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Côte-des-Neiges--Notre-Dame-de-Grâce a besoin d'une politique alimentaire

Certains coins de CDN-NDG sont de véritables déserts alimentaires. Qui est touché par ce phénomène? Souvent des personnes à faible revenu, âgées ou à mobilité réduite. Sans attendre les gouvernements fédéral et provincial, la ville de Montréal, ainsi que chacun de ses arrondissements, doit donc se doter d'une politique alimentaire en bonne et due forme.
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Comme le soulignait récemment mon collègue blogueur Patrice-Hans Perrier, la sécurité alimentaire constitue un problème véritable à Montréal. Dans plusieurs quartiers de la ville, notamment mon arrondissement de Côte-des-Neiges--Notre-Dame-de-Grâce, des prix trop élevés ou une disponibilité insuffisante de nourriture de qualité à proximité empêche les citoyens de faire des choix sains.

Certains coins de l'arrondissement sont de véritables déserts alimentaires: les supermarchés sont trop loin et les solutions de rechange (dépanneurs ou restaurants fast-food par exemple) offrent peu ou pas d'aliments de qualité à bon prix. Qui est touché par ce phénomène? Bien sûr, ce sont souvent des personnes à faible revenu, âgées ou à mobilité réduite. Mais il y a aussi un trop grand nombre de familles qui se trouvent en difficulté. Les banques alimentaires ne peuvent suffire à la tâche et, de toute façon, l'accès une alimentation saine ne devrait pas reposer sur la charité. La situation est évidemment inacceptable dans une société riche telle que la nôtre, d'autant plus qu'il existe plusieurs solutions pouvant contribuer à faire reculer la faim.

L'administration municipale doit absolument jouer un rôle de leader dans cette bataille. Elle a le pouvoir, non seulement d'aménager l'espace public pour ce faire, mais surtout d'encourager et de soutenir les initiatives citoyennes visant à développer et à diversifier l'accès à de la nourriture de qualité pour tous. C'est pourquoi, lorsque j'ai travaillé sur cette question avec Option Consommateurs, nous avons inclus plusieurs recommandations pour les villes. Sécurité alimentaire Canada a fait de même. Voici donc quelques exemples bien concrets.

Tout d'abord, les projets d'agriculture urbaine doivent être mieux soutenus. Les formules sont aussi diversifiées que les milieux dans lesquelles elles s'insèrent: toits verts, jardins communautaires, potagers sur des terrains scolaires, culture en bacs ou en serres, etc. Les citoyens de CDN-NDG et de tout Montréal sont créatifs; leurs élus doivent leur laisser le champ libre et les encourager dans de telles initiatives. En particulier, les autorités doivent accélérer le débétonnage et la décontamination des sols de la ville afin de permettre à ces projets de prendre... racine!

Le secteur de l'économie sociale peut et doit aussi être mis à contribution. Nos cuisines collectives et autres organismes communautaires liés à l'alimentation, qui se font par ailleurs un honneur d'utiliser des produits frais et locaux lorsque c'est possible, doivent obtenir tout le soutien public dont ils ont besoin afin d'assumer leur mission. En même temps, ces organismes créent des emplois et resserrent le tissu social de leur communauté. Bref, ils redonnent du pouvoir aux citoyens et doivent être encouragés.

L'achat local prend de l'ampleur au Québec, et le développement des marchés publics permettrait aux producteurs maraîchers du pourtour de l'île de Montréal de venir vendre leurs produits directement aux consommateurs urbains. Ces marchés constituent une chance unique de mettre la main sur les produits les plus frais et à prix imbattables. Ils permettent aussi de créer un lien entre producteurs et consommateurs. Personnellement, il m'est important de connaître mon fermier aussi bien que mon dentiste ou mon mécanicien. J'ai toujours apprécié les marchés publics. Lors de mon deuxième passage à l'université McGill, j'ai contribué à démarrer une coop d'alimentation bio sur le campus, qui aujourd'hui gère un marché public, à chaque automne, en plein centre-ville. Mais les besoins à CDN-NDG sont complexes, et il ne faut pas improviser. D'où l'importance d'établir une politique alimentaire rapidement pour mieux cibler nos efforts.

Le principe de base doit être le suivant: faire le nécessaire afin de permettre aux citoyens de prendre leurs propres décisions en matière d'alimentation. Leur offrir de vrais choix. En luttant de différentes façons contre la rareté ou la cherté des denrées alimentaires de qualité, nous pouvons offrir ces choix à tous. Sans parler des autres avantages qu'une politique alimentaire coordonnée nous procurerait sur les plans environnemental et économique: une population plus en santé et plus active, un secteur agroalimentaire plus diversifié et dynamique, un usage plus optimal de l'espace public ainsi que de nos ressources naturelles et énergétiques, etc.

Bref, nous avons les moyens de créer un marché agroalimentaire communautaire, qui nous permettrait de vivre plus en santé, de stimuler l'économie locale et donc de réduire la pauvreté et de créer des emplois, tout en augmentant le degré de sécurité alimentaire dans CDN-NDG.

D'autres villes sont déjà à l'avant-scène sur ce plan. Ailleurs au Canada, Toronto et Vancouver se sont déjà doté d'un Conseil de politique alimentaire. Plus près de nous, Côte-Saint-Luc a créé sa propre Charte alimentaire. Nous avons donc du retard à rattraper.

Sans attendre les gouvernements fédéral et provincial, la ville de Montréal (ainsi que chacun de ses arrondissements) doit se doter d'une politique alimentaire en bonne et due forme. Je m'engage à le faire pour mon arrondissement. Et j'espère avoir relancé le débat sur cette question par ce court billet. Les meilleures politiques sont celles qui naissent dans la communauté, à travers la consultation et les discussions publiques. En termes d'alimentation comme pour tout le reste, c'est ce que je souhaite pour CDN-NDG.

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Pierre Karl Péladeau

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