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L'anonymat persistant du principal responsable du Collège de Maisonneuve demeure un fait plutôt troublant.
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Dans la triste saga du Collège de Maisonneuve, il y a un élément qui est troublant. L'an dernier, en 2015, lors des démêlés qui ont mené à l'annulation du bail consenti à Adil Charkaoui, l'imam et prédicateur autoproclamé, jamais on n'a vu ou entendu le directeur général du Collège prendre la parole devant les caméras et les micros pour expliquer ce qui se passait, pour énoncer les positions de l'institution.

Le travail a plutôt été fait par une directrice des communications, excellente par ailleurs. À l'époque, je n'avais pas sourcillé. Mais cette année, en 2016, la polémique reprend de nouveau au Collège de Maisonneuve. Des incidents sont survenus qui pourraient, a-t-on appris, impliquer M. Charkaoui. Mais encore une fois jusqu'ici, c'est la directrice des affaires corporatives qui affronte les médias et répond à leurs questions, de façon compétente, il faut le dire. Pas plus que l'an dernier n'avons-nous vu ou entendu le directeur général de ce cégep. À mes yeux de vieux communicateur expérimenté, il y a là quelque chose qui cloche à Maisonneuve.

En effet, tous les professionnels de la communication vous le diront, en matière de crise vient un moment où il faut que ce soit le «patron» qui s'exprime, qui expose la position de la maison et ce, pour des raisons reliées tout autant aux besoins de la communication interne que de la communication externe.

L'engagement public du numéro un de l'institution donne, pour le grand public, qui inclut autant les parents que les étudiants et étudiantes, un visage à l'organisation. L'image du patron expliquant les positions du collège est aussi un élément de ralliement interne pour les employés du Collège. Quand le patron parle aux médias, il parle aussi à ses employés, professeurs et autres. En situation de gestion de crise, les besoins en communication interne et externe requièrent davantage que le seul travail d'un ou d'une porte-parole, quelle que soit sa compétence par ailleurs.

Ce vendredi, le communiqué du Collège de Maisonneuve, repris par les médias, ne parlait que de la «direction» du collège. Nulle part, le communiqué ne se réfère nommément au directeur général de cette institution. Voilà qui est étrange. Plus encore, sur le site web du collège, il n'y a aucune information sur la direction. Bref, ce Collège n'est dirigé par personne sinon par un groupe anonyme appelé vaguement «la direction». Ce collège ne s'exprime aussi que par l'entremise d'une porte-parole.

En 1973, j'étais un jeune reporter à Radio-Canada. J'ai eu à quelques reprises à couvrir des contestations étudiantes dans les cégeps, y compris au Collège de Maisonneuve. À cette époque, c'était le directeur général lui-même, le regretté Roland Arpin*, qui nous accueillait, nous journalistes, et qui répondait à nos questions. Il faisait toujours cela avec les journalistes quand le besoin s'en faisait sentir. Bien sûr, o tempora o mores, comme disaient les Romains. Autre temps, autres mœurs et nous ne sommes plus en 1973.

Mais l'anonymat persistant du principal responsable du Collège de Maisonneuve demeure un fait plutôt troublant.

*Roland Arpin a par la suite connu une longue carrière au Gouvernement du Québec. Entre autres réalisations, il est le créateur du Musée de la civilisation de Québec, dont il fut le premier directeur général.

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Mai 2017

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