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10 raisons de fermer son téléviseur et de ne plus jamais l'ouvrir

Dès le moment où vous éteignez votre poste, vous enrichissez votre vie et devenez un être humain plus intéressant à côtoyer.
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1 - Les nouvelles

Il n'y a pas pire médium que la télévision pour s'informer de ce qui se passe dans le monde. Contrairement à la presse écrite, où le lecteur a le loisir d'arrêter de lire à tout moment afin de réfléchir à ce qu'il ingurgite, la télé nous gave de faits et d'images à la queue leu leu, sautant souvent du coq à l'âne sans nous donner le temps de digérer, de cogiter, ni même de choisir l'information transmise.

De plus, puisque c'est de la télévision et que les images y règnent en rois, nous avons souvent droit à de la production d'images certes saisissantes, mais qui ont peu ou rien à voir avec une nouvelle digne de ce nom. Ces images percutantes recèlent un haut taux «d'impact psychologique ou émotionnel», mais n'ajoutent qualitativement rien à la nouvelle elle-même.

Une maison qui brûle est certes de la «bonne télévision», un bon show, mais ce n'est pas une nouvelle, encore moins si on l'a déjà annoncé la veille. Un citoyen qui souhaite s'informer est mieux servi par la presse écrite qui, bien qu'imparfaite, est déjà plus forte en analyse et plus faible en images percutantes. Il lui est loisible de choisir les nouvelles qui attisent son intérêt, tout en délaissant celles dont il n'a rien à cirer. De plus, il peut s'informer à son rythme, prendre le temps de bien absorber la nouvelle, et soupeser la valeur des argumentaires, si il y en a.

La nouvelle télévisée, c'est un peu la McCroquette de l'information: rapide, malsaine et indigeste. On n'a qu'à repenser à la saga de Guy Turcotte rapportée en boucle dans ses moindres détails scabreux, jour après jour sur nos réseaux d'infos continues, pour voir à quel point la télévision est capable d'élever un fait divers au rang de «nouvelle d'intérêt national».

2 - Les publicités

S'installer devant son téléviseur, c'est volontairement se soumettre à un barrage abrutissant de pub. Pour chaque tranche de 60 minutes passée devant le petit écran, au moins 12 seront dévouées à vous bourrez le crâne de jingles chantant les mérites de tel ou tel produit ou service - la plupart, sinon la grande majorité, totalement inutiles.

Ces pubs sont si insidieuses, et leur répétition si fréquente, que vous vous surprendrez souvent à les fredonner durant la journée, vous transformant ainsi en homme-sandwich bien malgré vous. Personnellement, je n'ai toujours pas oublié un mot du jingle des petits puddings Laura Secord chanté par René Simard dans les années 1970 et il est douteux que cette merde me sorte un jour de l'esprit. Elle est trop profondément ancrée. Je serai vieux et Alzheimer que je la fredonnerai encore, sans doute.

Pour les plus jeunes, vous n'avez pas à volontairement devenir le porte-parole non-officiel de Cha-cha-cha-charmin! Faites plaisir à vos neurones et allez chercher vos plaisirs télévisuels sur le net. Au moins, là, vous pouvez sauter les pubs, et il y en a beaucoup moins.

3 - L'hypersexualisation des femmes

Les jingles gluants et pollueurs de mémoire ne sont pas les seules matières toxiques déversées par la télévision dans nos cerveaux. L'exploitation sexuelle du corps féminin à la télévision a atteint des sommets inégalés. Pour le Conseil du statut de la femme, «l'industrie de la publicité, la sexualisation des modèles proposés et la dictature de la mode conditionnent les jeunes filles à se soumettre au regard des hommes et renforcent le rôle de la femme-objet».

Peut-être, peut-être pas, mais si j'en juge par ce gros plan sur le pubis à peine voilé de madame, pubis dont on se sert pour me vendre de la pâte à dents (mauvaises lèvres, le pool créatif, mauvaises lèvres!), il est clair que l'exploitation éhontée du corps féminin à des fins purement mercantiles est bien en vie à la télé. Et comme la femme est, de loin, le plus grand consommateur de télé, elle cessera de se voir traitée comme un objet ou utilisée comme une catin en fermant son poste.

4 - Stéréotypes masculins dégradants

La situation n'est guère plus reluisante pour les hommes. Crétin, balourd, incompétent, irresponsable, un fauve, un enfant: l'image de l'homme qui nous est constamment renvoyée par la pub télévisée est tout à la fois dégradante, insultante et méprisante.

Et jamais dans toute l'histoire de la télé ne s'est-on permis autant de violence à l'endroit d'un être humain. On nous brûle, nous électrocute, nous gifle, nous plaque contre le mur avec toute la force d'un demi-offensif, et c'est sans compter la surenchère d'assauts testiculaires: balle de baseball folle, 30 testicules touchés; bouc pour nous faire cracher notre gomme; gamin frustré frappant papa au bas-ventre, vendeur de bateaux qui nous flanque un coup de genou, écureuils affamés grugeant nos noix, et quoi encore!

Rendu à ce niveau, pour un homme, volontairement s'asseoir devant son téléviseur relève du masochisme pur! Donnez un break à votre estime de soi et fermez votre téléviseur. Vous vous en sentirez mieux, je vous le promets!

5 - La pensée dangereuse

La télé, par son constant besoin de renouveler sa trame dramatique, encense des craintes et des peurs où il n'y en a pas, ou peu, et minimise certaines autres, bien réelles, qui ne la servent pas.

Ainsi, il n'existe probablement aucune femme en Amérique du Nord qui n'a pas une peur morbide d'abandonner son drink dans un bar l'instant d'aller au petit coin. Pourtant, au Québec, aucune condamnation pour viol via la GHB n'est enregistrée dans les annales judiciaires. Mais demandez aux Québécoises ce qu'elles craignent le plus en laissant un drink à demi consommé sur leur table et elles vous répondront invariablement: la drogue du viol! En réalité, le pire qu'il risque d'arriver c'est que quelqu'un vole leur drink et le finisse pour elle. À force de programmes où la pauvre victime a été droguée, trame dramatique voulant, l'ensemble de la population en est venue à substituer le réel pour la fiction et être agitée d'une crainte nationale inventée de toute pièce pour un effet dramatique.

La télé à inventé un faux problème et l'a élevé au stade de psychose collective. À l'inverse, elle aura escamoté un problème bien réel: l'incarcération des innocents. De Hawaii 5-0 à Kojak, en passant par Mannix, Adam-12, Columbo, Hill Street Blues, Blue Bloods, les multiples CSI et autres NCIS - tous les shows de police à la télé nous répètent le même meme depuis des décennies: «Quelqu'un qui est innocent n'a pas besoin d'avocat», alors que c'est exactement l'inverse qui est vrai!

Ici encore, l'habitude télé nous fait penser dangereusement - qu'il n'y a rien à craindre de la police si nous sommes innocents! Le nombre effarant de détenus innocents libérés après X années de détention et auxquels nous devons verser X millions de dollars en réparation est un excellent indicateur que si la police t'arraisonne et que tu es innocent, une vie d'expérience télé ne t'es d'aucune aide. Au contraire, elle aura semé en toi une pensée dangereuse capable de te faire atterrir en prison malgré ton innocence.

La télévision, pour ses propres besoins, génère des peurs et les élève au stade de psychose, ou trivialise le vraiment épeurant jusqu'à l'insouciance nocive. Les deux exemples cités ici ne forment que la pointe de l'iceberg des réalités que la télé dénature, crée, tord ou mousse, et votre intérêt personnel (vos craintes, votre stabilité, votre liberté même) ne compte pour rien dans l'équation.

Fermez votre télé et reprenez contrôle du réel.

6 - Vous deviendrez plus intéressant

N'allons pas quatre chemins: vous êtes ennuyeux lorsque vos seules conversations portent sur les déboires de Jessica dans Fornication Double ou sur la méchanceté de la mère d'Untel dans 30 vies fictives. Au mieux, les états d'âme que vous entretenez à propos de personnages fictifs ou étrangers n'intéressent personne. Au pire, vous en paraissez déconnecté.

En éteignant votre récepteur, non seulement vous libérez de larges plages horaires qui vous permettront de faire plein de choses intéressantes - lecture, bénévolat, sport, soirée de filles ou de gars, apprentissage d'une nouvelle langue, cours de perfectionnement, championnat de Mario Kart avec les enfants, etc. - mais toutes ces activités réelles vous fourniront aussi une conversation intéressante le lendemain à l'heure du lunch.

Les plus grands fous-rires et les conversations les plus animées où tout le monde désire participer sont généralement, sinon toujours, issues de faits réels ou d'anecdotes véridiques. Dès le moment où vous éteignez votre poste, vous enrichissez votre vie de nouvelles expériences réelles et, ainsi, devenez un être humain plus intéressant à côtoyer.

7 - La propagande

Ce n'est pas sans raison que le premier geste des révolutionnaires est de saisir les stations de télé et de radio. Par leur nature unidirectionnelle excluant toute forme de débat, ce sont les outils idéaux pour bourrer la populace d'une idéologie, quelle qu'elle soit. Indépendantiste, fédéraliste, féministe, hoministe, libérale, conservatrice - votre téléviseur est l'outil privilégié de la propagande, plus souvent qu'autrement à votre insu. Certaines chaines, comme Fox ou Sun News, affichent ouvertement leurs couleurs, mais d'autres, comme Radio-Canada, sont beaucoup plus subtiles et insidieuses dans leur façon de procéder à leur transfert idéologique. Fermer son téléviseur est la façon la plus simple et la plus efficace d'empêcher son propre endoctrinement et de retrouver une certaine liberté et indépendance de pensée.

8 - Votre santé physique

Nous vivons dans une société déjà très sédentaire. Pour la plupart, sinon la grande majorité d'entre nous, notre travail consiste à rester assis à brasser du papier, parler au téléphone et scruter un écran d'ordinateur. Puis nous revenons à la maison via des modes de transports passifs (automobile, métro, bus), ce qui laisse peu de temps pour le sport, l'exercice ou l'entraînement du corps. Si, en plus, nous passons notre soirée enfoncé dans le divan à gober passivement du télévisuel, nous faisons à notre santé un tort immense.

Libérez vos soirées et augmentez votre qualité de vie, en dansant, marchant, pédalant, nageant, jouant au ping-pong ou au bowling. Chaque heure passée à s'adonner à une activité physique plutôt qu'à regarder la télé constitue un investissement majeur dans votre santé, votre longévité et votre qualité de vie.

9 - Votre santé mentale

L'histoire de cette dame qui a fait une dépression et est devenue quasi hystérique durant le procès de Guy Turcotte à cause des reportages scabreux en boucle de RDI est le parfait exemple du tort psychologique profond que la télévision peut infliger. Madame fut tellement troublée par eux ci qu'elle en fit à la fois de l'insomnie et des cauchemars. Elle n'avait pourtant qu'à fermer son téléviseur et rien de tout cela ne l'aurait affecté.

Je l'admets volontiers, cette dame constitue un cas extrême. N'empêche que la télévision colporte énormément de mauvaises nouvelles, images toxiques à l'appui, et que la plupart ne sont d'aucun intérêt réel pour nous. Éteindre son téléviseur et ouvrir un bon livre fera des merveilles pour votre sérénité et/ou votre santé mentale.

10 - Votre santé financière

Lorsque le besoin n'existe pas, il faut savoir le créer. C'est là l'adage principal des publicistes, et ils sont passés maîtres dans l'art de nous faire dépenser notre argent durement gagné sur des produits et services parfaitement inutiles. La télévision est sans contredit le plus grand moteur du consumérisme, et tous les coups sont permis afin de vous faire consommer plus. Placement de produit, jingle accrocheur, son augmenté durant les pubs afin de vous rejoindre jusque à la toilette - la création de besoins, d'envies ou de fringales jusqu'alors inexistants est, littéralement, le bread and butter de la télé.

Éteindre sa télé, c'est devenir plus riche immédiatement. Non seulement vous épargnerez sur les forfaits télé exorbitants, mais vous vous soustrairez aux crocs avides d'une industrie qui ne cherche qu'une chose: vous délester de votre argent durement gagné.

L'idée ici n'est pas de vous dissuader de consommer des produits télévisuels. Comme au théâtre, au cinéma ou à l'opéra, les produits faits pour le petit écran peuvent être très divertissants, voire de véritables chefs-d'œuvre. Je pense à L'Odyssée (d'Ulysse) ou, plus récemment, Breaking Bad, qui m' ont coupé le souffle par leur grande qualité. Simplement de vous rappeler ceci: que la télévision est le médium le plus toxique, le plus insidieux, le plus pervers et le plus dangereux de tous et qu'elle devrait être, à mon humble avis, étiquetée pareillement aux cigarettes: le danger pour la santé croît avec l'usage.

Virtuellement tous les produits télévisuels sont maintenant accessibles sur le net, gratuitement ou à peu de frais. Ce n'est évidemment pas la solution parfaite, mais c'est un excellent départ. Votre corps, votre esprit et votre portefeuille s'en porteront d'autant mieux.

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