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«Le monde selon Richard Bain», selon le monde médiatique québécois

Voici les résultats d'une petite recherche effectuée pendant mes études de maîtrise concernant le traitement médiatique et politique de la tuerie du 4 septembre 2012 au Métropolis. Le but était de saisir les différentes manières dont l'affaire Bain a été narrée et commentée.
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Alors que débute ces jours-ci le procès du politicopathe fédéraliste Richard Henry Bain, près de quatre ans après l'attentat meurtrier du Métropolis commis le soir des élections de 2012 alors que Pauline Marois prononçait son discours de victoire devant des centaines de militants péquistes, je crois qu'il y a lieu de rompre cette espèce de tabou qui paraît gêner toute volonté de mise en lumière des implications manifestement politiques de ce terrible événement.

Dans son texte du 6 juin dernier, le blogueur Steve Fortin a raison de souligner que si un même acte eût été commis par un fanatique séparatiste cinglé du nom de Richard-Henri Aubin à l'occasion d'un rassemblement du Parti libéral, on n'aurait sans doute pas manqué de le dépeindre comme un terroriste et d'en profiter pour faire le procès de l'ensemble du mouvement indépendantiste, comme cela s'est vu par le passé...

Je me permets donc de publier ci-dessous les résultats d'une petite recherche effectuée pendant mes études de maîtrise concernant le traitement médiatique et politique de la tuerie du 4 septembre 2012 au Métropolis.

Le but de cette recherche consistait à saisir les différentes manières dont l'affaire Bain a été narrée et commentée par les différents acteurs politico-médiatiques du Québec au cours des premiers mois suivant l'événement, selon leur appartenance linguistique et le rôle qu'ils occupent au sein de notre structure sociale et politique.

Voici en résumé ce qui est ressorti de ce travail.

Simplement, dans ce qu'on a généralement cherché à « faire penser » au sujet de l'affaire Bain, on perçoit deux grandes tendances : l'une consistant à politiser les faits, et l'autre qui s'applique à les dépolitiser. Quant à ce qu'on a cherché à « faire faire » à la suite de l'incident, cela s'est essentiellement résumé à des appels au recueillement, au rassemblement, à la « prière », par-delà les appartenances linguistiques ou politiques, notamment pour honorer la mémoire de la victime Denis Blanchette, non sans raison bien sûr. Malgré tout, quelques rares voix discordantes ont quand même saisi l'occasion pour encourager la tenue d'une discussion franche sur la question des tensions politiques au Québec, mais celles-ci n'ont pas trouvé grand écho.

Dans le récit anglophone de l'affaire Bain, environ les deux tiers des productions médiatiques recensées entre le 4 septembre et le 20 décembre 2012 présentaient les événements comme étant plutôt non-politiques.

Pour ce qui est des documents émanant de la sphère médiatique francophone pour la même période, c'était carrément le contraire : dans le corpus étudié, 71,74% des énonciateurs y voyaient un événement plutôt politique, mais le plus souvent de manière implicite, voire involontaire. En réalité, le nombre de journalistes, chroniqueurs ou autres commentateurs ayant fourni une analyse explicitement sociopolitique des événements se révèle plutôt faible.

De manière générale, on a l'impression que pour plusieurs, ne serait-ce que réfléchir aux actes criminels posés présumément par Richard Henry Bain en termes d'implications ou de déterminations sociopolitiques, se révèle anxiogène. On ne veut surtout pas risquer de bousculer la paix sociale, linguistique et politique, autant dire le statu quo ou l'ordre établi des choses. Alors on se tait ou on se convainc que l'accusé, même s'il a multiplié les déclarations politiquement incendiaires, est un détraqué sorti entièrement de nulle part, en dehors de toute matérialité sociale ou politique...

Pour les mordus de travaux universitaires, voici donc un extrait de l'étude en question.

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