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Projet de Loi 14: Yes, no, toaster...

Trop de gens ne font pas la différence entre être en rogne contre le Canada ou «l'impérialisme » et l'être contre l'anglophone. L'avenir appartient pourtant au bilinguisme, modéré et encadré au Québec, afin de ne pas perdre nos acquis, mais le tout dans le respect des droits des uns et des autres.
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Le débat sur la langue au Québec fait rage depuis des années, mais plus particulièrement depuis l'annonce du projet de Loi 14, le fameux Bill 14. Sans en rappeler les buts, l'adoption de son principe, hier par les députés, a été déplorée. Car c'est finalement la Coalition avenir Québec qui a permis au Parti québécois de faire adopter son projet. Mais pourquoi me semble-t-il aussi désuet?

D'emblée, et beaucoup le savent déjà, je suis anglophile. Je suis pour le bilinguisme, tout en reconnaissant le statut prédominant du français au Québec. Donc, autrement dit : non, je ne suis pas pour la liberté absolue des langues, ni un adepte du nouveau Parti Égalité 2.0, d'autant plus qu'ils ont une nette tendance à droite.

Ceci étant, le débat est très particulier. Monsieur et madame tout-le-monde sont assis sur leurs lauriers de toute façon. Bien des gens sont en effet dans la classe des unilingues francophones qui parlent le «yes, no, toaster, Harper, remover», alors que d'autres peuvent se débrouiller, sans plus. Au Québec, à moins d'habiter à Montréal, on est souvent unilingue francophone avec quelques bases en anglais.

Par contre, les groupes qui s'opposent sont diamétralement opposés. On a d'un côté le PQ, les pro-français, qui, si on s'y attarde, proposent l'unilinguisme francophone. Ils en ont que faire des enfants militaires, des PME anglophones, des restaurateurs et des anglophones. La preuve, notre première ministre n'est pas capable d'enligner une phrase en anglais ou encore de tenir un débat en anglais pour une campagne électorale! Ceci étant dit, je suis tout à fait d'accord avec le principe voulant que la langue ne doit pas être une barrière à l'accession à nos institutions démocratiques, mais il me semble que Mme Marois devrait au moins avoir la décence d'essayer de parler anglais. Même Harper à appris!

De l'autre côté, nous avons les anglophones qui, de manière plus ou moins transparente, prônent la liberté de langue via le bilinguisme. Quand je parle d'une transparence relative, c'est que les discours ne sont pas totalement orientés sur le bilinguisme, ils sont davantage axés sur la liberté d'être unilingue au Québec.

Je crois sincèrement que le débat tourne en rond, les deux clans principaux qui se sont affrontés étant trop éloignés en termes de revendications. Par contre, ceux qui parleront les deux langues seront beaucoup plus faciles à satisfaire. La plupart, et c'est encore relatif, sont d'accord avec l'esprit principal de la Loi 101. Le français doit être protégé, dans la mer anglophone qu'est l'Amérique du Nord. Ceci étant, il devrait être normal, dans une société avancée comme la nôtre, d'avoir la chance de parler le français tout en pouvant parler l'anglais d'une manière correcte. Par contre, une fois encore, monsieur et madame tout-le-monde n'en a pas de réel intérêt. En effet, quand on est assis sur nos lauriers et que l'on fait notre bout de chemin dans une langue, pourquoi en parler une autre? Par contre, pour les gens qui sont le moindrement entrepreneurs, le moindrement ouverts sur l'information extérieure, etc., l'anglais devient un atout plus qu'utile.

La piste de solution? Revenir au plus vite sur la Loi 14. Il faut vite détourner vers l'éducation tous les sous qui seront investis, en plus de ceux déjà investis! Il faut absolument que les francophones qui sortent de nos écoles secondaires, publiques comme privées, puissent maîtriser un français parlé et écrit plus que respectable. Tous s'entendent pour dire que l'état du français parlé et écrit est déplorable, à la limite du ridicule chez bien des gens. L'éducation est - on le sait depuis longtemps, même si on a tendance à l'oublier, voire même à le dénier - le fer de lance d'une société moderne. Il doit en être de même en ce qui concerne l'anglais. C'en est assez des « Yes, no, toaster... ». Il faut être capable de parler un anglais acceptable!

Dans nos écoles anglophones, où la langue écrite et parlée est plus simple à maîtriser, il faut enseigner davantage le français, l'ancrer dans l'esprit des jeunes anglophones du Québec. Le bilinguisme est un atout! Mais le respect aussi...

En effet, y a-t-il quelque chose de plus fâchant que de voir les gens s'insurger contre un «Bonjour/Hi» que les commis dans les magasins nous envoient ? C'est le comble du ridicule, car en réalité il n'y a rien de plus respectueux que cela. Par contre, il est tout aussi fâchant de voir quelqu'un débarquer en anglais et exiger un service en anglais, partout où il est au Québec. Autant il est fâchant de savoir que quelqu'un n'est pas capable d'avoir un semblant de conversation en français, tout autant est-il fâchant de savoir que bien des francophones ne tolèrent pas le français cassé de nos amis anglophones.

Il faut faire la différence entre être en rogne contre le Canada ou «l'impérialisme » et l'être contre l'anglophone. Bien des gens ne font malheureusement pas cette différence.

L'avenir appartient au bilinguisme, modéré et encadré au Québec, afin de ne pas perdre nos acquis, mais le tout dans le respect des droits des uns et des autres. Maintenant, il est bien tard pour reculer... mais il n'est jamais trop tard pour changer les choses!

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