Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mes parents me disaient que je pouvais réaliser ce que je voulais, je suis devenue la première femme PDG chez Nissan

Les rêves ne se réalisent pas tout seul, il nous appartient d'en faire une réalité.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Depuis que je suis petite, mes parents m'ont appris que je pouvais faire ce que je voulais, qu'il suffisait simplement d'être la meilleure. C'est ainsi que je suis devenue cette petite fille qui gagnait toujours plus de bonbons lors des kermesses, la première à répondre aux questions en classe et aussi la première à terminer les contrôles. Je suis profondément reconnaissante d'avoir grandi dans un foyer qui promouvait le fait que les femmes étaient libres de toutes limites ou contraintes sociales. Même au sein de la société mexicaine, où le machisme est profondément ancré et les femmes n'avaient que peu de possibilités d'exercer leurs droits.

Bien qu'au cours des dernières années le Mexique ait connu un changement positif quant à l'inclusion des femmes dans le milieu professionnel, il existe encore de nombreuses opportunités pour créer une société plus variée à bien des aspects, plus particulièrement en matière d'éducation, de travail et de vie.

En ce qui concerne mon histoire personnelle, je ne pense pas qu'il s'agisse simplement de chance. Je crois fermement que les rêves ne se réalisent pas d'eux-mêmes, qu'il nous appartient d'en faire une réalité. J'ai toujours su qu'un jour je dirigerais une entreprise, je ne savais simplement pas exactement quand cela arriverait. Être une femme implique de travailler dur et de rester concentrée pour faire de vos rêves une réalité, en surmontant les obstacles liés aux différences entre les sexes.

Je me rappelle que mon entrée dans l'industrie automobile s'est faite par hasard. En effet, je recherchais à l'époque un travail à mi-temps pour pouvoir m'acheter une voiture me permettant d'aller de l'université à la maison. J'ai alors intégré un concessionnaire automobile et ainsi, à force de fouler le sol du magasin, j'ai fait l'une des plus grandes découvertes de ma vie : j'ai appris que j'avais de l'essence dans les veines.

Il y a quelque chose de spécial dans la vente de voitures. Pour moi, cette expérience a changé ma vie. En effet, à la différence d'autres pays, acheter une voiture au Mexique est une fête, un rêve qui se réalise. J'étais sincèrement reconnaissante de jouer un rôle dans ce qui était un grand évènement pour de nombreuses familles et personnes. À plusieurs occasions je me suis retrouvée sur la photo de famille que prenaient les clients quand ils venaient récupérer leur voiture.

J'ai alors su que c'était la voie qui me permettrait d'atteindre mes objectifs. J'ai obtenu un poste au sein du service financier de la marque, Renault Financial Services, démarrant ainsi ma carrière professionnelle. Depuis, j'ai passé 15 ans à travailler pour les marques formant l'Alliance Renault-Nissan. Je peux affirmer que cela a été une expérience très intense et difficile, mais par-dessus tout, intéressante.

Les obstacles et les barrières que j'ai surmontés ne constituent pas à eux seuls mon histoire, la manière de les franchir pour me faire une place au sein de la direction de l'entreprise l'est bien plus. Je pense que là est la véritable leçon, tout se résume à la recherche d'opportunités et à la prise de risques.

Durant mes premières années en tant que représentante commerciale, je me rappelle que pour rendre visite aux propriétaires d'agences de la marque, je passais beaucoup d'heures à conduire pour me rendre dans les villes isolées du nord du pays. Je passais encore plus de temps, assise devant leurs concessions, à attendre qu'ils me reçoivent. En effet, ils ne pouvaient concevoir l'idée qu'une femme puisse leur dire comment gérer leurs affaires.

J'ai compris comment les aborder en peu de temps : il fallait leur offrir quelque chose qu'ils n'avaient pas déjà. J'utilisais alors l'information comme principal outil, pour leur offrir une perspective nouvelle et fraîche. Je me rappelle avoir dû étudier l'ensemble des données de chaque ville, le comportement du marché et même la situation sociale, afin de pouvoir leur offrir quelque chose de nouveau, dont ils ignoraient même avoir besoin. Après de nombreuses tentatives, ils m'ont finalement ouvert les portes de leurs concessions. J'ai ainsi commencé à me faire un nom au sein du secteur automobile. Une industrie qui est sans conteste dominée par des hommes, mais pas seulement, et j'en suis la preuve.

Nous sommes tout aussi capables que les hommes, mais malheureusement, beaucoup de femmes ne le savent pas encore.

Après quelques années à travailler dans l'entreprise, le directeur national de Nissan au Mexique de l'époque, José Muñoz, m'a demandé si je souhaitais devenir la première femme à siéger au comité de direction. Sans hésiter une seule seconde, je lui ai répondu oui, sans rien savoir de ce nouveau poste. Je me rappelle qu'à ce moment crucial je me suis demandée : Je prends l'ascenseur et vais où il me mène ou je reste au même étage ?

J'ai bien entendu pris l'ascenseur. Je pense qu'en tant que femmes, nous devons accepter de pouvoir tout faire, peu importe la tâche proposée. Nous sommes tout aussi capables que les hommes, mais malheureusement, beaucoup de femmes ne le savent pas encore. Que ce soit par manque de confiance ou à cause d'obstacles liés aux différences entre les hommes et les femmes, je peux vous assurer que si j'ai réussi, chacune d'entre vous en est aussi capable.

J'ai alors obtenu ma position actuelle : présidente et directrice générale de Nissan au Mexique. Je peux dire avec fierté que j'ai finalement brisé le plafond de verre, en devenant la première femme, en plus de 83 ans, à diriger les opérations d'un pays dans lequel Nissan est présent. Il est clair que c'est une grande réussite, mais je pense qu'il reste encore fort à faire.

Beaucoup de personnes m'ont demandé si j'avais enfin réalisé le rêve de ma vie, ce à quoi je leur ai répondu non. Je continue de vivre mon rêve, chaque jour de ma vie. L'unique différence est qu'aujourd'hui je me sens capable de générer des changements et d'aider d'autres femmes à bénéficier des mêmes opportunités que je n'ai pas pu avoir au début de ma carrière. J'ai toujours dit que si l'histoire de ma vie pouvait aider ou inspirer au moins une jeune fille, une étudiante ou une femme cadre, alors un de mes objectifs serait atteint.

C'est quelque chose que je vois tous les jours dans les yeux de ma fille. Je veux qu'elle soit ce qu'elle veut être. Qu'elle aide d'autres femmes et qu'elle soit inspirée dans ses décisions de vie. Parce qu'en tant que femmes nous devons nous soutenir, nous autonomiser et être en quête d'un futur meilleur.

Mayra Gonzalez participe au Women's Forum Global Meeting qui se déroulera à Deauville du 30 novembre au 2 décembre.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

1. Islande

Les meilleurs et les pires pays pour les femmes selon le Forum économique Mondial

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.