Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Pourquoi y a-t-il des décès plus «importants» que d'autres?

La question revient chaque fois que quelqu'un de «connu» décède. Pourquoi cette personne reçoit autant d'attention alors que plusieurs autres meurent injustement dans l'anonymat et avec toute absence de reconnaissance planétaire?
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

La question revient chaque fois que quelqu'un de «connu» décède. Pourquoi cette personne reçoit autant d'attention alors que plusieurs autres meurent injustement dans l'anonymat et avec toute absence de reconnaissance planétaire?

Premièrement, il faut savoir que chaque mort (ou presque) projette une vision irréaliste de la qualité de l'individu qui vient de disparaitre. Que ce soit à grande ou à petite échelle, on va toujours dire d'un défunt qu'il était si bon, si gentil et qu'il ne méritait pas de partir si tôt. Et ce, même dans le cas d'individus qui ont été méprisants et méprisables durant l'entièreté de leur existence.

Nul doute que les morts de Hitler, de Saddam Hussein et même d'Oussama Ben Laden ont provoqué le même genre de compassion parmi leurs pairs. C'est une loi non écrite que tout le monde devient meilleur, une fois décédé.

Ce sentiment s'accentue lorsqu'il est question d'une personnalité connue, parce qu'à force de les «côtoyer» à la télé, dans les films, dans les journaux, dans les sites ou magazines à potins, ces célébrités font à leur façon, partie de notre vie. C'est pourquoi même si leur apport dans nos vies respectives n'est pas tout égal, chacun réagit comme bon lui semble.

Ça semblait énerver plusieurs personnes la semaine dernière que le décès de Robin Williams fasse plus de bruit que les nombreuses vies perdues à cause du conflit en Palestine.

Oui, le conflit fait des victimes innocentes. Oui, c'est très triste. Oui, ils mériteraient tous chacun un statut «R.I.P» sur Facebook.

La guerre existe depuis la nuit des temps, car elle satisfait les gros égos en quête de pouvoir et d'acquisitions territoriales. Malheureusement, ces guerres font toujours d'innocentes victimes, puisque tous ceux pour qui les guerres sont un véritable enjeu ne sont jamais vraiment impliqués là où ça brasse vraiment. Donc, les victimes sont tous innocentes, car elles n'ont rien demandé de tout ça. Ces victimes ne sont généralement que les résidents d'un territoire convoité pour ses richesses naturelles. Parmi ces innocentes victimes, il y a des enfants, de bonnes mamans et de bons pères de famille qui mériteraient toute la reconnaissance du monde.

Mais ce que les gens qui s'insurgent de l'attention donnée à la mort d'une célébrité versus celle d'une population entière oublient, c'est que les gens qui perdent la vie dans ce genre de circonstances, ne sont pas tous des anges. Dans le lot, il y a certainement des voleurs, des violeurs, des batteurs de femmes, des pédophiles et même des meurtriers. On dit souvent que ça prend de tout pour faire un monde et c'est ce dont notre monde «malade» est composé.

Je trouve toutefois étrange que la plupart les gens qui montent aux barricades à propos du capital de sympathie obtenu par feu Robin Williams après à sa mort, il y a moins d'une semaine, sont les mêmes qui parlent encore de la mort d'Elvis, de 2 Pac ou de Michael Jackson.

Ces gens-là sont-ils plus importants que les victimes de guerres dont la «masse populaire» se fout complètement? Pourtant, ils sont morts depuis bien des années déjà et dans certains cas, tout aussi injustement.

La disparition d'un individu sera toujours pleurée, mais certains marqueront l'histoire plus que d'autres.

Prenez-moi par exemple. Si je mourrais demain matin, est-ce que je susciterais autant de réactions qu'une célébrité qui vient de mourir? Probablement pas! Pourtant, je ne suis pas un individu de moins bonne qualité parce que je ne suis pas connu. Ma famille immédiate, mes amis proches ainsi que mon petit fanbase sur Internet seraient certes attristés, mais je ne crois pas que le PM Harper ferait un tweet à propos de ma mort. À moins d'être victime d'un assassinat ou d'un évènement super tragique, je ne crois pas non plus que je ferais les nouvelles à l'international.

D'ailleurs, même dans les grands drames, on n'accorde pas la même importance à une victime unique qu'à un groupe de personnes décédées au cours d'une même tragédie.

Prenez par exemple l'écrasement d'avion du Lokomotiv Yaroslavl dans la KHL il y a quelques années. La planète entière a parlé de Pavol Demitra, car il était un joueur très connu et il est devenu plus grand que l'évènement en soi. Je ne crois pas que personne ne se rappelle qu'Artiom Iartchouk, Sergueï Ostaptchouk et Marat Kalimoulime ont également péri dans cette tragédie. Ce que je veux dire, c'est que tout le monde n'a pas la reconnaissance qu'il mérite lors de son décès.

Pour en revenir à mon décès potentiel, il se pourrait qu'il attire plus de sympathie que le décès de quelqu'un qui, en vivant sa vie dans l'ombre, aurait accompli de plus grandes choses que moi.

Comme il se pourrait qu'un promoteur de club qui met du GHB dans le verre de chaque fille qu'il laisse entrer gratuitement et boire jusqu'à ce que perte de connaissance s'en suive reçoive plus de sympathie, parce que la portée de gens qu'il a «touchés» dans sa vie est beaucoup plus grande que celle d'un autre.

Il ne faut pas s'étonner que quelqu'un reçoive injustement plus d'attention qu'un autre suite à une mort plus injuste, parce que de toute façon, il en recevait déjà probablement plus qu'eux de son vivant.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Jacques Hurtubise

Ils sont décédés en 2014

Retrouvez les articles du HuffPost sur notre page Facebook.
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.