Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Je porte le coquelicot

Je porte le coquelicot car nous ne pouvons désormais ignorer la présence et les conséquences de la maladie mentale chez le personnel actif et les anciens combattants des Forces armées canadiennes.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.

Le coquelicot. Symbole du souvenir. À nouveau cette année, des milliers de Canadiennes et Canadiens portent à la boutonnière l'emblème rouge vif. Certains le portent à la mémoire des nombreux soldats canadiens morts aux combats. D'autres pour honorer les anciens combattants qui ont servi sous les drapeaux dans les différents conflits armés, de la Première Guerre mondiale à la mission canadienne en Afghanistan.

Je porte le coquelicot au revers de ma veste pour ces raisons, bien évidemment, mais je le porte également pour d'autres motifs bien particuliers.

Je porte le coquelicot en support à tous ces militaires qui souffrent ou qui ont souffert d'une maladie mentale.

Selon une étude menée par Mark Zamorski et David Boulos dévoilée en 2013 et portant sur les quelque 30 000 membres du personnel militaire canadien déployé en Afghanistan entre 2001 et 2008, près de 14% de ceux-ci montraient un diagnostic de maladie mentale lié à leur déploiement.

Selon une autre étude réalisée par Statistiques Canada, celle-ci dévoilée en novembre 2014: «En 2013, environ 1 membre à temps plein sur 6 de la Force régulière des Forces armées canadiennes a déclaré avoir éprouvé des symptômes correspondant à au moins un des troubles suivants: épisode dépressif majeur, trouble panique, trouble de stress post-traumatique, trouble d'anxiété généralisée, et abus d'alcool ou dépendance à l'alcool.»

Je porte le coquelicot en mémoire de tous ces militaires qui ont commis l'irréparable et se sont enlevé la vie.

Selon une étude dévoilée en début 2015 par la Défense Nationale et les Forces Armées Canadiennes, «les taux de suicide chez les hommes servant actuellement au sein de la Force régulière des FAC ne sont pas différents de ceux observés chez un groupe démographique similaire au sein de la population canadienne». Or, selon Antoon Leenaars, psychologue et ex-directeur de l'Association canadienne pour la prévention du suicide, «Le suicide chez les militaires et les vétérans canadiens atteint des proportions épidémiques.». Selon lui, les Forces n'ont jamais mené d'étude crédible sur la question. Il croit plutôt que le taux au Canada se rapproche de celui aux États-Unis, soit 29,7 suicides pour 100 000 militaires, contre 25,1 pour 100 000 civils.

Je porte le coquelicot en soutien à toutes les familles et proches de militaires qui vivent une situation familiale difficile. Conséquence d'un diagnostic de maladie mentale ou, pire encore, la perte d'un être cher. Car eux aussi méritent un soutien psychologique et financier adapté et soutenu.

Je porte le coquelicot en guise de symbole de la lutte à la stigmatisation envers les militaires atteints d'une maladie mentale. Encore trop de membres du personnel des Forces armées hésitent à consulter un médecin ou un professionnel en santé mentale, de crainte de se voir perdre leur poste, de peur de se voir retirer du service, par crainte de se faire juger par autrui. De ce fait, beaucoup de personnes préfèrent garder le silence et souffrir en silence. Une culture d'omertà qu'il est impératif de faire tomber.

Je porte le coquelicot dans l'espoir que le nouveau premier ministre et son ministre de la défense et des Forces armées canadiennes, un ancien combattant et militaire à la retraite, sauront tenir leur engagement pris lors de la dernière campagne électorale d'investir 300 millions pour venir en aide aux anciens combattants, dont une partie à l'amélioration des soins en santé mentale.

Je porte le coquelicot de façon symbolique, car nous ne pouvons désormais ignorer la présence et les conséquences de la maladie mentale chez le personnel actif et les anciens combattants des Forces armées canadiennes. Tout comme nous ne pouvons rester de glace devant l'augmentation importante de la prévalence de la maladie mentale et de l'augmentation épidémique du taux de suicide chez nos militaires.

Nous devons cesser de contribuer à la stigmatisation des personnes atteintes de maladie mentale chez le personnel militaire en entretenant le mythe qu'un militaire est une machine de guerre, un être sans émotions. Au contraire, ces hommes et femmes sont des êtres humains, tout comme nous, faut-il le rappeler. Les faits et statistiques soulignés ci-haut en font état de façon éloquente.

Je porte le coquelicot pour honorer les soldats canadiens morts au combat, certes. Mais je le porte aussi afin de supporter les militaires toujours actifs et les anciens combattants qui vivent au quotidien avec une maladie mentale dans leur lutte contre la stigmatisation et l'accès à des soins appropriés pour eux et leur famille.

Je porte le coquelicot pour ne pas les oublier.

Êtes-vous dans une situation de crise? Besoin d'aide? Si vous êtes au Canada, trouvez des références web et des lignes téléphoniques ouvertes 24h par jour dans votre province en cliquant sur ce lien.

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Cérémonie du jour du Souvenir 2014 à Québec

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.