiblesse de notre fécondité [billet du 28 août 2012].»

R : Recrutement

«[...] tenter de mieux sélectionner les candidats serait d'autant plus difficile que le nombre d'immigrants recherchés est élevé. Déjà débordés de travail par l'importante augmentation des dernières années, les agents de recrutement acceptent 'tous les candidats se rapprochant plus ou moins du seuil d'acceptation'. Pourtant, ce seuil est déjà très bas! Bref, le système de sélection des immigrants ne donnerait pas les résultats escomptés [billet du 17 mars 2012].»

A : Anglicisation

L'anglicisation fictive de milliers de personnes dans le traitement arbitraire des données explique, en bonne partie, un important écart de près de 6 points (81% à 87%) pour déterminer la proportion de francophones au Québec en 2011.

«En nombre absolu, la différence d'estimation dépasse les 453 300 personnes, soit plus du double de la population francophone du Nouveau-Brunswick! [...] une étude critique publiée par l'Office québécois de la langue française [en 2008] propose une façon de tenir compte [du] multilinguisme sans ramener tout le monde à une seule langue maternelle, et sans forcer tous les répondants à n'utiliser qu'une langue au foyer [billet du 10 novembre 2012].»

En 2011, la proportion de francophones au Québec a été fixée à 82,5% : 80 % ne parlant que le français à la maison, et 2,5% le parlant avec au moins une autre langue.

N : Nominations

«Nommer des personnes ne sachant pas parler le français pour occuper une fonction exigeant des contacts avec des francophones, va à l'encontre des objectifs visés par la loi 101. Que cela se produise 35 ans plus tard, démontre bien que les mentalités n'ont pas changé [billet du 10 mai 2012].»

C : Choc

«Psychiatre, Camille Laurin voyait dans sa politique linguistique une thérapie de choc qui amènerait les francophones à plus d'estime envers leur propre langue. Trente-cinq ans plus tard, il serait déçu de constater que de trop nombreux francophones bilingues donnent encore priorité à l'anglais dans leur vie publique, très souvent sans aucune nécessité [billet du 18 octobre 2012].»

O : Ontario

«En 1977, Camille Laurin voulait faire en sorte que les personnes de langues tierces, en particulier les immigrants de l'avenir, optent graduellement pour le français, avec la même intensité que leurs vis-à-vis ontariens adoptaient l'anglais comme langue parlée au foyer. La langue ainsi librement choisie par des adultes, devient alors la langue maternelle des enfants d'immigrants qui naissent ici. [...] Pour y parvenir, notre politique linguistique misait sur le renforcement du français dans la vie de tous les jours [billet du 11 décembre 2012].»

La citation qui précède n'est pas le choix de Claudine. Sa préférence s'inspire du titre du billet : «En 35 ans, la loi 101 n'a jamais conduit au moindre diktat touchant la vie privée» :

«Dans tout pays libre et démocratique, aucune loi ne saurait viser directement la vie privée des citoyens. Si une loi veut influencer les comportements des individus dans leur vie privée, elle ne peut le faire qu'indirectement par des moyens de nature publique. C'est le cas de la Charte de la langue française (loi 101).»

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