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Le Québec, ses craintes et ses aspirations: réponse à Michel Seymour

Pourquoi je suis en désaccord presque complet avec les propos tenus par Michel Seymour, dans le texte du Huffington Post Québec , intitulé.
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J'aimerais exprimer ici mon désaccord presque complet avec les propos tenus par Michel Seymour, dans le texte du Huffington Post Québec , intitulé Une lecture identitaire du carnage de Québec.

Seymour démontre clairement son aversion et même son irritation face au débat rattaché à la Charte de la laïcité, amorcé par l'ex-ministre du Parti Québécois, Bernard Drainville. Pourtant, il s'agit d'un débat incontournable et sain pour tout peuple qui se questionne sur son identité, son avenir et son lien avec le reste du monde et a fortiori, lorsqu'il s'agit d'un peuple au statut pour inconfortable comme celui du Québec, non-signataire, faut-il le rappeler, de la constitution de 1982.

Concernant le fait hyper documenté de la propagation du salafisme (du wahhabisme) et de l'islamisme politique, par l'Arabie saoudite, il est étonnant de voir Seymour douter de cette réalité. Et pour parler d'amalgame indu, celui qu'il suggère entre les radios-poubelles, Richard Martineau et son collègue de l'UQAM, Mathieu Bock-Côté, manque littéralement de sens critique et de respect pour un confrère. Un autre amalgame qui démontre que Seymour méconnait la population du Québec, est celui qui consiste à confondre la méfiance face à l'islamisme, avec le rejet des personnes issues du monde arabo-musulman et d'ailleurs. Tous les jours, des milliers de Québécois travaillent, côtoient, tissent des liens avec ces citoyens et, à peine sorti du cléricalisme catholique de la grande noirceur, n'est-il pas légitime qu'ils se méfient de l'obscurantisme religieux, quel qu'il soit ?

De qui parle-t-il quand il critique le national-populisme de l'élite québécoise ? Comme s'il n'y avait ici qu'une seule et monolithique élite intellectuelle et politique.

Seymour affirme qu'il ne faut pas faire de la laïcité une religion. Je partage cette assertion, mais j'ajouterais aussi que la laïcité doit servir de cadre éthico-politique à l'intérieur duquel les différentes conceptions du monde doivent se mouvoir. Ce qui permet aux droits individuels et aux droits collectifs de trouver ensemble un modus vivendi. Et, je ne sais pas trop à quoi Seymour fait référence quand il soutient que l'État n'a «pas affaire» dans les cuisines et les chambres à coucher de ses électeurs. Cette formule ''trudeauïforme'' me semble ici un pur flatus vocis, qui ne correspond en rien à ce qui se discute honnêtement sur la place publique.

Et si l'«islamophobie» correspond à la méfiance, à la crainte et au rejet de l'islamisme politique, cette crainte est-elle légitime en ce monde où chaque semaine, des femmes, des enfants, des soldats ou de simples citoyens, musulmans dans la majorité des cas, se font faucher la vie par de lâches criminels faussement religieux ?

J'aimerais savoir en quoi Azzedine Soufiane, l'une des six victimes du forcené de Ste-Foy, serait d'emblée un héros? À moins que, comme c'est souvent le cas de nos jours, les mots veuillent tout dire et ne rien dire, presque simultanément.

Le philosophe de l'Université de Montréal affirme que l'islamisme politique ne serait «pas venu au Québec». Quelle affirmation surprenante, alors que nous savons que radicaux et terroristes font de la propagande et recrutent à moult endroits dans la Belle Province. Et même que certains jeunes Québécois ont tenté ou sont carrément allés rejoindre les rangs de Daesh ou autres groupes terroristes au Moyen-Orient.

Faire directement intervenir l'élection de Trump et les démagogues des radio-poubelles de la Capitale, dans la causalité du geste du tueur de Ste-Foy, n'a pas plus de valeur que de mettre certains crimes violents sur le dos des jeux numériques, de la musique métal ou de toute cette protéiforme culture gothico-démoniaque.

Oui, nous sommes craintifs face aux excès possibles dans la défense des droits des minorités, parce que notre propre problème collectif constitutionnel et identitaire n'est pas encore réglé et que nous en sommes toujours fragilisés.

Et que dire du sentiment de culpabilité que Seymour tente de faire naître dans le cœur des Québécois, qui cherchent à trouver une issue à leur situation constitutionnelle et à leur identité, dans un monde aux changements incessants et multiformes ? N'est-il pas légitime de se méfier de ce retour en force de la question religieuse, dans un débat que nous croyons pourtant détaché de ces vétustés idéologiques ? Oui, nous sommes craintifs face aux excès possibles dans la défense des droits des minorités, parce que notre propre problème collectif constitutionnel et identitaire n'est pas encore réglé et que nous en sommes toujours fragilisés.

Quand Seymour soutient que les nationalistes de gauche ont retourné leur veste de bord, de qui parle-t-il ? Que dire de cette ''gauche'' universitaire pépère, attachée à ses conforts et privilèges, souvent incapable de provoquer le moindre questionnement dérangeant sur elle-même et sur les failles nombreuses du monde actuel ?

Comme plusieurs, je suis un nationaliste de centre gauche ouvert aux minorités, et à tous ceux et celles qui veulent d'un Québec laïc, ouvert et ferme. D'un Québec respectueux des droits (pas seulement des droits individuels ni ceux des groupes minoritaires), de l'environnement et soucieux d'une redistribution équitable des richesses. D'un Québec assez courageux pour remettre en question les excès du capitalisme fétichiste, gaspilleur et à moult égards, corrompus. Je ne dirai rien de ce Québec Solidaire, défenseur de tellement de causes, que le doute plane sur sa capacité réelle à devenir un vecteur du développement global du Québec.

P.S. Y a-t-il un mal à parler du tireur de Sainte-Foy comme d'un pauvre détraqué neuronal, qui aurait probablement agi de manière semblable sans Trump, les radio-poubelles ou la fameuse Charte de Drainville ?

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Mai 2017

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