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Un gouvernement en rade

On constate trop souvent qu'entre la volonté d'agir du gouvernement et l'action effective sur le terrain, les projets restent en rade. Comme un bateau en panne reste en rade. Et c'est bien là, le malaise que nous ressentons face à ceux qui nous gouvernent.
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On constate trop souvent qu'entre la volonté d'agir du gouvernement et l'action effective sur le terrain, les projets restent en rade. Comme un bateau en panne reste en rade. Et c'est bien là, le malaise que nous ressentons face à ceux qui nous gouvernent. Après tant de projets pilotes et de projets de loi, de propositions d'engagements, de commissions publiques, de comité d'experts et de perpétuelles consultations, l'impression demeure, réforme après réforme, de revenir à la case départ.

Qu'a-t-on réglé concernant l'encombrement des urgences, le faible pourcentage de personnes ayant accès à un médecin de famille, les conditions de vie des personnes en CHSLD, la révision du mode de rémunération des médecins, la répartition des rôles professionnels par rapport à celui des médecins, etc. En éducation, qu'en est-il des mesures visant à contrer le taux élevé de décrochage scolaire, le nombre troublant d'analphabètes fonctionnels (50 % et plus), sans parler du brouillard enveloppant les données relatives à la réussite scolaire.

Que dire de la paralysie progressive qui frappe le système de justice, du peu d'empressement à vraiment donner suite aux recommandations de la Commission Charbonneau, de la somnolence en ce qui concerne l'affirmation des valeurs propres de la société québécoise (par exemple le projet de loi 62), etc.

Tout cela c'est «gouverner des pensées» et ce ne sont pas les engagements financiers débloqués en catastrophe qui y changeront quelque chose. Pourquoi? Parce que prévaut dans les officines gouvernementales une vision des problèmes de système comme étant avant tout ceux d'idées, de concepts et de «visions statistiques» du terrain : ratios, analyses comptables, sondages, etc., et où seul le rationnel est réel. Alors que, pour les acteurs sur le terrain, la réalité de la vie professionnelle au quotidien signifie s'appuyer davantage sur la représentation que les gens de métier et les patients ou clients se font des changements et leurs effets et de faire les ajustements que dicte leur expérience.

Or, la volonté politique privilégiant une approche techno-bureaucratique ne vaut rien si la logique des décisions des acteurs sur le terrain des opérations n'est pas respectée. C'est pour cela que trop de réformes ne vont nulle part comme on fait, en rade, des radoubs sur un navire sans savoir, pour autant, ce que sera sa prochaine escale. Ajoutons que, dès que l'opposition ou les médias soulèvent un cas pouvant mettre dans l'embarras le ministre concerné, celui-ci prend rapidement le dossier en charge, intervient publiquement et renforce son contrôle sur ce qui se fait dans le ministère et les établissements sous sa responsabilité. De cette façon, au fil des ans, la proximité du politique dans la définition des responsabilités des ministères concernés a accentué la fonction administrative de contrôle de ceux-ci vis-à-vis des institutions et établissements sous leur gouverne. Ces ministères sont devenus dans les faits essentiellement des ministères de tutelle.

Le gouvernement, les ministres responsables et les ministères se sont pratiquement substitués aux membres des conseils d'administration et directions d'établissements. Le rôle de ceux-ci étant réduit trop souvent à assurer, à grands frais, les nouveaux assemblages de structures, la traçabilité des dépenses budgétaires ou celle des inventaires d'équipements. Comme nous l'avons déjà souligné : «Une fois passées les grandes réformes pilotées par les commis de l'État, il aurait fallu (...) relever le vrai défi de toute grande administration, celui de décentraliser les pouvoirs et les responsabilités réels en faveur des institutions et établissements qui sont les plus proches des citoyens qu'ils doivent servir».

Cela s'appelle autrement le principe de subsidiarité : en gestion, toute question devrait être traitée par l'autorité compétente la plus petite ou la plus basse dans la hiérarchie, celle qui est la plus près du citoyen. Or, on a fait exactement le contraire au point de décourager toute participation citoyenne responsable à la bonne gestion des institutions publiques et parapubliques.

Depuis 1998, neuf rapports de «sages» en matière de santé ont été soumis au gouvernement du Québec (Rochon, Côté, Arpin, Anctil, Clair, Bédard, Deschênes, Ménard et Castonguay), rapporte l'économiste Pierre Fortin, dans L'Actualité du 15 mai 2011 sous le titre «Santé : un gouffre financier à combler. »

Voir aussi l'article publié dans Le Devoir et sur Cyberpresse-Le Soleil, «Où est l'État? L'État et partout! », mai 2010.

Ce texte est cosigné par Normand Chatigny, qui a œuvré sur la scène municipale et fut maire de Cap-Rouge de 2001 à 2005 et membre du Comité exécutif de la Ville de Québec, Denys Larose et Jean-Noël Tremblay, qui ont été directeurs généraux de collèges, et Michel Héroux, qui a œuvré en information et en communication durant sa carrière.

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