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Le documentairefait la démonstration de l'incroyable bombe de charisme qu'est devenu l'actuel chef du PLC, de son aisance à évoluer dans un milieu bourgeois et d'utiliser toutes les ressources que lui procure sa classe sociale pour gagner son combat.
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Lorsque j'ai visionné le documentaire de Guylaine Maroist et Éric Ruel, God Save Justin Trudeau, je n'ai pu m'empêcher de penser à cette recherche classique de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron sur l'importance du capital culturel dans l'éducation qui a été publiée dans l'ouvrage Les Héritiers.

Le documentaire nous montre les coulisses et les préparatifs d'un combat de boxe qui a eu lieu en 2012 entre le député libéral de Papineau, Justin Trudeau, et le sénateur conservateur autochtone Patrick Brazeau. Au-delà du combat réel entre les deux protagonistes, il s'agit beaucoup plus d'un combat symbolique entre deux classes sociales. Justin Trudeau représente bien l'idéal-type de l'héritier bourgeois. Le film nous montre bien que, malgré que le fils Trudeau n'ait pas l'envergure intellectuelle de son père feu Pierre Elliot Trudeau, il a grandi dans un milieu social favorisé où il a eu l'occasion de rencontrer les plus grands leaders politiques du monde en accompagnant son père dans ses nombreuses visites officielles alors que ce dernier était premier ministre du Canada. Malgré les nombreux avantages, Justin Trudeau cherche à se bâtir une crédibilité politique en marchant dans l'ombre de son père. Ce combat de boxe avec un «ennemi» conservateur est pour lui une opportunité de montrer sa force et sa volonté, faute de pouvoir articuler un discours politique cohérent, ce qu'il semble incapable de faire jusqu'à maintenant. Le film fait la démonstration de l'incroyable bombe de charisme qu'est devenu l'actuel chef du PLC, de son aisance à évoluer dans un milieu bourgeois et d'utiliser toutes les ressources que lui procure sa classe sociale pour gagner son combat, celui de devenir le digne héritier de son père en devenant premier ministre du Canada.

Le film nous apprend que c'est Trudeau qui a initié l'idée de faire ce combat et qu'il a même choisi son adversaire, Patrick Brazeau. Grâce à son capital économique et culturel, Trudeau peut se payer le meilleur entraîneur de boxe sur le marché en la personne d'Ali Nestor Charles. Je reste convaincu que Trudeau savait avant le combat que Brazeau était fumeur, ce qui aurait pour conséquence d'augmenter ses chances de le battre s'il pouvait passer le premier round indemne. Patrick Brazeau ne possédait pas le même capital culturel que Justin Trudeau. Venant d'un milieu modeste, il ne dispose pas du formidable réseau de contacts dont dispose son adversaire et il le sait trop bien puisqu'il le souligne à plusieurs reprises dans le film. Mais il compte sur sa force brute pour triompher du méchant «Golden Boy» dont il accuse le père avec véhémence d'avoir jadis spolié ses pères autochtones. On connaît la suite de l'histoire, son ascension sociale sera brutalement stoppée après cette défaite symbolique lorsqu' il perdra son poste de sénateur à cause de ses nombreux démêlés avec la justice. En finissant manager d'un bar de danseuse, il retourne contre son gré dans sa classe sociale initiale, ultimement incapable de s'adapter à sa nouvelle vie de bourgeois.

Documentaire sur la politique-spectacle, God Save Justin Trudeau fait la démonstration de l'importance démesurée que la fabrication de l'image prend désormais dans le monde politique. L'opération du combat de boxe est une mise en scène dont l'objectif est de changer l'image de Justin Trudeau, en passant de celle d'un bébé gâté à celle d'un leader charismatique capable de vaincre par la force de sa volonté. Cette opération strictement médiatique est similaire à celle que mène en ce moment un autre héritier, Pierre Karl Péladeau, pour changer son image de patron anti-syndicaliste pour celle d'un grand rassembleur pour la cause «du pays».

Nous voici devant deux héritiers ayant une moins grande envergure que leur père, mais qui profitent paradoxalement d'un statut de vedette médiatique dont ils ont hérité à la naissance. Ce n'est pas un hasard que les deux hommes ont épousé des femmes qui ont œuvré dans les médias, car même l'image de la conjointe est importante, elle amplifie l'aura d'un futur premier ministre. Cela nous montre que seuls les riches, grâce à leur capital culturel, économique et social, peuvent avoir accès au pouvoir et qu'il semble,

avec Justin Trudeau et PKP, qu'il faut aussi désormais être l'héritier d'une grande famille politique et médiatique pour espérer devenir le leader d'un pays.

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