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Derrière le TDAH, il y a une personne

La diversité, c’est la force, la beauté et la richesse de notre monde.
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Il y a environ 18 mois, je vous présentais mon premier billet qui vous parlait de l'autisme et de la neurodiversité, une réalité neurobiologique grandissante, mais peu connue.

La neurodiversité désigne la variabilité des fonctionnements neurocognitifs de l'espèce humaine. Aucun cerveau n'est identique. Au même titre que la biodiversité, la neurodiversité existe. L'humanité est neurodiverse et les différents types de fonctionnements neurologiques sont indispensables à notre société. La diversité, c'est la force, la beauté et la richesse de notre monde.

L'autisme, le TDAH, la dysphasie, la dyspraxie, la douance, la déficience intellectuelle, entre autres, font partie de ces variations cognitives naturelles. Aujourd'hui, j'aborderais le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA-H) vu sous le prisme de la neurodiversité.

Le TDA-H est perçu comme un trouble neurologique, biologique et mental, voire même littéralement une atteinte cérébrale pour certains. On essaie de le « dompter » par des thérapies comportementales, de le traiter par des traitements pharmacologiques. On essaie de trouver avec plus de précision les différentes « anomalies » au niveau cérébral pour essayer, éventuellement, de le guérir.

Le cerveau est construit, organisé et se développe de manière différente et fonctionne par conséquent, différemment.

Pourtant, le cerveau d'une personne ayant un TDAH n'est pas abîmé et ne comporte aucune lacune. La structure cérébrale, les connexions neuronales et l'équilibre des neurotransmetteurs sont hors-norme et non endommagés. Le cerveau est construit, organisé et se développe de manière différente et fonctionne par conséquent, différemment. De manière extrêmement simplifiée, nous pourrions dire que les personnes ayant un TDAH ont un cerveau perceptif qui traite l'information de manière différente.

Lorsqu'on voit le TDAH comme un trouble, on nuit considérablement à la personne ayant cette intelligence particulière. Nous renions par ce fait son mode de fonctionnement unique. Même aborder de manière la plus douce et la plus ludique, la suggestion de trouble et l'accent mis sur le traitement pharmacologique peuvent porter grandement préjudice aux personnes ayant un TDAH. Plutôt que de voir leurs forces potentielles et de miser sur le développement de celles-ci, nous empreignons une image négative de leur condition. Nous leur laissons croire que leur mode de fonctionnement est perturbé et que leurs réactions et émotions sont déséquilibrées et disproportionnées. Nous laissons croire qu'il n'y a qu'un seul et unique bon mode de fonctionnement et nous essayons de faire entrer les personnes ayant un TDAH dans le moule de la normalité, ce qui ne sera jamais possible. Nous travaillons à l'encontre de leur neurologie, de leur personnalité et de leur ressenti.

Les parents se retrouvent souvent sans aide et sans outils pour accompagner leur enfant, et ce, dès son plus jeune âge.

Le TDAH comporte son lot de défi qu'il ne faut certainement pas nier. Le TDAH est autant un défi pour la personne concernée que pour son entourage. La société occidentale particulièrement est peu adaptée à la différence. Les parents se retrouvent souvent sans aide et sans outils pour accompagner leur enfant, et ce, dès son plus jeune âge. Des difficultés majeures surviennent généralement dans le milieu scolaire. L'enfant et le parent ainsi que l'enseignant se retrouvent tous pris au piège dans un système mal adapté dans lequel l'uniformité prime sur la personnalité. Pourtant, la diversité est primordiale pour avoir une société équilibrée et optimalisée.

L'impulsivité, l'agressivité, l'opposition, la faible estime de soi qui découlent souvent de cette condition ont un impact majeur non négligeable dans la vie de la personne. Mais, l'amélioration de la condition ne veut pas dire l'éliminer ou de voir la condition comme un trouble en mettant en avant plan la médication comme principal « traitement ». Nous laissons également croire à ces personnes qu'elles n'ont presque aucun pouvoir personnel sur leur neurologie, comme si le TDAH était une sorte de fatalité. Nous devons, ensemble, trouver des stratégies afin que la personne ayant un TDAH puisse mettre à profit son mode de fonctionnement et minimiser les impacts négatifs sur sa vie.

Derrière le TDAH, il y a une personne.

Nous concentrons la majeure partie de notre énergie et de notre argent pour trouver LE bon traitement pharmacologique pour traiter le TDAH alors que nous devrions mettre en commun nos efforts pour trouver des méthodes alternatives concrètes qui respectent la neurologique particulière du TDAH et qui reconnaissent les forces hors normes de ces personnes uniques. Derrière le TDAH, il y a une personne. Un être humain avec des forces, des faiblesses, des passions, des émotions. Un être humain qui demande soutien, respect et bienveillance.

La neurodiversité change la vision pathologique sur l'être humain et amène la société à poser un regard humanisme sur les variations neurologiques. Lorsqu'on aborde le TDAH comme un lot d'atteintes et comme un fonctionnement défectueux, on augmente la stigmatisation de ces personnes. On néglige leur fonctionnement atypique. On se concentre fortement sur les présumées anomalies. On oublie la personne derrière le TDAH tant et si bien que nous y voyons seulement un déficit, un déséquilibre. Trouvez la bonne molécule chimique prime alors sur l'être humain et son vécu intérieur. Reconsidérer la nature humaine, c'est de percevoir la personne ayant un TDAH comme un être humain complet et non comme un numéro de laboratoire. Le mouvement de la neurodiversité favorise les forces des humains et voit les personnes ayant cette variation neurologique comme des individus possédant une combinaison de forces et de difficultés cognitives formant un tout.

Le cerveau des personnes ayant un TDAH est distinct. Ces distinctions relèvent de la neurologique, de la biologique, de la génétique qui sont à la base même de l'hétérogénéité de la vie. La différence est parfois éreintante, désarmante, bouleversante. La différence c'est l'humanité tout entière. La différence est pétillante. La différence est innovante. La différence colore la vie.

La neurodiversité peut paraître ridicule et inconcevable. Mais lorsque l'on regarde le TDAH sous ce prisme, nous pouvons voir les forces incroyables que cette variation a à offrir à la société. Nous y voyons des gens créatifs, innovants, passionnés, vivants ayant tout un monde de possibilités à nous faire découvrir.

Avril 2018

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