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Le talon vert de Stephen

Les conservateurs de Stephen Harper ne cachent aucunement que leur unique stratégie économique consiste à exploiter au maximum le pétrole des sables bitumineux. Depuis quelques mois, alors qu'ils apparaissaient de marbre devant toutes les récriminations ou mobilisations populaires sur quelques enjeux politique, social ou encore de droit que ce soit, ils sont soudainement secoués devant les luttes citoyennes et les campagnes environnementales qui appellent à davantage de contrôle sur l'industrie extractive canadienne.
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Les conservateurs de Stephen Harper ne cachent aucunement que leur unique stratégie économique consiste à exploiter au maximum le pétrole des sables bitumineux. Depuis quelques mois, alors qu'ils apparaissaient de marbre devant toutes les récriminations ou mobilisations populaires sur quelques enjeux politique, social ou encore de droit que ce soit, ils sont soudainement secoués devant les luttes citoyennes et les campagnes environnementales qui appellent à davantage de contrôle sur l'industrie extractive canadienne. C'est leur talon d'Achille. En conséquence, il ne vaut voir rien de moins, dans les récentes attaques des conservateurs contres les mouvements environnementalistes au Canada, que l'amorce d'une très sale guerre « anti-nature » qui visera à museler tout discours « vert » au Canada de Harper.

Dans le contexte où au Québec les mouvements citoyens de multiplient contre les gaz de schistes et le Plan Nord, où au Canada les nations autochtones s'activent contre l'industrie minière et les sables bitumineux, où à l'international, les voix s'élèvent de plus en plus contre la politique anti-environnementale canadienne, il y a certes là une opportunité pour les mouvements sociaux québécois, canadiens et autochtones, avec l'appui des mouvements environnementaux internationaux, de mener ensemble une lutte déterminante contre ce gouvernement.

Les premières salves

C'est initialement le ministre fédéral des Ressources naturelles, Joe Oliver, ministre dont le mandat est d'encourager le développement durable et l'utilisation responsable des ressources minérales, énergétiques et forestières, qui les lança. Le 9 janvier dernier, à quelques heures d'une consultation publique sur le fameux pipeline de la société Enbridge en Colombie-Britannique, il accusait certains groupes environnementaux d'être financés par des « intérêts étrangers pour nuire au développement économique canadien ».

Mais cette attaque n'est que la pointe de l'iceberg. Depuis l'abandon catastrophique du Protocole de Kyoto qui justement aurait forcé le Canada à diminuer sa production de pétrole, plusieurs médias ont rapporté une intense et inacceptable activité de plaidoyer international, organisée et financée à même nos impôts et coordonnée en très haut lieu entre le gouvernement et l'industrie pétrolière. Elle vise, au mieux à vendre le pétrole des sables bitumineux ou, au pire, à faire d'intenses pressions à ces nations qui seraient tentées d'imposer des contrôles sur leurs importations pétrolières. L'Unions européenne, qui souhaitait récemment mettre des contraintes sur le pétrole sale canadien, a dû faire marche arrière.

Au Canada, après la mise à pied de centaines d'employés d'Environnement Canada, alors qu'on s'apprête à sabrer dans les législations qui jusqu'à maintenant protégeaient la faune aviaire et son habitat (évidemment parce qu'il se trouvent de nombreux marais, lacs et rivières sur la route du pipeline!!), les ténors conservateurs multiplient les attaques contre les groupes environnementaux, et pas les moindres. Le 15 mars, le Ottawa Citizen rapportait les propos du Sénateur conservateur Don Plett lequel alléguait rien de moins que les organisations environnementales canadiennes pourraient être tentées par l'argent de groupes terroristes comme le Hamas, les talibans ou Al Qaeda! Une affirmation des plus surréalistes, mais qui en dit long sur la détermination des troupes de Stephen Harper.

Des mobilisations sans précédent!

Mais en contrepartie, les mobilisations visant à protéger l'environnement sont largement en hausse. Au Québec particulièrement, la lutte pour un moratoire sur l'exploitation des gaz de schiste implique des milliers de citoyens lesquels pourraient à court ou moyen terme forcer le gouvernement à reculer. Même son de cloche plus globalement au niveau de l'industrie minière alors que le Plan Nord du gouvernement de Jean Charest semble surtout avoir permis de rouvrir le débat sur une loi des mines centenaire qui donne tous les droits à l'industrie; sur la question des redevances à l'État et plus globalement sur la gestion des ressources naturelles d'ici qui font partie du bien commun de l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Plusieurs groupes environnementaux et sociaux ainsi que des citoyens de partout au Québec préparent d'ailleurs pour le 22 avril, jour de la terre, ce qui pourrait bien être la plus grande manifestation pour l'environnement de l'histoire!

Au niveau canadien, les mobilisations prennent chaque jour plus d'ampleur contre les sables bitumineux. Depuis septembre, où plus de 200 personnes étaient arrêtées à Ottawa dans le cadre d'une action de désobéissance civile qui regroupait des groupes de partout incluant plusieurs groupes autochtones, il n'est pas une semaine sans que se manifestent de nouvelles voix questionnant l'obstination conservatrice en faveur des sables bitumineux et contre tout le reste.

Défendre ensemble le vert

Ces enjeux sont québécois, canadiens et internationaux. Dans quelques mois, s'ouvre à Rio de Janeiro le Sommet sur le développement durable (Rio+20). Comme lors des dernières négociations sur les changements climatiques à Copenhague, Cancun et Durban, il est prévisible qu'au Brésil, les envoyés de Stephen Harper chercheront à empêcher toute avancée qui pourrait de près ou de loin limiter l'exploitation du pétrole canadien.

S'il est un endroit, un moment, où l'expression « mondialisation des solidarités » doit prendre un sens, c'est précisément sur les questions environnementales, et c'est maintenant. D'un océan à l'autre, les mouvements sociaux et citoyens, les mouvements environnementaux et les nations autochtones doivent renforcer leurs alliances et leurs stratégies sur les enjeux liés à l'extractivisme et aux changements climatiques et forcer ainsi des concessions. Par la même occasion, ils doivent s'allier aux mouvements internationaux qui veulent aussi diminuer les impacts négatifs du gouvernement canadien sur les politiques climatiques internationales.

Une réplique « verte », concertée de l'intérieur comme de l'extérieur est dans le contexte une réelle possibilité. Et c'est sans l'ombre d'un doute la meilleure carte pour ceux et celles qui veulent construire une opposition extraparlementaire à ce gouvernement.

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