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10 motifs pour professionnaliser l'éducation

La réforme scolaire de 2000 serait un échec selon des syndicats. Je conviens qu'il y a eu des dérapages, voire un manque de leadership pour gérer l'évolution des pratiques pédagogiques. Cependant, je crains qu'il soit démesuré d'évaluer cela comme un échec total.
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La réforme scolaire de 2000 serait un échec selon des syndicats. Je conviens qu'il y a eu des dérapages, voire un manque de leadership pour gérer l'évolution des pratiques pédagogiques. Cependant, je crains qu'il soit démesuré d'évaluer cela comme un échec total.

Selon une présidente syndicale, «ça fait 15 ans que la réforme est implantée, les enseignants ont encore du mal à s'y retrouver». Étant moi-même enseignant, je réfute que tous les enseignants demeurent encore déroutés par le changement de paradigmes qu'a connu le monde scolaire. Il en existe plusieurs qui se sont adaptés. Diverses associations disciplinaires professionnelles peuvent le confirmer. D'ailleurs, celles-ci auraient la légitimité pour parler de pratiques pédagogiques.

Au 21e siècle, un pédagogue se doit d'être un professionnel averti apte à choisir son contenu, et ses évaluations puis à autoréguler sa pratique en fonction des programmes qu'il a le mandat d'enseigner et des ressources dont il dispose. Pour ce faire, il a besoin d'autonomie et d'outils qui lui correspondent. Alors devant la difficulté à faire des choix professionnels, plusieurs enseignants soutiennent avoir perdu leurs repères. C'est ceux-là que les syndicats représentent quand ils revendiquent un besoin d'uniformiser les pratiques.

Rappelons-nous que les étudiants québécois se classent parmi les meilleurs au PISA. Par conséquent, il faut reconnaitre qu'il y a des profs qui font un excellent travail. Les résultats témoignent que nos pédagogues savent transmettre leur savoir et développer des compétences. Ainsi, nous aurions avantage à leur faire confiance et leur octroyer plus d'autonomie.

Or, il a été démontré qu'un enseignant a plus d'influence sur le parcours scolaire d'un étudiant que son établissement. Cela représente, pour les élèves, la prévalence d'un «effet enseignant» par rapport à un «effet établissement». Certes les pédagogues québécois disposent d'une autonomie professionnelle cependant ce concept reste flou. De plus, il est souvent instrumentalisé pour soutenir ce que la direction ou le syndicat veut bien entendre, isolant ainsi d'excellents pédagogues face à leur réalité.

Comme il existe un «effet enseignant», il serait louable de s'assurer que les profs disposent des conditions ainsi que des ressources matérielles et administratives nécessaires pour maintenir leur motivation et leur rendement professionnel. «L'effet établissement» influence «l'effet enseignant». C'est ainsi qu'une nouvelle structure pourrait aussi enthousiasmer des pédagogues engagés en leur permettant de prendre en main leur pratique professionnelle.

Chez nous en éducation, deux indicateurs de gestion sont dichotomiques. Les commissions scolaires rapportent que le taux de diplomation s'est amélioré alors que paradoxalement le taux d'analphabétisme s'est accru chez les 16-65 ans. Force est de constater qu'au Québec, on qualifie des analphabètes fonctionnels!

Les syndicats visent juste lorsqu'ils dénoncent que des administrateurs scolaires puissent gonfler des notes. Pour que ce phénomène prenne fin, il serait crucial que les résultats scolaires soient consignés et régis par un organisme indépendant soustrait à l'autorité des supérieurs hiérarchiques directs.

Que ce soit sous la forme d'un ordre professionnel, d'un institut pédagogique ou d'une agence quelconque, en se responsabilisant et en s'autorégulant entre eux, les pédagogues pourraient :

1.Veiller à la qualité des services rendus aux élèves;

2.Répondre de celles et ceux qui partageraient leur statut professionnel;

3.Étudier puis recommander les pratiques pédagogiques probantes;

4.Conseiller leurs membres en toute indépendance;

5.Colliger confidentiellement les résultats académiques pour accroitre leur légitimité;

6.Rehausser la valeur des diplômes;

7.Collaborer à l'insertion professionnelle des nouveaux pédagogues avec les universités et assurer la qualité de leur encadrement dans les écoles;

8.Garantir la mise à jour et optimiser les pratiques de leurs membres;

9.Soutenir la crédibilité professionnelle de leurs membres

10.Valider la légitimer des enseignants pour profiter de crédits d'impôt pour l'achat de matériel dédié à leur pratique professionnelle.

Enfin, il y a une minorité de profs qui nuit à l'image et la réputation d'une majorité de pédagogues. D'ailleurs, une ex-présidente du syndicat de Champlain me l'a témoignée en estimant, elle-même, à 5% la part des profs «qui n'aurait pas sa place dans l'enseignement». Or, considérant qu'il y a plus de 850 000 jeunes inscrits dans les écoles du Québec, combien de temps fermerons-nous encore les yeux face à l'urgent besoin de professionnaliser le métier de pédagogue et d'octroyer plus d'autonomie aux enseignants?

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